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Le premier ministre Justin Trudeau n’a pas mâché ses mots au sujet du Bloc québécois, mercredi, alors qu’il a dit croire « fondamentalement » que la formation souverainiste ne se préoccupe pas du sort du français au pays. Or, il s’agit de « mensonges éhontés », réplique le Bloc.
« Ils sont préoccupés par le sort du français au Québec, certainement, mais ils s’en foutent carrément des minorités francophones à travers le pays », a-t-il lâché lors de la période des questions.
M. Trudeau a renchéri que « c’est la “job » du fédéral » de défendre les francophones d’un bout à l’autre du Canada.
Le premier ministre répondait à une question du porte-parole du Bloc québécois en matière de langues officielles, Mario Beaulieu, qui l’accusait d’avoir « cautionné de la désinformation » de certains de ses députés au cours des derniers jours — des députés à qui il reproche au passage d’avoir transformé le comité des langues officielles « en véritable cirque ».
Dans une déclaration écrite transmise à La Presse Canadienne, M. Beaulieu s’est désolé de constater que M. Trudeau « a choisi d’à nouveau propager des mensonges éhontés ».
« Le Bloc québécois est aux côtés des francophones hors Québec et s’emploie actuellement à amender le projet de loi C-13 pour en faire un projet de loi acceptable tant pour les Québécois que les Acadiens et les communautés francophones du Canada », a affirmé M. Beaulieu.
Dans sa question en Chambre, le bloquiste avait demandé au premier ministre de « faire preuve d’un peu de hauteur » et de rassurer les anglophones que ni le projet de loi visant à moderniser la loi sur les langues officielles ni la loi 96 du Québec qui modifie la Charte de langue française ne les empêcheront de recevoir des soins dans leur langue.
Le député faisait référence aux propos de la députée de Saint-Laurent, Emmanuella Lambropoulos, qui a témoigné qu’une grand-mère se serait vu refuser d’être servie en anglais chez le médecin après l’adoption de la loi 96, alors que les services de santé dans la langue officielle de son choix sont garantis au Québec.
Les libéraux assurent être à nouveau unis
L’offensive du premier ministre s’inscrit dans un contexte où des divisions au sein de ses troupes ont éclaté la veille au grand jour lorsqu’un des leurs a reproché à des collègues de mener « un show de boucane […] honteux ».
Mercredi matin, les libéraux ont assuré les uns après les autres être désormais « unis ».
« On s’en va tous dans la même direction », soit l’adoption du projet de loi C-13 visant à moderniser la Loi sur les langues officielles, a déclaré le lieutenant libéral pour le Québec, Pablo Rodriguez, à la suite d’une « excellente réunion » du caucus provincial où « chacun a pu s’exprimer plus d’une fois ».
Les discussions au sein du caucus sont « saines » dans « un gouvernement qui est démocratique », a insisté quelques instants plus tard la députée d’Hochelaga, Soraya Martinez Ferrada. « Aujourd’hui, on est un caucus qui est uni », a-t-elle répété.
Or, les « disputes » doivent rester « en famille » et ne pas être étalées sur la place publique, a estimé le ministre montréalais Marc Miller qui est allé jusqu’à expliquer que les sorties publiques l’inquiètent parce qu’elles sont le symptôme de députés qui n’ont pas eu l’occasion de s’exprimer dans l’« enceinte privilégiée » qu’est le caucus.
Mardi, le député franco-ontarien Francis Drouin a rappelé sur les réseaux sociaux à ses collègues du « Montréal island » qu’ils n’ont pas « le monopole sur la politique linguistique du Canada », non sans ajouter que « la désinformation n’a pas sa place dans ce débat ».
M. Drouin en avait vraisemblablement contre les agissements d’une poignée de députés libéraux de la région de Montréal, dont la députée Lambropoulos. Deux autres, Anthony Housefather et Marc Garneau, ont tenté en vain, vendredi, de retirer toute référence à la Charte de la langue française du projet de loi de leur propre formation politique.
Mercredi, tant le premier ministre Justin Trudeau que le whip en chef du gouvernement Steven MacKinnon ont été questionnés quant à l’idée de réprimander les députés dissidents.
Ils ont respectivement répondu que les députés « sont en train de représenter leur communauté » et que les 338 élus du Parlement sont « élus par nos commettants, et on a tous un rôle à jouer dans l’adoption d’un projet de loi ».
Quant au député Francis Drouin, qui a étalé le linge sale, il a dit n’avoir « aucune idée » si les députés ont été rappelés à l’ordre. « Je ne suis pas whip », a-t-il lancé.
M. Drouin a révélé que « le premier ministre » a lui-même « donné (aux députés) la permission de présenter leur amendement », mais ces derniers ont eu l’occasion de constater qu’ils n’ont « pas de partenaire de danse ».
Selon lui, il n’y a pas de division majeure au sein du caucus. « C’est normal en famille. Moi, je ne m’entends pas toujours avec ma femme. On a des discussions », a-t-il illustré.
Source: La presse