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Bill Blair dit avoir l’expérience nécessaire pour mener une transition en douceur à la Défense nationale puisqu’il a beaucoup collaboré avec l’armée lorsqu’il était responsable de la sécurité publique.
« Je voulais m’assurer qu’elle reçoive le meilleur soutien, qu’elle ait les ressources, l’entraînement et les équipements nécessaires afin d’être là pour les Canadiens », lance-t-il en entrevue.
Le nouveau ministre de la Défense aura de grands souliers à chausser. Le départ d’Anita Anand, pour la présidence du Conseil du Trésor, a pris bon nombre d’observateurs par surprise. Elle s’était engagée à s’attaquer à la culture toxique dans les Forces armées canadiennes.
Mme Anand croit que son successeur saura relever le défi.
« Il n’y a aucun doute dans mon esprit qu’il comprend comment fonctionnent les grandes organisations, étant donnée son expérience. »
M. Blair rappelle qu’il avait supervisé « un important changement de culture » pendant son règne à la tête de la police de Toronto, contribuant à en faire une force plus diversifiée.
« Nous avons créé le service de police le plus diversifié au Canada et l’un des plus diversifiés en Amérique du Nord », soutient-il.
Mais M. Blair, qui occupe un quatrième poste ministériel depuis 2018, est loin de faire l’unanimité.
« Améliorer la diversité, ce n’est pas la même chose que changer une culture, souligne Charlotte Duval-Lantoine, de l’Institut canadien des affaires mondiales, qui a déjà écrit un livre sur la culture toxique au sein de l’armée. On a pu le constater lors de l’intégration des femmes au sein de l’armée dans les années 1990, par exemple. Elles ont été recrutées, mais leurs valeurs et leur contribution à titre de femmes n’ont pas été reconnues dans les mêmes proportions. Le problème existe encore aujourd’hui. »
La police de Toronto n’a toujours pas éliminé son problème de racisme systémique. La Commission ontarienne des droits de la personne écrivait en 2020 qu’un citoyen noir avait beaucoup plus le risque d’être blessé ou tué par un policier qu’un blanc.
« Plus d’un quart de toutes les affaires prises en charge par l’Unité des enquêtes spéciales (UES) concernant des personnes noires résultaient d’interpellations proactives de la part de la police », peut-on lire dans le rapport.
Elle rapportait que même s’ils ne représentaient que 8,8 % de la population générale, les Noirs comptaient pour 28,8 % des arrestations comportant un seul chef d’inculpation et 30,5 % comportant entre deux et cinq chefs d’inculpation. Pour la Commission, « le fait notable est que ces accusations avaient souvent été retirées ou rejetées, d’après les données recueillies ».
Alok Mukherjee, l’ancien président de la Commission des services policiers de Toronto, juge que M. Blair avait, au contraire, résisté aux efforts visant à éliminer le profilage racial au sein du corps policier.
« D’un point de vue philosophique, je pense qu’il était avec nous et qu’il a mené ses propres efforts pour s’en occuper. Toutefois, il n’était pas prêt à accepter les changements fondamentaux nécessaires que la communauté préconisait et lui demandait d’implanter ces changements. Je comprends que M. Blair devait respecter la tradition. Son expression préférée était : “on peut secouer le bateau, mais on ne peut pas le couler.” »
M. Blair n’est pas d’accord avec M. Mukherjee.
« Nous avons transformé radicalement notre système de recrutement, notre milieu de travail, la formation afin de nous assurer que tous avaient une chance de réussir et pouvaient se sentier appuyés. »
Selon M. Mukherjee, le nouveau ministre de la Défense devra se tenir debout devant les Forces armées canadiennes, une institution ancrée dans les traditions, s’il veut parvenir à changer sa culture et éradiquer les mauvais comportements sexuels.
« Ces organisations, que ce soit l’armée ou la police, sont très traditionalistes. Elles ne changent pas facilement leur façon de travailler. »
Source: La presse