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Le Canada et les États-Unis comptent resserrer davantage leur collaboration en matière de gestion des urgences devant la multiplication des catastrophes naturelles causées par les changements climatiques qui affectent les deux pays.
À titre d’exemple, les responsables de la protection civile des deux côtés de la frontière comptent mener un nombre croissant d’exercices communs afin d’être en mesure de répondre adéquatement et rapidement à des catastrophes naturelles telles que les incendies de forêt, les inondations et les ouragans.
Le ministre de la Protection civile, Bill Blair, a rencontré l’ambassadeur des États-Unis à Ottawa, David Cohen, en octobre dernier, afin de discuter de ce dossier jugé prioritaire par le gouvernement Trudeau, selon nos informations.
Le ministre a aussi eu des entretiens à ce sujet avec les responsables de la Sécurité intérieure à Washington et de la FEMA (Federal Emergency Management Agency), l’organisme du gouvernement américain qui veille à assurer l’arrivée des secours en situation d’urgence.
Les graves inondations survenues dans la vallée du Fraser en Colombie-Britannique, en novembre 2021, ont démontré l’importance d’avoir une étroite collaboration entre les deux pays pour renforcer les capacités d’intervention à l’échelle nord-américaine, a affirmé M. Blair dans une entrevue accordée à La Presse.
Ces inondations ont entraîné des glissements de terrain et la fermeture des routes entre Vancouver et Kelowna, coupant la province en deux et paralysant la chaîne d’approvisionnement. Au moins 20 tronçons distincts de l’autoroute Coquihalla Highway ont été détruits ou endommagés par les inondations, dont sept ponts.
Les camions transportant des biens de première nécessité comme des médicaments, de la nourriture ou encore de l’essence ont été contraints de passer par les États-Unis pour être en mesure de livrer leur marchandise en Colombie-Britannique ou en Alberta.
Plus récemment, l’ouragan Fiona qui a frappé de plein fouet l’est du Québec et les provinces atlantiques, causant d’importants dommages aux infrastructures essentielles et détruisant de nombreux bâtiments, a démontré que le Canada n’est guère à l’abri de ce genre de phénomènes météorologiques extrêmes qui sont monnaie courante aux États-Unis.
Les changements climatiques « changent la donne »
« Nous avons toujours eu une bonne collaboration entre les deux pays et les services d’urgence. Mais l’enjeu des changements climatiques change la donne. Le meilleur exemple de cela, ce sont les inondations qui sont survenues en Colombie-Britannique. Les alarmes se faisaient entendre du côté de l’État de Washington. Les gens de la Colombie-Britannique pouvaient les entendre. Mais on n’avait pas un système d’alarme comparable du côté canadien », a indiqué M. Blair.
C’est le débordement du fleuve Nooksack dans l’État de Washington qui a provoqué les inondations en Colombie-Britannique. Cela a mis en relief l’importance d’une plus grande collaboration.
Le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, Bill Blair
Il a rappelé que les voies ferroviaires du CP et du CN ont été inutilisables pendant plusieurs semaines, en plus des autoroutes qui étaient fermées.
Nos infrastructures essentielles ont été durement touchées. Le port de Vancouver était isolé du reste de l’Amérique du Nord. L’Alberta était coupée de la côte Ouest. Mais en quelques heures seulement, grâce à nos relations avec les États-Unis, tout le transport ferroviaire et les camions ont été redirigés sur les routes de l’État de Washington. Le port de Vancouver est le quatrième en importance en Amérique du Nord. Ce port a pu être de nouveau opérationnel en quelques heures », a-t-il dit.
À l’époque, les autorités fédérales craignaient le pire. On estimait que cela pourrait prendre jusqu’à six mois pour reconstruire les routes et les ponts démolis par les inondations en Colombie-Britannique.
« Par miracle, on a pu rouvrir la grande majorité des routes en six semaines. Mais ces inondations ont eu un impact majeur. C’est un exemple que j’ai abordé avec l’ambassadeur Cohen », a dit le ministre.
En 2008, le gouvernement Harper et l’administration Obama ont décidé de mettre sur pied le Groupe consultatif sur la gestion des urgences (GCGU). Ce groupe, qui se réunit sporadiquement, a comme mandat d’appuyer les activités communes de gestion des urgences. Mais à l’heure des changements climatiques, une plus grande collaboration est de mise, estime le ministre de la Protection civile.
M. Blair, qui a dirigé le Service de police de Toronto pendant plusieurs années avant de faire le saut en politique fédérale en 2015, a souligné que les Américains doivent souvent affronter des catastrophes naturelles dévastatrices comme les ouragans ou les incendies en Californie. « Nous pouvons certainement apprendre beaucoup de choses des Américains. Nous partageons une longue frontière et nos économies sont fortement intégrées. »
Nouvelle époque, nouveau ministère
Dans la foulée de la pandémie de COVID-19, le premier ministre Justin Trudeau a décidé de faire de la protection civile un ministère en soi, au lieu de l’inclure dans le ministère de la Sécurité publique.
« Ce n’était pas un hasard. Il faut transformer la façon dont les gouvernements répondent aux multiples formes d’urgence, qui peuvent inclure aussi les séismes, mais également les cyberattaques », a-t-il souligné.
Chose certaine, la multiplication des catastrophes naturelles entraîne un coût important.
Au cours des 18 derniers mois seulement, le gouvernement fédéral a déboursé 7 milliards de dollars dans le cadre des Accords d’aide financière en cas de catastrophe, soit la même somme qu’il avait déboursée durant les 50 années précédentes.
M. Blair a également souligné l’importance de travailler de concert avec les provinces afin de renforcer la gestion des urgences à l’échelle du pays. Cela a d’ailleurs été à l’ordre du jour lors de la réunion des ministres responsables de la gestion des urgences en décembre dernier.
Source: La presse