Délais dans les aéroports : « ça va devenir pire » au cours de l’été

1 juillet 2023
Délais dans les aéroports : « ça va devenir pire » au cours de l’été

Assahafa.com

Avec de nombreux vols retardés, voire annulés, la saison estivale connaît un bien mauvais départ dans les aéroports canadiens, qui n’est pas sans rappeler les déboires de l’été 2022.

Nous sommes en bien meilleure posture que l’année dernière, a répondu le ministre canadien des Transports, Omar Alghabra, questionné vendredi matin sur la situation dans les aéroports cet été.

Pourtant, jeudi, toutes les lignes aériennes du pays connaissaient des taux de retard et d’annulation importants. À Montréal, par exemple, 78 % des vols prévus ont été touchés. C’est non seulement beaucoup plus que la normale (entre 15 et 20 %), mais aussi beaucoup plus que la moyenne de l’été 2022 (un peu plus de 50 %), pourtant désastreux pour les voyageurs canadiens.

Trois des aéroports canadiens étaient dans le top 10 des pires aéroports du monde en matière de retards, rappelle Jacob Charbonneau, cofondateur et président-directeur général (PDG) de Vol en retard.

C’est de bien mauvais augure pour la saison estivale 2023, qui ne fait que commencer, estime John Gradek, directeur du programme de gestion de l’aviation de McGill.

« On n’est pas rendu au pire de la période de pointe, qui a commencé la semaine dernière, le 15 juin, et qui continue jusqu’au mois de septembre. Ça va devenir de plus en plus sérieux […] La demande sera plus élevée. L’impact des délais sera beaucoup plus intense que ce qu’on voit en ce moment. »

— Une citation de  John Gradek, directeur du programme de gestion de l’aviation de McGill

Une pénurie de personnel qui perdure

Après les déboires de l’été 2022, les aéroports et les compagnies aériennes canadiens ont embauché autant de monde que possible. On a beaucoup plus d’effectifs que l’année passée, assure M. Grabek. Mais il a été impossible de pourvoir tous les postes de contrôleurs aériens, indispensables au bon fonctionnement du réseau.

L’aviation, c’est comme un orchestre, compare John Grabek. Tout le monde doit travailler ensemble pour avoir une opération qui se tient. Tous les membres de l’orchestre doivent jouer la même chanson. Si quelques membres ne sont pas capables de jouer, tout l’orchestre est en déséquilibre.

John Grabek observe que le secteur aérien a fait la même erreur qu’en 2022 : On a surchargé le système de nouveau. On est dans le même piège que l’été passé.

À cela s’ajoutent des difficultés ponctuelles qui entravent le bon fonctionnement du réseau aérien.

Il y a eu quelques problèmes au cours des dernières semaines, notamment chez Air Canada, qui a eu des ratés avec ses systèmes informatiques, souligne M. Charbonneau. Il y a aussi eu une tempête aux États-Unis la semaine passée qui a eu un effet domino sur les vols canadiens.

Ces problèmes sont exacerbés par la pénurie de personnel. Dès qu’une situation a un effet domino, on a moins d’équipes de relève.

Et selon le PDG de Vol en retard, ce problème sur le plan des effectifs va perdurer pour les prochaines années.

Des solutions?

À court terme, peu de solutions s’offrent aux voyageurs canadiens. John Grabek propose toutefois à ceux qui n’ont pas encore acheté leurs billets d’avion de privilégier les vols matinaux, généralement moins touchés que les vols de fin de journée. Plus on voyage tard dans la journée, plus il y a de chances que le vol soit retardé.

Jacob Charbonneau assure que le gouvernement fédéral investit dans le secteur, notamment pour améliorer la situation et engager plus de gens. D’ailleurs, le ministre Alghabra annonçait vendredi matin la construction d’une nouvelle installation à l’aéroport Billy Bishop de Toronto pour les personnes voyageant vers les États-Unis, un projet d’une valeur de 30 millions de dollars.

La situation devrait aussi s’améliorer vers la fin du mois de septembre pour les voyageurs voulant obtenir une compensation pour un vol retardé ou annulé, assure M. Charbonneau.

Selon lui, des modifications aux réglementations actuelles devraient désormais empêcher les transporteurs aériens de refuser presque systématiquement de dédomager leurs clients. On l’a vu au moment des pannes informatiques d’Air Canada, où on a annoncé que ça ne donnait pas droit aux compensations, alors que dans les faits ça devrait y donner droit.

Présentement, un voyageur qui se voit refuser une compensation peut se tourner vers l’Office des transports du Canada.

« Et là, les délais sont très longs : on obtient ce à quoi on a droit après 18 ou 24 mois. »

— Une citation de  Jacob Charbonneau, cofondateur et président-directeur général de Vol en retard

Selon les modifications aux réglementations, il devrait y avoir des frais supplémentaires pour les transporteurs si les dossiers se rendent à l’Office des transports du Canada, ce qui devrait les décourager de refuser systématiquement les demandes.

Et lorsque les dossiers se rendront devant l’Office, le fardeau de la preuve sera inversé : ce sera dorénavant au transporteur d’expliquer pourquoi il ne devrait pas payer les compensations.

Enfin, le ministre Alghabra conseille évidemment aux voyageurs de s’informer des retards et des annulations avant de se rendre à l’aéroport.

Source: Radio Canada

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