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Confrontées à « l’explosion de la croissance démographique et des pressions financières croissantes », les sociétés de transport de Montréal, Toronto et Vancouver font front commun et pressent Ottawa de devancer ses investissements en transport collectif.
« Il serait inimaginable que nous supprimions des services de transport en commun ou que nous retardions la réfection et le remplacement de nos infrastructures de transport vieillissantes en raison d’un délai dans l’allocation de sommes disponibles », martèle en ce sens la directrice générale de la Société de transport de Montréal (STM), Marie-Claude Léonard.
Son groupe a rendu public mardi un mémoire conjoint, avec TransLink et la Commission de transport de Toronto (TTC), à l’aube du budget fédéral qui doit être présenté le 16 avril prochain.
On y lit notamment que la STM chiffre à 16,5 milliards les investissements nécessaires sur dix ans « pour préserver et améliorer » la fiabilité du métro de Montréal. Le Programme des immobilisations 2024-2033 du transporteur montréalais prévoit déjà des dépenses totales de plus de 26 milliards.
À Toronto, la TTC dit quant à elle avoir « besoin d’un investissement supplémentaire de 1,8 à 2,3 milliards de dollars par an au cours des 15 prochaines années » en soutien gouvernemental afin de moderniser son réseau de métro et rendre son parc d’autobus carboneutre. L’organisme torontois prévoit déjà dépenser 47,8 milliards d’ici 2038, mais de ce nombre, 35,5 milliards ne sont pas encore financés.
Plus à l’ouest, la société TransLink, de Vancouver, prévoit de son côté des investissements de 20 milliards dans les dix prochaines années, mais aussi une hausse de 50 % de ses coûts d’exploitation annuels, ce qui représente environ 1,2 milliard de plus.
Un fonds permanent
Devant ces besoins immenses, les trois groupes réclament de devancer le financement promis dans le nouveau Fonds permanent pour le transport en commun. Les sommes doivent être versées en 2026, mais les transporteurs aimeront le voir naître « au début de 2024 », soit dès maintenant.
Les transporteurs réclament également de doubler le Fonds pour le développement des collectivités du Canada (FDCC) et d’établir « un modèle de financement durable et à long terme adapté au transport collectif ».
À Montréal, cette avance de fonds permettrait d’éponger une partie de la facture des 3,9 milliards de dollars requis pour remplacer, entretenir et entreposer le parc de voitures MR-73 qui arrivent en fin de vie utile. Les nouveaux systèmes de contrôle des trains devant voir le jour sur les lignes vertes, orange et jaune coûteront aussi 3 milliards à court terme, en plus de besoins en maintien des actifs estimés à 3,2 milliards.
L’acquisition de bus électriques pèse aussi lourd dans la balance de l’organisme montréalais, avec des coûts estimés de 1,7 milliard dans les 10 prochaines années. Jusqu’ici, la STM dispose de 41 autobus électriques, mais compte en recevoir 46 en 2025, puis 140 par année jusqu’en 2040.
Tout cela survient alors qu’au Québec, de nouvelles négociations doivent avoir lieu entre le gouvernement et les sociétés de transport pour trouver une voie de passage en vue de la mise sur pied d’un cadre de financement « récurrent et prévisible » sur cinq ans.
Dans le budget du gouvernement publié mardi dernier, la somme prévue sur 10 ans dans le Plan québécois des infrastructures (PQI) n’a pas bougé pour les transports en commun, demeurant à 13,8 milliards, au même niveau que l’an dernier. La manière dont cette somme sera ventilée demeure toutefois méconnue, un flou qui suscite l’inquiétude dans l’industrie du transport collectif. Québec compte faire connaître ses engagements détaillés après les audits de performance qui sont actuellement menés sur les sociétés de transport.
Source: la presse