Le prince Moulay Hicham écrit.. Les accords d’Abraham, expression d’une alliance religieuse fondamentaliste

12 octobre 2023
Le prince Moulay Hicham écrit.. Les accords d’Abraham, expression d’une alliance religieuse fondamentaliste

Assahafa.com

Par : Moulay Hicham Alaoui 

 

La guerre de Gaza a relégué au second plan les accords de normalisation noués en 2020 entre Israël, les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Maroc. Au-delà de sa dimension géopolitique, un des aspects de cette alliance a été passé sous silence : malgré leurs divergences théologiques, les fondamentalistes des trois grands monothéismes en ont tiré profit pour faire front commun contre le libéralisme moral et les valeurs laïques — même si la répression israélienne à Jérusalem-Est et les violations des lieux saints menacent aussi cet aspect du pacte. (Ce texte a été écrit avant les récents événements dans la région).

 

Au moment de la signature des accords d’Abraham en 2020, leurs détracteurs les ont dénoncés comme un exercice cynique d’opportunisme géopolitique. Les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, voulaient relancer une hégémonie déclinante en négociant de nouveaux traités de paix israélo-arabes, consolidant ainsi le front anti-iranien et renforçant leurs liens avec leurs alliés arabes. Et ces alliés (les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Maroc) faisaient miroiter les perspectives d’une normalisation avec Israël pour obtenir de nouveaux accords commerciaux, une assistance militaire et d’autres avantages. Le Maroc mettait en avant la spécificité de son héritage historique (la présence d’une importante minorité juive dans le pays) pour justifier le rapprochement avec Israël, et espérait qu’une main tendue vers Tel-Aviv allègerait les pressions exercées sur lui au sujet du Sahara occidental, avec à la clé une reconnaissance de la souveraineté de Rabat sur ce territoire.

 

Enfin, pour sa part, Israël améliorait son positionnement international grâce aux accords conclus avec des pays arabes qui partagent également, et ce n’est pas un hasard, son objectif de contenir un Iran doté d’une capacité nucléaire militaire.

 

MARGINALISATION DE LA CAUSE PALESTINIENNE

Tous ces acteurs profitaient de la marginalisation de la cause palestinienne, qui s’est trouvée déconnectée du reste des crises du Proche-Orient durant les soulèvements des « printemps arabes ». Ainsi, les accords d’Abraham constituaient l’exemple même d’une realpolitik cynique. Pourtant, d’autres États arabes se positionnaient différemment sur l’échiquier géopolitique. L’Algérie pariait sur le fait que les accords échoueraient, tandis que le Qatar préférait rester au-dessus de la mêlée régionale en cherchant à jouer le rôle de médiateur, comme il l’avait fait en Afghanistan.

 

Pourtant, alors que la nouvelle série d’accords de normalisation israélo-arabes a commencé comme un exercice d’opportunisme géopolitique, elle s’est transformée en quelque chose de fort différent. La logique stratégique qui a donné naissance à ces traités n’est plus entièrement valable. Alors que les États-Unis se retirent du Proche-Orient, les États de la région n’ont plus besoin de la validation américaine pour discuter de paix et innover dans leur politique étrangère.

 

l’antisémitisme, parce qu’une grande partie de cette diaspora s’est sécularisée ou rejette leurs opinions politiques et théologiques. Ainsi, cette aile fondamentaliste juive ne voit aucun problème à s’allier aux populistes occidentaux antisémites qui soutiennent également les nationalistes chrétiens blancs. Par exemple, Benyamin Nétanyahou a qualifié le premier ministre hongrois Viktor Orban de « véritable ami d’Israël », malgré ses attaques antisémites contre le milliardaire américain George Soros. Plus récemment, en mai 2023, une délégation du parti d’extrême droite Les Démocrates suédois, dont le programme appelle à l’interdiction de la circoncision, a effectué une tournée en Israël.

 

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