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La publication éventuelle d’un «palmarès» public des écoles, qui permettra de comparer des établissements à partir des données gouvernementales, suscite une levée de boucliers dans le réseau scolaire.
«On n’est vraiment pas d’accord, ce n’est pas une bonne idée», a lancé Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement, qui représente la majorité des directions d’école de la province.
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a dévoilé dimanche son nouveau tableau de bord en éducation, qui présente neuf indicateurs clés comme le taux de diplomation et les résultats aux épreuves ministérielles, par région et centre de services scolaire.
Or M. Drainville compte «éventuellement» rendre publiques ces mêmes données par école, afin de créer une «saine émulation» dans le réseau scolaire où l’amélioration passe forcément par la comparaison, a-t-il affirmé au Journal.
M. Prévost, qui ne s’oppose pas à l’utilisation de ces données à l’interne par Québec, estime au contraire que la publication de résultats par école pourrait entraîner plusieurs effets pervers, à commencer par une compétition malsaine entre les établissements.
Le son de cloche est semblable du côté des syndicats d’enseignants, qui craignent que ce «palmarès» ne vienne mettre encore plus de pression sur les épaules des profs et accentuer davantage le phénomène de «magasinage» des écoles secondaires, au détriment des écoles de quartier.
Le mouvement École ensemble, qui dénonce depuis des années les dérives de l’école à trois vitesses, presse aussi le ministre d’abandonner cette idée. Un palmarès «ne ferait que nous dire quelles écoles ont sélectionné les meilleurs élèves», affirme son coordonnateur, Stéphane Vigneault.
De son côté, la présidente de la Fédération des comités de parents, Mélanie Laviolette, émet aussi de sérieuses réserves à ce sujet. «Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée», lance-t-elle.
TABLEAU DE BORD
La publication de données par centre de services scolaires et le recours à des chiffres plus détaillés à l’interne par le ministère sont toutefois mieux reçus dans le réseau scolaire.
Reste toutefois à voir quelles seront les retombées concrètes de ce nouveau tableau de bord pour les élèves.
Le représentant des directions d’école estime que cette « modernisation» du réseau scolaire ne «changera pas grand-chose» au quotidien. «On analyse déjà toutes ces données-là avec nos équipes-écoles. Quand on voit des difficultés, on ajoute déjà des ressources en fonction des moyens que l’on a», indique M. Prévost.
Le son de cloche est semblable du côté des syndicats d’enseignants. «Les profs, ils connaissent leurs élèves et leurs besoins, affirme Mélanie Hubert, présidente de la Fédération autonome de l’enseignement.
«Est-ce que le ministre pourra se servir de ces données pour mieux répartir les ressources? Ça reste à voir», laisse-t-elle tomber.
Source: tvanouvelles