Legault obtient l’appui de 98,61 % des militants

15 mai 2023
Legault obtient l’appui de 98,61 % des militants

Assahafa.com

La loyauté des militants caquistes envers leur chef atteint un sommet inégalé, malgré l’abandon récent de la promesse électorale du troisième lien autoroutier. Le premier ministre François Legault a obtenu l’appui de 98,61 % des membres de son parti réunis en congrès à Sherbrooke, dimanche, un résultat supérieur à celui qu’il avait obtenu il y a près de 10 ans.

François Legault surpasse de justesse le score enregistré en mars par le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, qui avait également été soumis à un vote de confiance lors d’un congrès de sa formation. Il avait obtenu l’appui de 98,5 % des membres présents, un record pour un leader péquiste. Le premier ministre a d’ailleurs décoché plus de flèches qu’à l’habitude vers le PQ lors du dernier jour du congrès, au moment où la formation souverainiste connaît une remontée dans les intentions de vote.

Le résultat de François Legault est le plus élevé en politique québécoise depuis de très nombreuses années. Jean Charest avait obtenu 97,2 % lors d’un congrès libéral en 2008 ; 95 % en 2000. Le chef adéquiste Mario Dumont avait déjà eu des scores de 95 % et de 97 %.

« Cette tape-là dans le dos que vous me donnez aujourd’hui, ça me fait du bien », a lancé François Legault lors de son discours de clôture du congrès auquel étaient inscrits un millier de membres.

En conférence de presse, il a parlé d’un vote de confiance à « un niveau inespéré » dans un contexte où il a dû prendre parfois des décisions difficiles et que, « veux, veux pas, ça doit décevoir certaines personnes ».

Je ne prends jamais rien pour acquis et, honnêtement, je ne pensais pas avoir un score comme ça. J’ai été surpris de la hauteur du score. Au-delà du troisième lien et des différents dossiers, il y a aussi une appréciation générale du travail de l’équipe au gouvernement qui est faite.

François Legault, premier ministre du Québec

Les statuts de la Coalition avenir Québec (CAQ) prévoient qu’il y a vote de confiance à l’endroit du chef lors du premier congrès qui suit des élections générales. Le 3 octobre, François Legault a récolté 41 % des voix et a remporté 90 des 125 sièges, du jamais-vu depuis Robert Bourassa en 1989 à l’époque du bipartisme PLQ-PQ (50 % et 92 sièges). Les militants caquistes ne l’ont manifestement pas oublié et passent l’éponge sur le recul au sujet du troisième lien.

Il n’y avait pas eu de vote de confiance lors du congrès caquiste de 2020 – le premier après les élections de 2018 –, en raison de la pandémie. La dernière fois que le chef du parti avait été soumis à un tel exercice était en 2014. Il avait alors récolté un score de 97,2 %.

Il n’y avait pas de suspense autour du vote de confiance de ce week-end. Le test de leadership paraissait sans risque réel.

On se demandait si les militants caquistes allaient envoyer un petit message à leur chef pour avoir reculé sur une promesse électorale importante. Ce ne fut pas le cas.

Le troisième lien évacué des discussions

D’ailleurs, le dossier du troisième lien n’a pas vraiment retenu l’attention. Personne ne s’est exprimé sur le sujet au micro, même lorsque la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, était sur la scène en compagnie de collègues du cabinet pour répondre aux questions des militants, samedi. En soirée, elle disait que personne ne lui avait parlé du troisième lien au congrès, y compris lors d’échanges avec des militants de la grande région de Québec.

Les militants qui m’en ont parlé, c’est pour me dire qu’ils étaient d’accord avec ma décision », a dit de son côté François Legault. « Je ne pense pas que les caquistes sont comme vous dites », à savoir « sado-masochistes » comme le suggérait un journaliste. « Ils sont pragmatiques et comprennent que quand une situation évolue, il faut s’ajuster. »

Questionné au sujet de son avenir politique, François Legault a réitéré qu’il se présentera à nouveau en 2026 s’il « sent l’appui de la population » et est « en santé ». Ces deux conditions sont réunies à l’heure actuelle. « Qu’est-ce que ce sera en 2026 ? On aura l’occasion d’en jaser », a-t-il affirmé, tout en précisant qu’il n’est « pas en train de réfléchir sur la relève » à la direction du parti. Il ne faut pas conclure, selon lui, que la CAQ est le parti d’un seul homme à la lumière du vote de confiance de dimanche.

Au début du mois, un sondage Léger-TVA a démontré que la CAQ avait dégringolé de 14 points dans la grande région de Québec par rapport à février : il est passé de 40 % à 26 %. Le PQ s’est emparé du trône, gagnant 8 points, à 28 %. Dans l’ensemble du Québec, la CAQ se maintient en première place, à 36 %, en recul de 4 points. Le PQ a grimpé d’autant de points et a obtenu un résultat de 22 %, devançant Québec solidaire (16 %), le Parti libéral du Québec (14 %) et le Parti conservateur du Québec (10 %).

Le Parti québécois pris pour cible

Dans son discours de clôture, François Legault a écorché le Parti libéral et Québec solidaire, mais il a concentré la plupart de ses attaques sur le Parti québécois. C’est la CAQ qui est « le plus grand rassemblement de nationalistes au Québec », a-t-il insisté.

Le problème avec le PQ, c’est qu’ils misent tout sur le grand soir de la souveraineté. Les péquistes nous disent : faut protéger la laïcité, faut protéger notre langue ; là-dessus, on est d’accord. Mais il faut agir maintenant. Et pour agir maintenant, il faut être au gouvernement.

François Legault, premier ministre du Québec

Au précédent congrès de son parti, qui s’est tenu avant les élections générales, François Legault soutenait que le Québec risquait de devenir une « Louisiane » si Ottawa ne lui cédait pas les pleins pouvoirs en immigration. Il faisait de cet enjeu une « question de survie pour la nation québécoise ». Le gouvernement Trudeau a toujours refusé une telle demande.

Devant ses militants, dimanche, François Legault a plutôt parlé « d’utiliser les pouvoirs qu’on a déjà à Québec ». « On ne va pas attendre », a-t-il ajouté. Et c’est ainsi que son gouvernement fera en sorte qu’« à l’avenir, il va falloir parler français pour être sélectionné comme immigrant économique au Québec ». L’annonce sera faite bientôt. En conférence de presse, il a expliqué que son « objectif » est d’obtenir les pleins pouvoirs en immigration « dans un deuxième temps », et que cela se fera « éventuellement ».

Au congrès de l’an dernier et au lendemain de sa victoire électorale, François Legault avait évoqué la tenue d’états généraux ou d’une commission de style Bélanger-Campeau comme moyens possibles pour mobiliser la population autour de sa demande d’obtenir les pleins pouvoirs en immigration. Il n’excluait pas la tenue d’un référendum sectoriel lors de la campagne électorale.

Tous ces moyens ne semblent pas dans ses cartons aujourd’hui. « Il y a beaucoup de manières de mobiliser. Je sais que vous allez voir régulièrement mes balados. Vous avez vu, avec Louise Beaudoin, Lorraine Pintal, là il y en a deux autres qui s’en viennent où on jase du français, ça fait partie de la mobilisation », a-t-il répondu en conférence de presse.

Source:La presse

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