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Des militants du Nouveau Parti démocratique (NPD) se préparent à présenter des résolutions d’urgence en réaction à la guerre entre Israël et le Hamas lors de leur congrès qui s’amorcera vendredi. D’autres propositions sur le conflit israélo-palestinien avaient été écartées par les militants avant l’attaque de samedi.
L’une d’entre elles, proposée par le caucus socialiste du NPD, appelait à des sanctions contre l’État israélien jusqu’à ce que le pays « mette fin à son occupation illégale des territoires palestiniens, démantèle le mur de l’apartheid, permette aux réfugié-es de rentrer chez eux, mette fin à la démolition des maisons et des champs palestiniens, lève le siège de Gaza et mette fin à toutes les pratiques politiques d’apartheid ».
Les militants devaient prioriser 60 résolutions la semaine dernière parmi les quelques centaines qui avaient été soumises. Ils ont choisi d’écarter celles sur le conflit israélo-palestinien jeudi dernier, soit quelques jours avant l’attaque du Hamas en Israël. Des militants travaillent maintenant le texte de résolutions d’urgence en réaction aux évènements. Ils ont jusqu’à vendredi midi pour les proposer.
« C’est quelque chose que je dis depuis des années au sein du parti, la sécurité des Israéliens passe par la sécurité des Palestiniens », affirme en entrevue le co-président de la section Québec du NPD, Niall Ricardo, qui est de confession juive.
« Quand on bloque les Palestiniens, quand on garde un territoire comme Gaza – le plus densément peuplé au monde – comme une prison littéralement à ciel ouvert, il faut comprendre que le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, avec des éléments d’extrême droite, a créé une situation d’énorme danger pour le peuple israélien avec les conséquences qu’on a vues samedi matin », ajoute celui qui est également bénévole pour l’organisation Voix juives indépendantes.
Il avait soumis l’une des résolutions écartées qui accusait Israël d’imposer un apartheid aux Palestiniens dans les territoires occupés. Ce type de discours est dénoncé par des organismes juifs comme le B’nai Brith et le Centre consultatif des relations juives et israéliennes.
Le débat fait déjà des remous au sein de la famille néo-démocrate. Une députée de l’Assemblée législative de l’Ontario, Sarah Jama, a dû présenter ses excuses après avoir appelé à la fin de l’apartheid d’Israël envers les Palestiniens sans condamner les attaques du Hamas.
Le conflit israélo-palestinien « a le potentiel de faire déraper les débats et de monopoliser l’attention », selon l’ex-directeur national du NPD, Karl Bélanger, aujourd’hui président de Traxxion Stratégies. « C’est un débat très sensible qui n’amène pas nécessairement des discussions raisonnables », fait-il valoir.
« C’est sûr que ça vient chercher beaucoup d’émotions, reconnaît le chef adjoint du NPD, Alexandre Boulerice, en entrevue. Nous, c’est vraiment la désescalade et de protéger les civils israéliens et palestiniens. Le Hamas est une entité terroriste. C’est épouvantable, ce qu’ils ont fait, mais on ne veut pas non plus que Gaza soit rasée. »
Le mot apartheid n’apparaissait pas dans la déclaration du NPD émise lundi. La porte-parole du parti en matière d’affaires étrangères, Heather McPherson, a dénoncé à la fois « les attaques terroristes du Hamas contre des milliers de civils israéliens innocents » et « les bombardements israéliens sur les habitations et les infrastructures civiles de Gaza ».
« Le Canada doit insister de toute urgence pour qu’Israël respecte le droit international et protège la vie des civils palestiniens innocents qui ne portent aucune responsabilité dans la terreur du Hamas », a-t-elle affirmé.
Niall Ricardo s’est dit satisfait par cette prise de position. « On n’est plus sous Thomas Mulcair, dit-il. Aujourd’hui, on a une politique vraiment juste et équitable face au conflit autant pour les Israéliens que le peuple palestinien. »
Une autre résolution d’urgence appuyée par 24 présidents d’associations de circonscriptions pourrait donner lieu à de vifs échanges sur l’entente conclue par les néo-démocrates avec le gouvernement libéral. Ces militants veulent que le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, déchire l’entente si le projet de loi sur l’assurance médicaments des libéraux ne prévoit pas la création d’un programme « universel, complet et entièrement public ».
Le congrès du NPD est le dernier avant la prochaine campagne fédérale. Dix des 60 résolutions qui ont été priorisées portent sur le coût de la vie. L’une veut forcer les grandes entreprises à « divulguer le ratio du salaire de leur PDG par rapport au salaire moyen des employé-es ».
Une autre veut modifier la gouvernance de la Banque du Canada en ajoutant « un représentant ayant une expérience syndicale » à son comité d’examen de la politique monétaire et élargir son mandat en la forçant à considérer le plein emploi, la stabilité des prix et « la poursuite de l’égalité économique » avant de décider de modifier le taux directeur. Plus de 1200 militants sont attendus dans la ville de Hamilton en Ontario.
Source: La presse