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Le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre met au défi le premier ministre Justin Trudeau de mettre sur pause la taxe sur le carbone sur tous les types de chauffage jusqu’à la tenue des prochaines élections fédérales.
Et ces élections fédérales devraient être un référendum sur l’application de cette taxe, a lancé le chef conservateur dans un discours enflammé devant ses députés.
Augmentant la pression sur les libéraux de Justin Trudeau, M. Poilievre a indiqué qu’il déposera une motion dès lundi prochain à la Chambre des communes justement pour suspendre cette taxe. Cette motion sera débattue et mise aux voix, forçant les libéraux, qui sont minoritaires aux Communes, à se prononcer sur cette mesure qui leur a fait perdre des plumes dans les sondages au cours des derniers mois.
Cette démarche du chef conservateur forcera aussi le NPD, qui doit assurer la survie des libéraux aux Communes jusqu’en juin 2025 en vertu d’une entente conclue l’an dernier, à prendre position.
« Concluons une entente. Mettons sur pause la taxe sur le carbone sur tous les types de chauffage d’ici à ce que les Canadiens se rendent aux urnes de manière à avoir des élections sur la taxe sur le carbone. Les Canadiens pourront ainsi décider entre son plan de quadrupler cette taxe et mon plan du gros bon sens d’abolir cette taxe et de réduire les prix. Ce sera une élection sur la taxe sur le carbone », a-t-il dit sous les applaudissements de ses troupes.
Devant la grogne des résidants des provinces atlantiques, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé la semaine dernière la suspension temporaire de la taxe sur le carbone pour la livraison de mazout jusqu’à la fin de 2026-2027 et la bonification de 50 % de la subvention pour remplacer ce combustible par une thermopompe.
Le gouvernement offrira également 250 $ aux personnes à faible revenu pour les encourager à acheter une thermopompe.
Ces politiques s’appliquent à l’ensemble du pays, mais vont bénéficier davantage aux résidants des provinces de l’Atlantique, où près de 30 % des ménages se chauffent au mazout. C’est 8 % dans le reste du pays, selon le ministère des Finances.
Ces deux poids, deux mesures ont choqué dans les provinces de l’Ouest canadien, particulièrement en Alberta et en Saskatchewan où les gouvernements sont déjà opposés à la taxe sur le carbone. Le premier ministre saskatchewanais, Scott Moe, menace de ne plus percevoir la taxe sur le carbone sur le gaz naturel si une exemption similaire n’est pas accordée pour ce combustible.
Mercredi, le nouveau gouvernement néo-démocrate du Manitoba a aussi exigé une exemption. Le nouveau ministre des Finances du Manitoba, Adrien Sala, a affirmé qu’il faut s’assurer d’une « plus grande équité » dans l’application de la taxe fédérale sur le carbone.
Les conservateurs et les néo-démocrates ont accusé le gouvernement de diviser les Canadiens en donnant une exemption de la taxe sur le carbone qui favorise les résidants des quatre provinces de l’Atlantique où près du tiers de la population se chauffe au mazout l’hiver.
Mardi, Justin Trudeau a affirmé que le gouvernement fédéral n’accordera aucune autre exemption à la taxe sur le carbone, comme l’exigent l’Alberta et la Saskatchewan. Le premier ministre Trudeau a continué de défendre la suspension de cette taxe pour les livraisons de mazout mardi, alors que les conservateurs en font l’enjeu de la prochaine élection.
Interrogé à ce sujet, mercredi, avant la réunion du caucus libéral, M. Trudeau s’est montré peu impressionné par le défi lancé par le chef conservateur. Il a aussi de nouveau défendu sa décision d’accorder une exemption aux résidants qui doivent chauffer leur maison avec du mazout.
« Le mazout coûte plus cher que les autres formes de chauffage, et le mazout est utilisé de manière disproportionnée par les Canadiens à faible revenu dans les zones rurales du pays qui ont besoin de plus de soutien. C’est ce que nous faisons et c’est absolument quelque chose que je vais continuer de défendre sans équivoque, alors que M. Poilievre n’a aucun plan pour lutter contre les changements climatiques et, par conséquent, aucun plan pour l’économie », a-t-il déclaré.
Source: La presse