Christian Dubé se défend de faire la part belle au privé dans le projet de loi 15

31 mai 2023
Christian Dubé se défend de faire la part belle au privé dans le projet de loi 15

Assahafa.com

Accusé par Québec solidaire (QS) de mettre la table en vue d’une « privatisation de la santé » dans son projet de loi 15 sur l’efficacité du réseau de la santé, le ministre Christian Dubé assure que tout ce qui touche le rôle du privé dans son projet de loi se trouve déjà dans la législation actuelle.

Le ministre québécois de la Santé réagissait ce matin à l’annonce par Québec solidaire du dépôt de trois amendements au projet de loi 15 décrits comme un bouclier anti-privé alors que s’amorce à Québec l’étude des 1180 articles de la nouvelle loi du gouvernement Legault destinée à augmenter l’efficacité du réseau de la santé.

QS demande notamment le retrait des articles 485 et 506 qui confèrent à la future agence Santé Québec le pouvoir d’autoriser l’exploitation d’établissements privés offrant des services comparables à ceux déjà offerts au public et qui détaillent les types de services pouvant être offerts par un centre médical spécialisé autorisé par Santé Québec.

Selon le porte-parole solidaire en matière de Santé, Vincent Marissal, Christian Dubé réalise dans ce projet de loi le vieux rêve néo-libéral des Jean Charest et Gaétan Barrette de mettre sur un même pied d’égalité le public et le privé en santé tout en renforçant la centralisation au sein du réseau avec la création de Santé Québec.

Le projet de loi 15 est, selon lui, l’attaque la plus frontale qu’on ait menée contre le caractère public du réseau de santé.

Déjà dans la loi

Des accusations balayées par Christian Dubé qui assure qu’en matière de place accordée au privé dans le réseau de santé québécois, absolument rien n’a été ajouté dans son volumineux projet de loi.

Selon le ministre, les articles du projet de loi 15 que dénonce Québec solidaire se trouvent tous déjà dans l’actuelle Loi sur les services de santé et les services sociaux (LSSSS).

Je vais vous donner un exemple parfait. Il y a deux articles dans la.. LSSSS, ces deux articles-là, les articles 69 et 91. Je prends les mêmes articles et j’appelle ça l’article 3 [dans la nouvelle loi]. On ne change rien. On n’a rien changé sur le privé dans la nouvelle loi.

On reconduit exactement les articles de la LSSSS, assure Christian Dubé, qui estime que seulement le tiers des articles du projet de loi 15 sont nouveaux.

En ce qui a trait à la place qu’occupe déjà le privé dans le système de santé québécois, le ministre estime que ce qu’on a en ce moment, c’est la meilleure complémentarité.

C’est sûr que durant la pandémie on en a vu les grands bénéfices, notamment avec les chirurgies. Les Québécois étaient contents de pouvoir aller se faire soigner au privé en présentant leur carte, a-t-il rappelé.

Estimant que Vincent Marissal avait manqué de respect envers tout le travail accompli en réclamant, ce matin, le retrait pur et simple de son projet de loi, Christian Dubé a ajouté qu’il comptait sur la collaboration des oppositions pour faire avancer rondement l’étude du volumineux document.

« J’espère que je pourrai avoir la collaboration des oppositions pour avancer dans ce projet de loi qui est attendu par les Québécois et que je me suis engagé à mener jusqu’à la fin. »

— Une citation de  Christian Dubé, ministre québécois de la Santé et des Services sociaux

Dans les prochaines semaines, les prochains mois, on va voir si l’opposition prend à cœur l’intérêt des Québécois. Les Québécois veulent des changements dans leur réseau de santé et j’espère que l’opposition va être là, a-t-il ajouté en rappelant que ces deux priorités demeurent les patients et les employés.

Outre l’opposition, le ministre Dubé veut aussi apporter des modifications de dernière minute à son projet de loi avant le début des travaux de la Commission de la santé et des services. Des amendements entre autres, pour officialiser l’intégration d’élus municipaux dans les conseils d’établissement.

Des doutes persistent

Cette énième réforme de la santé au Québec, dont les consultations particulières se sont terminées la semaine dernière, est loin de faire l’unanimité au sein du réseau poussé à bout par le vieillissement rapide de la population et une grave pénurie de personnel.

Pour l’épidémiologiste et expert en biostatistiques à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), Steven Grover, cette loi sera certes un changement majeur pour la structure, mais elle ne fera rien du tout pour améliorer les soins aux patients, a-t-il confié à La Presse canadienne.

Selon le médecin, la région de Montréal serait particulièrement désavantagée par cette réforme alors que les délais d’attente dans les urgences de la métropole sont déjà deux à trois fois plus longs qu’à Toronto, souligne-t-il.

Encore une fois, le manque de personnel pourrait expliquer cet engorgement alors qu’à peine 70 % des Montréalais ont accès à un médecin de famille contre environ 85 % des Canadiens en moyenne.

Le problème d’accès à un médecin de famille, le temps d’attente dans les urgences, c’est extraordinaire! Et la nouvelle loi ne fait rien pour tout ça. On ne reconnaît même pas le problème, déplore le Dr Grover.

Source: Radio-Canada

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