Ottawa envisage de plafonner sa cible d’immigration

26 octobre 2023
Ottawa envisage de plafonner sa cible d’immigration

Assahafa.com

Le gouvernement Trudeau envisage de donner un coup de frein dans sa stratégie d’immigration. Le Conseil des ministres débat de la nécessité de stabiliser, voire de réduire sa cible annuelle de nouveaux résidents permanents au Canada en 2026.

En pleine crise du logement, l’épineuse question des seuils d’immigration fait l’objet de délicates discussions ces jours-ci autour de la table du Conseil des ministres.

Selon plusieurs sources gouvernementales, le scénario d’une stabilisation de la cible d’immigration pour 2026 recueillait un appui important au Cabinet lors des discussions à ce sujet la semaine dernière. Ainsi, la cible de 2026 resterait la même que celle de 2025, soit 500 000 nouveaux résidents permanents par an. Si cette option se concrétisait, elle marquerait une pause dans l’augmentation des cibles d’immigration du gouvernement, qui ont été en croissance constante ces dernières années.

Les avis à ce sujet sont partagés. Autour de la table, des ministres ont aussi débattu de l’option de réduire la cible sous la barre de 500 000. La décision finale n’est toujours pas prise. Elle doit être étudiée par un comité du Cabinet et pourrait être soumise de nouveau au Conseil des ministres mardi prochain. L’annonce formelle doit être faite le lendemain, soit le 1er novembre.

Cibles d’immigration actuelles (résidents permanents)

2023 : 465 000

2024 : 485 000

2025 : 500 000

Source : Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada

En 2022, le Canada a accueilli plus de 431 000 nouveaux résidents permanents, ce qui constitue un record.

Un équilibre délicat

La crise du logement a jeté un nouvel éclairage sur la question de l’immigration au pays. Des économistes sont d’avis qu’Ottawa devrait réduire ses cibles d’immigration le temps que la construction résidentielle rattrape la demande au pays. Au même moment, cependant, le milieu des affaires réclame plus d’immigrants pour contrer la pénurie de main-d’œuvre.

Autour de la table du Conseil des ministres, les points de vue divergent. Certains militent pour une réduction, alors que d’autres prônent le statu quo. Selon certaines sources, une augmentation des cibles ne ferait pas partie des options.

Il faut déterminer comment ne pas dénaturer la réputation du Parti libéral [en matière d’immigration et d’accueil], et conserver la confiance des Canadiens, nous a indiqué l’un des élus au fait des discussions.

Du même souffle, l’élu concède qu’avec la pénurie de logements qui sévit partout au pays et la capacité des provinces d’intégrer et d’offrir tous les services aux nouveaux arrivants, il est difficile d’envisager une augmentation. On ne va pas aller au-delà de ce que l’on a déjà promis.

Il faut que ce soit fait correctement. On n’est pas aveugles : ça prend des logements, ça prend des services.

Une citation deUn élu libéral sous le couvert de l’anonymat

Selon une autre source libérale, le gouvernement doit trouver l’équilibre pour maintenir la confiance des Canadiens. Il faut que la population demeure ouverte à l’immigration, a déclaré cette source. On a été très généreux, ajoute-t-elle.

Pour cet article, Radio-Canada a consulté plus d’une demi-douzaine d’élus libéraux au fait des discussions qui ont préféré garder l’anonymat parce qu’ils n’étaient pas autorisés à parler publiquement.

En août dernier, dans l’une de ses premières entrevues comme ministre de l’Immigration, Marc Miller rejetait d’emblée l’idée de réduire les cibles d’accueil de son gouvernement. Je ne vois pas de scénario où nous les réduirions, indiquait-il en entrevue à BNN Bloomberg. Les besoins sont trop grands, avait-il déclaré en référence à la pénurie de main-d’œuvre et au vieillissement de la population. Il ne rejetait cependant pas l’idée de les stabiliser au niveau actuel ou de les augmenter.

Les cibles francophones

Le gouvernement souhaite aussi encourager l’arrivée d’immigrants francophones pour freiner le déclin des communautés linguistiques minoritaires hors Québec. La nouvelle mouture de la Loi sur les langues officielles, adoptée plus tôt cette année, prévoit la mise sur pied d’une politique d’immigration francophone pour assurer la survie de ces communautés.

Selon nos informations, un scénario visant à augmenter graduellement la cible d’immigration francophone hors Québec est évoqué. La dernière cible, de 4,4 %, a été atteinte cette année.

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) réclame que l’objectif soit fixé à 12 % en 2024, pour atteindre 20 % en 2036, afin de rétablir le poids démographique des communautés francophones en situation minoritaire.

À la mi-octobre, le député néo-brunswickois René Arseneault assurait que son gouvernement avait bien entendu les craintes des communautés francophones hors Québec. Je suis persuadé et convaincu que les ministres ont bien compris leurs obligations en fonction de la nouvelle Loi sur les langues officielles, a-t-il déclaré.

Dans la foulée de la modernisation de la loi, Ottawa a exprimé l’intention de rétablir le poids démographique des communautés francophones en situation minoritaire au niveau de 1971, c’est-à-dire 6,1 %.

Source: Radio Canada

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