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Selon un rapport rendu public jeudi, sorte de panorama des risques liés aux catastrophes naturelles au pays (inondations, incendies, tremblements de terre), le Canada n’est pas prêt à affronter de façon optimale des situations d’urgence accentuées par les changements climatiques.
Mauvaise coordination entre les ordres gouvernementaux, communication publique lacunaire, absence de données sur les conséquences de ces catastrophes, des sinistrés non assurés : le Profil national des risques (PNR), première évaluation stratégique des risques de catastrophes à l’échelle nationale, met en lumière plusieurs paramètres à améliorer.
Parmi les points faibles : un manque de données sur les vastes conséquences psychosociales
de ces impondérables, mais aussi de faibles niveaux de souscription à l’assurance dans les zones à haut risque de tremblement de terre et d’inondation
, révèle le rapport qui dresse un état de la situation actuelle, et à venir, sur plus de 200 pages.
Il faudrait aussi combler les lacunes dans la mise en commun des informations entre les systèmes de santé et de gestion des urgences
, ou encore intégrer l’adaptation aux changements climatiques dans la gestion des urgences
.
On apprend également que les mesures de réduction des risques comme les programmes de modernisation d’infrastructures restent insuffisantes
au Canada.
Le document s’adresse aussi bien à la population qu’aux décideurs, lesquels sont invités à améliorer les systèmes de gestion des urgences du Canada de manière proactive, dans leur globalité, en tenant compte de tous les dangers, plutôt que de manière ponctuelle et réactive
.
Le rapport recommande aussi l’intégration des connaissances autochtones qui pourraient jouer un rôle essentiel
dans la gestion des urgences, alors que les communautés autochtones sont parmi celles qui courent le plus grand risque d’être exposées à ces enjeux.
Outil de communication
Dévoilé en pleine Semaine de la sécurité civile, il constitue surtout un outil de sensibilisation pour informer les Canadiens aux risques des catastrophes et à leurs possibles conséquences, un autre aspect à améliorer, selon les auteurs qui pointent des lacunes en matière de capacité à sensibiliser les Canadiens aux risques de catastrophes afin de créer une culture de la préparation
.
Ils citent une enquête menée en 2021 par IPSOS pour le gouvernement fédéral, révélant que la plupart des Canadiens sondés (74 %) croient qu’ils vivent dans une région à faible risque (53 %) ou à risque modéré (22 %).
Il n’y a aucune région au pays exempte d’être exposée aux risques
, a tenu à préciser le ministre de la Protection civile, Bill Blair, au dévoilement du rapport, jeudi.
« Nous voulons que les Canadiens soient plus au courant des risques par rapport à l’endroit où ils vivent. »
Le ministre a rappelé qu’en raison des changements climatiques, la sévérité et la fréquence de ces événements augmentent, d’où l’importance d’y être mieux préparés.
Le document cite notamment le Rapport sur le climat changeant du Canada
de 2019 : le climat canadien se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale et près de trois fois plus vite dans le nord, ce qui expose la population, l’économie et l’environnement à un risque accru de catastrophes naturelles.
Inondations coûteuses
Les inondations, catégorie de catastrophes la plus dispendieuse, ont coûté environ 1,5 milliard de dollars de dommages par an, dévoile le rapport. Environ 75 % des pertes non assurées chaque année reviennent aux propriétaires résidentiels.
Pour les résidents des zones inondables éprouvant des difficultés à se faire assurer, Ottawa envisage différents moyens pour aider, atténuer une partie du risque, que l’assurance soit un produit disponible pour ces Canadiens
, a promis M. Blair en conférence de presse.
Le ministre a aussi mentionné la mise en place d’un portail public cartographiant les secteurs à risque d’inondations d’ici la prochaine année et demie.
Pour illustrer les coûts exponentiels des catastrophes naturelles, M. Blair a rappelé l’existence du Fonds d’assistance d’urgence en cas de désastre, dont Ottawa peut payer jusqu’à 90 % des coûts. Cela représente près de 80 milliards de dollars ces 50 dernières années, avec 75 % du montant [attribué ] ces 10 dernières années
, a résumé le ministre.
Alors que d’autres types de catastrophes émergent, le Profil national des risques sera élargi aux dangers d’origine humaine, comme les actes de terrorisme ou les cyberattaques, qui pourraient avoir des répercussions importantes sur la sécurité nationale et la prospérité économique du Canada.
Source: Radio-Canada