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Bien qu’elle soit souvent évoquée par les entreprises pour justifier les hausses de prix, l’augmentation des salaires n’est pas le principal moteur de l’inflation au Canada. Selon des études publiées par Statistique Canada, la hausse du prix des biens et matériaux importés jouerait un rôle plus important encore dans la flambée des prix au pays.
En 2022, la croissance d’une année à l’autre de l’Indice des prix à la consommation (IPC) a atteint 6,8 % au Canada. Du jamais vu en 40 ans.
Or, selon une équipe de chercheurs de Statistique Canada qui s’est penchée sur l’idée répandue que le coût de la main-d’œuvre est en grande partie responsable de l’inflation, les salaires sont certes un facteur important, mais pas le plus important
dans l’équation.
Bien que les coûts de la main-d’œuvre (salaires et charges sociales de l’employeur) soient incontournables dans l’augmentation du prix des biens et services, les chercheurs ont tenté de mesurer quelle part ils représentent dans l’augmentation du prix des biens et services.
Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé le déflateur du PIB
, un indicateur économique qui sert à mesurer l’inflation calculée à partir de l’évolution du PIB nominal et du PIB réel.
Résultat : en 2020, les coûts unitaires de main-d’œuvre représentaient la totalité de la croissance du déflateur du PIB
. Mais en 2021, les coûts de main-d’œuvre n’étaient plus les principaux responsables de la hausse des prix. Cette année-là, les coûts non liés à la main-d’œuvre représentaient 67,5 % de la croissance du déflateur du PIB.
En 2022, la contribution des coûts unitaires non liés à la main-d’œuvre représentait 55,5 % de la croissance déflateur du PIB. Soit toujours supérieure aux coûts de main-d’œuvre.
Cette augmentation des coûts non liés à la main-d’œuvre en 2021 et 2022 est en partie attribuable à la hausse des prix dans le secteur de l’extraction minière et de l’extraction de pétrole et de gaz, où les prix sont déterminés à l’échelle mondiale
, expliquent les auteurs de l’étude.
Globalement, sur les trois années étudiées, les coûts unitaires de main-d’œuvre (les salaires et contributions de l’employeur) ont représenté 48,3 % de la croissance cumulative du déflateur du PIB contre 51,7 % pour les coûts non liés à la main-d’œuvre.
Donc, la hausse des salaires n’explique pas tout.
Les prix à l’importation
Mais on ne peut cependant conclure que les entreprises ont de façon générale profité du contexte inflationniste pour augmenter abusivement leurs profits dans la mesure où elles ont dû composer avec une hausse importante du prix des biens, services et matériaux importés.
En effet, une autre étude menée par Statistique Canada montre que la hausse des prix à l’importation était responsable d’environ la moitié de l’inflation qui touchait la demande intérieure au cours des trois derniers trimestres de l’année 2022.
Ce qui incite les chercheurs à penser que l’inflation récente est dans une bonne mesure due à des facteurs extérieurs sur lesquels les entreprises et les pouvoirs publics d’ici n’ont que peu d’emprise.
Selon les auteurs de l’étude, la hausse des prix à l’importation a commencé à se répercuter sur la demande intérieure canadienne au troisième trimestre de 2021.
Au cours de ce trimestre, l’augmentation des prix à l’importation a représenté 25,3 % de l’inflation des prix de la DIF, explique Statistique Canada. Cette contribution a augmenté au cours des trimestres suivants, pour atteindre 51,9 % au deuxième trimestre de 2022, 47,4 % au troisième trimestre et 51 % au quatrième trimestre.
Des augmentations de coûts qui ont été majoritairement refilées aux consommateurs, aux entreprises et aux gouvernements.
Comble de la malchance, cette flambée importante du prix des biens et matières importées s’est produite en même temps qu’une forte demande d’importations, une importante dépréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain, et des prix de l’énergie élevés associés aux événements géopolitiques [invasion de l’Ukraine]
,souligne Statistique Canada.
Source: Radio Canada