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Le Parlement hongrois a ratifié l’adhésion de la Suède à l’OTAN, dernière étape pour le pays nordique désireux de rejoindre l’Alliance atlantique.
L’attente aura été longue et la route, chaotique : aux tractations avec la Turquie, conclues par un vote positif en janvier, se sont ajoutés les atermoiements du dirigeant nationaliste hongrois Viktor Orban, dernier réfractaire.
À l’ouverture de la session parlementaire, il a salué la récente visite de son homologue suédois Ulf Kristersson, étape essentielle pour bâtir une relation juste et respectueuse entre les deux pays
, au-delà des divergences d’opinions
.
L’entrée de la Suède dans l’OTAN va renforcer la sécurité de la Hongrie
, a-t-il ajouté, appelant les députés à procéder à la ratification.
M. Orban avait certes donné de longue date son accord de principe, mais avant de boucler le processus, il exigeait du respect
de Stockholm, après des années de dénigrement
de sa politique.
Pour sceller cette nouvelle coopération, la Hongrie avait annoncé vendredi l’achat de quatre avions de combat à la Suède venant renforcer sa flotte actuelle de 14 appareils Gripen.
Le vote du Parlement, prévu cet après-midi, s’annonce sans surprise étant donné la majorité des deux tiers détenue par la coalition au pouvoir. L’opposition va également voter pour, à l’exception de la formation d’extrême droite Notre Patrie.
Le protocole d’adhésion de la Suède à l’OTAN, qui requiert l’unanimité des membres de l’Alliance atlantique, est en suspens depuis mai 2022.
Une fois l’aval du Parlement hongrois reçu, la loi devrait être promulguée par le président dans les prochains jours. La Suède pourra alors déposer son instrument d’accession
à Washington, conformément au traité de l’OTAN, pour en devenir le 32e membre.
La Suède rompt avec sa politique de neutralité
Dans le cas de la Finlande, par exemple, Ankara avait donné son feu vert le 30 mars 2023 et la Finlande avait remis le document le 4 avril, intégrant donc l’Alliance cinq jours après le vote turc.
Stockholm avait annoncé sa candidature dans la foulée de l’offensive du Kremlin en Ukraine, en même temps que Helsinki. Le pays a ainsi rompu avec sa politique de neutralité adoptée après la fin des guerres napoléoniennes au XIXe siècle, puis de non-alignement militaire depuis la fin de la guerre froide.
Au fil des mois, la Hongrie n’a cessé de retarder l’échéance, invoquant à chaque fois des prétextes différents.
Certains experts y ont vu une stratégie de chantage pour obtenir des concessions de l’UE et le déblocage de milliards d’euros de fonds actuellement gelés, d’autres le signe de la proximité de Viktor Orban avec le président russe Vladimir Poutine et le chef d’État turc Recep Tayyip Erdogan.
L’attitude de confrontation
de Viktor Orban
Mais pour l’analyste Mate Szalai, le premier ministre hongrois privilégie avant tout les intérêts nationaux.
Il est allé aussi loin que possible
, s’arrêtant juste à temps pour ne pas causer de graves problèmes à la communauté transatlantique
, dit-il à l’AFP. Tout comme il a bloqué pendant des mois une aide cruciale à l’Ukraine avant de céder début février, sous la pression de ses partenaires de l’UE.
En adoptant une telle posture, il veut prouver que son petit pays de moins de 10 millions d’habitants compte et ne doit pas être sous-estimé
, estime le chercheur de l’université Ca’ Foscari de Venise.
Il n’en récolte pas de résultats tangibles en termes de politique étrangère
, mais cette attitude de confrontation
sur la scène internationale lui sert à maintenir sa popularité à domicile
.
Au risque d’être pris à son propre jeu : si la Hongrie avait ratifié l’adhésion finlandaise trois jours avant la Turquie, elle est cette fois la dernière, malgré ses promesses.
Source: Radio Canada