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La décision de Justin Trudeau de dépouiller le ministre de la Justice David Lametti de son portefeuille n’a pas étonné que les observateurs de la scène politique fédérale. Le principal intéressé ne s’attendait pas à être remercié, mais cela ne l’empêchera pas de briguer un nouveau mandat sous la bannière libérale.
L’ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada fait référence à la décision du premier ministre de l’écarter du Conseil des ministres dans le cadre du remaniement de jeudi. Il s’est manifesté une fois que la cérémonie de prestation de serment à Rideau Hall s’est terminée, en publiant une lettre sur les réseaux sociaux.
Il dresse son bilan en citant quatre projets de loi : C-4 (interdiction des thérapies de conversion), C-5 (peines minimales obligatoires abrogées), C-15 (application de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones) et C-28 (défense d’intoxication volontaire extrême).
Ses premiers mots sont pour le premier ministre, qu’il remercie de lui avoir confié les rênes du ministère de la Justice, ce qui aura été « le plus grand privilège de [s]a vie ». Il conclut sans préciser les raisons de son départ.
« Il n’y a rien que je peux ajouter [à cette déclaration] », a-t-il écrit jeudi avant d’évoquer sa « surprise ».
Son ancien patron n’a été guère plus loquace, jeudi.
« David Lametti a été un membre extraordinaire de l’équipe, et il demeurera un excellent membre de l’équipe libérale pour plusieurs années encore », s’est contenté de répondre Justin Trudeau, de passage à Terre-Neuve au lendemain du remaniement.
« Des questions »
Si on ne connaît toujours pas le fond de l’histoire, on sait toutefois que malgré cette rétrogradation surprise, l’élu de LaSalle–Émard–Verdun ne fait pas une croix sur la vie politique. Il l’a confirmé sur sa page Facebook de député, maintenant que « la poussière est retombée ».
« Je tiens à rassurer mes électeurs que j’ai l’intention de rester votre député et de continuer à vous servir à la Chambre des communes. Ayant rempli les conditions d’admissibilité requises, j’ai l’intention de me présenter aux prochaines élections, quelles qu’elles soient », a-t-il écrit.
Ce nébuleux limogeage a nui à l’exercice de communication lié au remaniement, estime l’analyse politique Rodolphe Husny. « Est-ce que c’était parce que les juges n’étaient pas nommés assez rapidement ? Il aurait fallu crever l’abcès avant, parce que là, on va se poser des questions », a-t-il fait valoir.
En mai dernier, le juge en chef de la Cour suprême du Canada, Richard Wagner, a écrit à Justin Trudeau pour déplorer la lenteur du processus de nomination des juges. Une copie de la missive, dont Radio-Canada avait révélé l’existence, a aussi été transmise à David Lametti, alors ministre de la Justice.
Source: La presse