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« Bientôt ». Sans préciser de date, mais en préparant déjà le terrain d’une annonce provinciale, le premier ministre François Legault a indiqué vouloir augmenter les frais de scolarité pour les étudiants canadiens résidant hors Québec qui s’inscrivent dans des universités québécoises.
En argument politique : le manque de réciprocité
entre les universités, moins coûteuses au Québec qu’ailleurs au pays, a-t-il justifié lors d’une entrevue télévisée avec l’animateur Patrice Roy.
Est-ce normal qu’un étudiant de Toronto vienne étudier à Montréal parce que c’est moins cher, mais qu’un étudiant de Montréal qui va étudier à Toronto, il paie quatre fois le prix?
Il y a un problème qu’on est en train de regarder
, a ajouté le premier ministre, sans en dévoiler davantage, mais en répondant tout sourire à l’animateur qu’une annonce serait faite bientôt
, alors qu’une prochaine mise à jour économique de Québec se profile cet automne.
Au Canada, les droits de scolarité varient en fonction du statut de citoyenneté et de résidence de l’étudiant. Ces coûts relevant presque entièrement de la compétence provinciale, ils diffèrent d’une province à l’autre.
En 2022-2023, les étudiants des cycles supérieurs ont payé en moyenne 9385 $ en Ontario et 3582 $ au Québec, où les droits de scolarité sont les plus bas au Canada, confirme Statistique Canada.
Le taux québécois
Dans les faits, au Québec, un double traitement est déjà appliqué sur les droits de scolarité des Canadiens selon leur statut de résidence : les étudiants fournissant une preuve de résidence au Québec et une preuve de citoyenneté canadienne paieront moins cher que les autres.
À l’Université McGill, par exemple, le coût d’une année d’études varie déjà selon le profil de l’étudiant.
Un résident du Québec pourra débourser entre 5575 $ et 7487 $ pour une année de premier cycle (en droits de scolarité et autres frais annexes), tandis qu’un Canadien non résident payera entre 11 138 $ et 13 050 $ la même année. Un étudiant étranger, lui, pourrait voir sa facture monter à plus de 56 000 $, selon le calculateur de coûts en ligne de l’Université McGill.
Je ne sais pas si je serais venu
Sur le campus McGill, certains étudiants rencontrés par Radio-Canada disent comprendre la volonté d’augmenter les frais des non-Québécois, quand d’autres assurent qu’une telle mesure les aurait dissuadés d’étudier à Montréal.
Pour quelques-uns, encore, c’est tout bonnement l’indifférence qui prime.
Je comprends l’idée de protéger l’identité québécoise en ayant des écoles québécoises avec des étudiants québécois […], mais si cette mesure avait été mise en place avant que je vienne, j’aurais probablement plutôt choisi l’Université de Toronto
, répond en anglais un étudiant en économie.
Deux sœurs rencontrées sur un banc abondent : Je ne veux pas payer plus de frais, mais je comprends de vouloir protéger la langue et compagnie, dit l’une d’elles, je comprends qu’il veuille des Québécois et des francophones, mais McGill n’est pas juste une université qui parle français, et c’est pas comme si tout le monde allait s’installer à Montréal une fois diplômés.
Pour moi, c’est l’Université qui était importante, pas tant les coûts moins élevés.
Si l’augmentation des droits de scolarité a généralement un effet négatif sur les taux d’inscription, celui-ci reste plutôt faible, a observé le Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études, qui s’est penché sur les frais de scolarité de la population étudiante universitaire 2022-2023.
En revanche, certains sous-groupes semblent plus touchés, comme la population étudiante venant de milieux socioéconomiques moins avantagés
, relève-t-il.
Il est important de ne pas négliger cet aspect puisque les groupes touchés sont souvent déjà sous-représentés à l’université
, ont conclu les auteurs dans leur rapport remis au ministre de l’Enseignement supérieur l’an dernier.
Source: Radio Canada