Devant les feux, Québec invité à repenser la gestion de la forêt

8 juin 2023
Devant les feux, Québec invité à repenser la gestion de la forêt

Assahafa.com

Québec solidaire demande la tenue d’une commission parlementaire pour revoir l’aménagement forestier, considéré par des experts comme une solution pour limiter les dommages causés par les feux de forêt.

À une journée de la fin des travaux parlementaires à l’Assemblée nationale, le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, et la députée de Verdun, Alejandra Zaga Mendez, envoient une demande de mandat d’initiative à la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN) pour réfléchir de façon urgente à l’adaptation de l’aménagement forestier aux changements climatiques.

Puisque les députés retourneront dans leurs circonscriptions pour l’été vendredi, ils proposent de convoquer les élus qui y siègent dès le début de la prochaine session parlementaire.

La priorité en ce moment, c’est de lutter contre les incendies, c’est de venir en aide aux populations qui sont touchées, estime Gabriel Nadeau-Dubois, en entrevue. Mais le plus tôt possible cet automne, il faut se donner un grand rendez-vous, tous les partis, pour discuter ensemble des solutions en adaptation aux changements climatiques, en se concentrant sur la question des forêts.

Ce serait une occasion, selon lui, d’entendre des experts et de faire des recommandations à la ministre des Ressources naturelles et des Forêts pour l’élaboration d’une stratégie d’adaptation de l’aménagement forestier.

« Quand les braises vont se refroidir un peu, le débat, lui, ne doit pas se refroidir. »

— Une citation de  Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire

Avec plus de 600 000 hectares touchés par les incendies, selon la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU), le Québec vit une saison record.

Il faut qu’on se pose une question : « Qu’est-ce qu’on va faire pour prévenir? », demande Alejandra Zaga Mendez. Comment on va gérer nos forêts publiques à la lueur des changements climatiques?

C’est pas possible qu’on n’ait pas déjà un plan d’adaptation, ajoute-t-elle.

Des solutions « très peu » appliquées

Pour réduire le risque d’incendie ou ralentir la propagation du feu en forêt, des solutions sont connues, fait remarquer Christian Messier, professeur d’écologie forestière à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

On devrait diversifier la plantation d’espèces d’arbres, résume-t-il.

Le meilleur moyen, c’est vraiment d’avoir plus de feuillus dans nos forêts. Ça, c’est bien connu, dit-il. On sait que les feuillus ont beaucoup moins tendance à brûler et même agissent comme un genre de tampon pour diminuer les risques de feu.

On devrait aussi favoriser la plantation d’espèces adaptées au feu, parce que ce qu’on veut après un feu, on veut que la forêt revienne.

Ces solutions sont toutefois très peu appliquées au Québec, déplore-t-il.

On le fait très peu parce que l’industrie forestière veut certaines espèces et on favorise à ce moment-là des espèces qu’on appelle commerciales, explique Christian Messier. Dans plusieurs régions, elle a besoin surtout de conifères, donc on favorise la régénération de conifères.

Québec promet une stratégie

La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, s’est défendue mardi à la période des questions d’en faire trop peu.

On est en train de travailler en ce moment à une stratégie d’adaptation aux changements climatiques […] pour l’aménagement de nos forêts, a-t-elle déclaré. Mais vous comprendrez que les priorités en ce moment, c’est d’éteindre les feux.

Son cabinet n’est pas en mesure de dire quand cette stratégie est attendue.

Ça fait une dizaine d’années que le gouvernement nous dit qu’il prépare un plan d’adaptation, mais ça n’a jamais été mis en place. Ce qu’il faudrait, c’est vraiment une volonté politique forte, dit Christian Messier.

Que les élus se penchent sur cette question en commission parlementaire constituerait un pas dans la bonne direction, de son point de vue.

Je fais souvent le parallèle avec un fumeur qui sait que ce n’est pas bon pour la santé, mais il attend d’être malade. Peut-être qu’avec les feux de forêt qu’on a cette année, ça va peut-être les encourager à aller de l’avant, conclut de façon imagée le professeur.

Source: Radio-Canada

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