Le candidat du PQ voulait être ministre de la CAQ

23 août 2023
Le candidat du PQ voulait être ministre de la CAQ

Assahafa.com

Le candidat du Parti québécois (PQ) dans la circonscription de Jean-Talon, l’avocat Pascal Paradis, avait entrepris des démarches sérieuses pour porter les couleurs de la Coalition avenir Québec (CAQ) aux élections générales de l’an dernier.

Les discussions avaient achoppé notamment parce que le parti avait refusé de répondre à sa demande de lui garantir un poste de ministre, selon des informations obtenues auprès de sources caquistes.

Pascal Paradis, cofondateur et directeur général d’Avocats sans frontières Canada, n’a pas rappelé La Presse ni répondu à nos courriels mardi.

Il a lu notre message texte à tout le moins puisqu’il y a répondu par erreur. « Je t’envoie le texto que je viens de recevoir de Tommy Chouinard », a-t-il écrit, croyant de toute évidence s’adresser à un représentant du Parti québécois. La formation n’a pas voulu réagir aux informations obtenues par La Presse.

Pascal Paradis fera l’annonce officielle de sa candidature jeudi en compagnie du chef Paul St-Pierre Plamondon.

La date du 2 octobre circule dans le camp caquiste pour la tenue de l’élection partielle dans Jean-Talon, qui couvre le secteur de Sillery et une partie de Sainte-Foy, à Québec. L’entourage du premier ministre François Legault n’a pas confirmé cette information.

« Merci Brigitte »

Les échanges entre Pascal Paradis et la CAQ ont eu lieu au printemps 2022, quelques mois avant le déclenchement de la campagne électorale.

M. Paradis avait fait savoir qu’il était désireux de se lancer en politique sous la bannière caquiste. Par personne interposée, l’information s’est rendue au chef de cabinet de François Legault, Martin Koskinen. Ce dernier s’est entretenu avec l’avocat. Les discussions se sont poursuivies avec la directrice générale du parti, Brigitte Legault.

« Merci Brigitte pour le temps consacré à notre rencontre d’hier », écrivait M. Paradis dans un courriel envoyé le 19 mai 2022 que La Presse a obtenu. « J’ai apprécié nos échanges (qui nous ont d’ailleurs fait filer au-delà de l’heure prévue !) et les réflexions, histoires et anecdotes que vous avez partagées avec moi. Au plaisir d’aborder les prochaines étapes ensemble. »

Pascal Paradis avait transmis son curriculum vitæ au parti, qui avait fait les vérifications d’usage sur l’aspirant candidat.

L’avocat souhaitait une circonscription sûre de la région de Québec, où il habite. Le parti lui avait offert Charlevoix–Côte-de-Beaupré ; la députée de l’époque, la caquiste Émilie Foster, venait d’annoncer son départ de la vie politique.

Pascal Paradis avait toutefois des exigences que la CAQ n’était pas prête à satisfaire. Il réclamait, par exemple, que le parti lui paie un appartement dans Charlevoix pour toute la durée de la précampagne et de la campagne. Surtout, il voulait avoir la garantie qu’il obtiendrait un poste de ministre si, comme on s’y attendait, François Legault était reporté au pouvoir.

Un marché n’avait pu être conclu dans ces circonstances. Et c’est finalement Kariane Bourassa, journaliste pour TVA à Québec, qui est devenue candidate de la CAQ dans Charlevoix–Côte-de-Beaupré. Elle a connu une victoire facile.

La CAQ n’a pas relancé Pascal Paradis cet été pour succéder à sa députée démissionnaire Joëlle Boutin dans Jean-Talon, circonscription où réside l’avocat. Le parti cherchait une femme, explique-t-on. Sa candidate sera Marie-Anik Shoiry, fondatrice et directrice générale de l’organisme Vide ta sacoche. Elle est la fille de l’ancien maire de Sillery et ex-conseiller à la Ville de Québec Paul Shoiry. Ce dernier a donné un coup de main à la CAQ aux élections générales de 2018 et à l’élection partielle dans Jean-Talon en 2019.

Dans le message texte que Pascal Paradis a envoyé par erreur à La Presse mardi soir, il écrit à son interlocuteur – un péquiste, croyait-il – qu’il lui enverra des « morceaux » d’un « échange avec François Pouliot », sans en dire davantage. François Pouliot est un conseiller économique de François Legault et un ami de longue date de Pascal Paradis.

Selon l’entourage de François Legault, M. Pouliot avait signalé l’an dernier à Martin Koskinen que son ami était tenté par une candidature sous la bannière caquiste, mais le chef de cabinet était déjà au courant de son intérêt à ce moment.

Lutte serrée

Selon un récent sondage Léger commandé par le Parti québécois, une lutte à deux se dessine dans Jean-Talon. Le PQ récolte 32 % des intentions de vote contre 30 % pour la CAQ.

Le PQ a détrôné la CAQ dans la région de la capitale au printemps et est deuxième à l’échelle du Québec, toujours d’après Léger.

Mais le défi reste de taille pour Pascal Paradis : les électeurs de Jean-Talon n’ont jamais envoyé un péquiste à l’Assemblée nationale. Avant de passer à la CAQ en 2019, la circonscription était un bastion libéral depuis sa création en 1965.

« On va tout donner pour une partielle qui est à mon avis hautement symbolique », affirmait Paul St-Pierre Plamondon le 13 août. « Nous sommes le parti des gens engagés, avec des convictions, fiables, et on aimerait que les gens de Jean-Talon nous envoient un quatrième député. »

Plus tôt ce mois-ci, le PQ avait signalé qu’il aimerait bien une candidature féminine « de haut niveau ». Son caucus est composé de trois hommes.

La vice-rectrice de l’Université Laval, Eugénie Brouillet, et l’ex-employée péquiste Antonine Yaccarini, qui a travaillé dans des cabinets caquistes au cours du premier mandat de François Legault, ont décliné une offre dans les dernières semaines. Le nom de Jeanne Robin, qui s’était présentée dans la circonscription voisine de Taschereau l’an dernier, circulait encore tout récemment.

Pascal Paradis a un baccalauréat en droit de l’Université Laval et une maîtrise en droit international de la London School of Economics and Political Science. En 2004, il a quitté le cabinet McCarthy Tétrault, où il était avocat associé, pour lancer l’organisme Avocats sans frontières Canada. La Fondation de l’Université Laval lui a remis en mars dernier le prix Grand diplômé.

Le Parti libéral du Québec est la seule des quatre formations représentées à l’Assemblée nationale à ne pas avoir de candidat à ce jour pour l’élection à venir dans Jean-Talon. Après réflexion, le député libéral fédéral Joël Lightbound a décidé de passer son tour.

Olivier Bolduc, sténographe judiciaire, représentera de nouveau Québec solidaire dans la circonscription à la suite d’une investiture controversée. L’exécutif national appuyait sa rivale, la professeure de comptabilité à l’Université Laval Christine Gilbert.

Source: La presse

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