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« Ceci envoie un message profondément négatif à l’international. C’est un très gros problème », cingle Eugene Lang, professeur à l’Université Queen’s et ancien chef de cabinet de deux ministres de la Défense.
Il craint cependant que notre pays soit désormais considéré comme un joueur tellement « insignifiant » sur la scène internationale, que personne à l’étranger ne s’étonne de ce nouveau geste « complètement déconnecté » de la réalité géopolitique que pose le gouvernement Trudeau.
Ottawa a demandé à tous ses ministères de se serrer la ceinture pour trouver 15 milliards $ d’économie. Pour la Défense nationale, ça devrait se traduire par des coupes de 900 millions $ annuellement, a déclaré le sous-ministre de la Défense, Bill Matthews, en comité permanent de la Défense nationale.
L’annonce survient alors que le Canada s’est finalement engagé cet été auprès de nos alliés de l’OTAN à consacrer 2 % de notre PIB à la Défense, ce qui est désormais considéré comme un niveau d’investissement minimal au sein de l’Alliance.
Pour Christine Normandin, députée du Bloc Québécois et vice-présidente du Comité permanent de la Défense nationale à la Chambre des communes, le gouvernement renie donc son engagement auprès de nos alliés après quelques semaines à peine. Ce n’est rien de moins qu’une énième « bourde » internationale qui viendra « miner davantage notre réputation », déplore-t-elle.
CAPACITÉS DE DÉFENSE COMPROMISES
La députée bloquiste ajoute que « cela ne viendra qu’exacerber les problèmes déjà criants liés à la sécurité nationale en plus de mettre à mal l’accomplissement des missions de paix promises par le Canada ».
Le chef d’État-major, Wayne Eyre, a en effet prévenu les parlementaires en comité qu’« il est impossible que vous puissiez prendre près d’un milliard de dollars du budget de la Défense et ne pas avoir un impact ».
« Ça va faire mal, renchérit Philippe Lagassé, professeur à l’École des relations internationales de l’Université Carleton. Il faudra réduire soit dans le personnel, soit dans les opérations, soit dans le matériel. »
Or, l’armée est déjà à court de personnel, un poste sur dix n’est pas pourvu et on décline la plupart des invitations à participer à des opérations et à des exercices à l’étranger, faute de ressources. Quant à nos équipements militaires, ils sont si désuets qu’on est incapable de surveiller nos eaux et notre ciel correctement.
CHOIX COMPTABLE INÉVITABLE FACE AU DÉFICIT
Mais considérant l’état des finances publiques, estiment MM. Lagassé et Lang, ces compressions étaient prévisibles. La Défense nationale absorbant pas moins de 20 % du budget total du gouvernement, note M. Lagassé, il fallait s’attendre à ce qu’elle contribue à l’effort d’économie qu’entreprend Ottawa.
Tous les deux rappellent que les gouvernements Mulroney et Chrétien ont eux aussi sabré dans la Défense pour résorber le déficit. Mises en perspectives, les coupes actuelles sont minimes comparées à celle des années 90, quand un tiers du budget de l’armée était passé dans le tordeur, indique M. Lang.
Si on ne coupait pas là, il faudrait gruger dans les programmes sociaux, les transferts aux provinces, ou alors augmenter les impôts, trois options non envisageables pour le gouvernement, indique M. Lagassé.
Source: Tvanouvelles