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Une seule et unique étude environnementale devrait être menée pour les projets énergétiques qui sont proposés dans l’ensemble du pays. En d’autres mots, si une province choisit de réaliser l’étude, le gouvernement fédéral devrait s’éclipser.
Les militants conservateurs du Québec se feront les défenseurs de cette résolution lors du congrès national du Parti conservateur qui aura lieu la semaine prochaine, à Québec.
« On veut éliminer les dédoublements qui ralentissent l’approbation des projets énergétiques », affirme à La Presse le lieutenant politique de Pierre Poilievre au Québec, le député Pierre Paul-Hus.
Cette mesure pourrait faire l’affaire du premier ministre du Québec, François Legault, au moment où son gouvernement jongle avec l’idée de lancer de nouveaux projets énergétiques.
Dans le dossier controversé du troisième lien à Québec, par exemple, M. Legault avait exigé qu’Ottawa laisse le soin au Québec de réaliser une étude environnementale sur l’impact du projet sur le Saint-Laurent. Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, avait rejeté cette requête. « C’est un projet qui traverse un des plus grands cours d’eau au pays. Il est donc clair qu’il y aura une évaluation d’impacts fédérale sur le projet. Cette évaluation permettra de mettre en lumière la nature écologique, ou non, de ce projet », avait notamment déclaré M. Guilbeault.
Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, s’est déjà dit favorable à une telle mesure dans une entrevue qu’il avait accordée à La Presse, l’an dernier, durant la course à la direction qu’il a remportée de manière décisive.
Or, les militants conservateurs du Québec souhaitent que cette idée fasse partie du programme du parti en prévision des prochaines élections.
Cette résolution, qui est parrainée par l’association conservatrice de la circonscription de Charlesbourg–Haute-Saint-Charles que représente M. Paul-Hus aux Communes, fait partie de la liste des résolutions prioritaires établies par les membres du Québec.
« Nous sommes favorables à l’accélération de l’approbation des grands projets énergétiques en leur permettant d’être approuvés uniquement par le biais des processus provinciaux d’évaluation de l’impact environnemental, à condition qu’ils incluent des critères similaires à ceux du programme fédéral en place », peut-on lire dans la résolution.
« Un véritable cadeau aux pétrolières »
Alors que de nombreux sondages donnent une solide avance au Parti conservateur dans les intentions de vote depuis quelques mois, les groupes environnementaux redoutent les conséquences d’une telle politique si elle devait être mise en œuvre.
Selon Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada, il est possible de faire des évaluations conjointes lorsque la loi le requiert et cela n’a pas pour effet de ralentir l’approbation des projets. Il a souligné que l’environnement et les changements climatiques « sont des compétences partagées entre les provinces et le fédéral ».
Leurs expertises sont complémentaires et il est logique que les deux gouvernements aient leur mot à dire sur le sort de projets majeurs. Les impacts des projets, y compris les impacts climatiques, ne s’arrêtent pas aux frontières.
Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada
Mais confier le mandat de mener une évaluation environnementale à une province comme l’Alberta aurait des conséquences désastreuses, selon lui.
« Une seule évaluation environnementale menée par un gouvernement comme celui de l’Alberta, qui a mis en place un moratoire sur les projets d’énergie renouvelable, serait un véritable cadeau aux pétrolières et aux gazières dont les projets seraient presque systématiquement approuvés », a-t-il soutenu.
« Cette initiative est une tentative d’affaiblir les évaluations environnementales comme les conservateurs l’ont dangereusement fait dans le passé. Au lieu de passer du temps sur les processus, ils devraient plutôt travailler à mettre en place les solutions qui existent et qui permettraient une réponse à la hauteur de la crise climatique », a-t-il ajouté, rappelant au passage que le pays a été frappé par des incendies, des inondations et des tempêtes « d’une ampleur effrayante » cet été.
Durant le congrès conservateur, des militants conservateurs de l’Alberta souhaitent d’ailleurs faire adopter une résolution demandant à un futur gouvernement conservateur de « tout faire en son pouvoir pour commercialiser nos ressources naturelles » vers les marchés nationaux et internationaux.
Autres objectifs
Une autre résolution propose « d’atténuer les changements climatiques en investissant dans la technologie, et non par la taxation ». Le parti souhaite établir, « en consultation avec les provinces et les territoires […], un cadre réglementaire exigeant que les secteurs industriels prioritaires utilisent les meilleures technologies disponibles pour réduire les émissions de GES [gaz à effet de serre] tout en atteignant les objectifs sociaux et économiques nationaux ».
Des membres réclament la construction « d’une infrastructure de transport de l’énergie et d’un port à la baie d’Hudson pour l’exportation de GNL [gaz naturel liquéfié], d’hydrogène et d’autres produits en vrac ».
Également au menu, des militants exigent un plan de retour à l’équilibre budgétaire et l’utilisation des surplus pour rembourser la dette accumulée. D’autres proposent encore d’abolir les impôts sur le revenu de travail pour les personnes âgées de 65 ans et plus qui retournent au travail.
En tout, quelque 2400 militants, dont 400 du Québec, sont attendus à ce congrès national, la dernière grand-messe conservatrice avant les prochaines élections fédérales, qui devraient avoir lieu au plus tard en octobre 2025.
Le chef conservateur Pierre Poilievre doit prononcer un discours durant le congrès.
Source: La presse