L’Occident ne doit faire « aucune concession » à Moscou

22 juillet 2023
L’Occident ne doit faire « aucune concession » à Moscou

Assahafa.com

La communauté internationale ne doit pas céder un pouce à la Russie, qui tente d’arracher des concessions après avoir tiré un trait sur l’entente céréalière de la mer Noire, a prévenu l’ambassadrice de l’Ukraine à Ottawa, Yulia Kovaliv, au cours d’une entrevue portant sur une variété de sujets.

La décision de Vladimir Poutine de se retirer de l’accord qui avait permis à 1002 navires aux cales bourrées de 33 millions de tonnes de céréales de quitter l’Ukraine à destination de l’Asie, de l’Afrique et du Moyen-Orient n’a pas étonné l’envoyée de Kyiv à Ottawa.

Elle y voit une « nouvelle démonstration de la brutalité de la stratégie » du Kremlin, alors que l’inflation alimentaire étrangle les ménages un peu partout, que dans plusieurs pays, on meurt de faim et qu’en Ukraine, les agriculteurs se préparent à la saison des récoltes.

À Moscou, on affirme que les sanctions occidentales entravent les livraisons de produits agricoles et d’engrais russes. Et vendredi, le président de la Turquie, Recep Tayiip Erdoğan, a appelé les pays occidentaux à « donner suite aux attentes de M. Poutine ».

De son bureau de l’ambassade à Ottawa, Yulia Kovaliv agite un drapeau rouge.

Jamais on ne gagnera à faire des concessions à la Russie. On l’a vu quand ils ont utilisé l’énergie comme une arme contre l’Europe.

Yulia Kovaliv, ambassadrice de l’Ukraine à Ottawa

« Nous sommes dans la même situation. C’est difficile, mais il faut tenir bon, car malheureusement, la Russie ne comprend que le pouvoir et la force », ajoute la diplomate.

Le Canada et plusieurs autres pays ont condamné le retrait de la Russie. « Il s’agit d’une grave escalade de la militarisation de la faim par la Fédération de Russie », ont déclaré mardi dernier par voie de communiqué les ministres Mélanie Joly (Affaires étrangères) et Harjit Sajjan (Développement international).

Laborieuse contre-offensive

En plus de renier le pacte signé à Istanbul en juillet 2022 sous l’égide de la Turquie et des Nations unies, le régime russe multiplie les bombardements : des frappes ont atteint ces derniers jours la région d’Odessa, port stratégique en mer Noire, et des silos à grains.

Pendant ce temps, la contre-offensive de l’armée ukrainienne a de l’eau dans le gaz, de l’aveu même de son principal architecte, le général Oleksandr Syrsky. « Nous aimerions avoir des résultats rapides, mais dans la réalité, c’est pratiquement impossible », a-t-il dit à la BBC plus tôt cette semaine.

Les gens doivent comprendre que les Russes ont profité des mois où ils occupaient certains territoires pour installer des mines antipersonnel sur le sol ukrainien. Et on parle d’une mine par mètre carré. C’est l’un des principaux obstacles à la contre-offensive.

Yulia Kovaliv, ambassadrice de l’Ukraine à Ottawa

« Il faut aussi savoir que les tactiques des forces armées ukrainiennes et des forces armées russes sont à l’opposé : pour nous, la vie de chaque soldat est importante. La contre-offensive se fait de manière à éviter des décès », ajoute-t-elle.

Mais la diplomate insiste : « On avance chaque jour, que ce soit d’un kilomètre ou de 500 mètres. »

Armes à sous-munitions : « prudence »

La riposte ukrainienne est résolument appuyée par les pays du G7. La semaine dernière, au sommet de l’OTAN tenu à Vilnius, en Lituanie, ils se sont engagés à apporter à l’Ukraine un soutien à long terme en matière de sécurité « dans les secteurs terrestre, aérien et maritime ».

L’un des membres du Groupe des sept, les États-Unis, est cependant allé beaucoup plus loin en acceptant de fournir à l’Ukraine des armes à sous-munitions, suscitant un malaise au Canada, qui est signataire du traité international interdisant leur utilisation.

« Elles sont utilisées avec une grande prudence », assure l’ambassadrice. Elle insiste sur le faible taux de ratés des sous-munitions – selon Washington, de 2 % à 4 % des bombes n’explosent pas comme prévu.

« C’est dix fois moins, au bas mot, que celles utilisées par la Russie depuis le tout début de la guerre », affirme Yulia Kovaliv. Si Kyiv a recours à ces bombes, « c’est la réalité de la guerre », car « il nous faut d’autres types de munitions dont nos soldats ont besoin pour répliquer », plaide Yulia Kovaliv.

L’Ukraine, la Russie et les États-Unis n’ont pas signé la Convention de 2008 sur les armes à sous-munitions.

La dernière livraison de munitions du Canada – qui a exprimé son désaccord quant à l’envoi de ces bombes dont il ne « soutient pas l’utilisation » en raison de leurs impacts « sur les civils, en particulier les enfants » – remonte à mars dernier.

« Nous sommes très reconnaissants », soutient l’ambassadrice, ancienne proche collaboratrice du président Volodymyr Zelensky, dont l’administration a récemment été accusée par le ministre britannique des Affaires étrangères de manquer de gratitude.

Source: La presse

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