Trudeau nomme une première représentante spéciale pour lutter contre l’islamophobie

27 janvier 2023
Trudeau nomme une première représentante spéciale pour lutter contre l’islamophobie

Assahafa.com

Le Cabinet du premier ministre Justin Trudeau a annoncé, jeudi, la nomination d’une première représentante spéciale pour lutter contre l’islamophobie en la personne d’Amira Elghawaby, une ex-journaliste qui dirigeait jusqu’à présent la Fondation canadienne des relations raciales.

En tant que porte-parole et conseillère du gouvernement, Amira Elghawaby soutiendra les efforts visant à lutter contre l’islamophobie, le racisme systémique, la discrimination raciale et l’intolérance religieuse.

Elle participera aussi à l’élaboration de politiques, de propositions législatives, de programmes et de règlements inclusifs qui reflètent les réalités des musulmans du Canada.

« L’islamophobie est une expérience vécue par les communautés musulmanes de notre pays, et elle exige une action constante. »

— Une citation de  Extrait du communiqué du Cabinet de Justin Trudeau

La nomination de cette représentante spéciale pour lutter contre l’islamophobie – une première au pays – survient à trois jours du sixième anniversaire de l’attentat terroriste qui avait fait 6 morts et 19 blessés à la grande mosquée de Québec. Ce triste anniversaire a été souligné, jeudi, lors de la conférence de presse tenue à Toronto et à laquelle a participé Amira Elghawaby, aux côtés des ministres Ahmed Hussen et Omar Alghabra, le premier s’occupant du Logement, de la Diversité et de l’Inclusion, et le second, des Transports dans le gouvernement Trudeau.

En tant que représentante spéciale, Mme Elghawaby affirme qu’elle a pour mandat de représenter pleinement les musulmans de toutes origines, dans toute leur diversité.

Le sort des femmes, notamment, la préoccupe. En conférence de presse, Mme Elghawaby s’est fait demander si elle portera une attention spéciale aux musulmanes noires qui portent le hijab. En septembre dernier, lors d’une tournée pancanadienne d’audiences sur l’islamophobie, le comité sénatorial des droits de la personne s’était penché sur la situation de femmes musulmanes noires vivant à Edmonton et qui sont victimes de discrimination complexe et multidimensionnelle, pour reprendre les mots de Dunia Nur, présidente de l’African Canadian Civic Engagement Council (ACCEC).

Mme Elghawaby a rappelé que plusieurs incidents horrifiants s’étaient déroulés à Edmonton. L’un d’eux concernait une femme qui était assise dans sa voiture avec sa fille dans le stationnement d’un centre commercial : Un assaillant l’a tirée hors de sa voiture, l’a jetée par terre et l’a battue, et il a pourchassé sa fille, a-t-elle décrit.

Reconnu coupable d’agression et méfait, cet assaillant a été condamné à 16 mois d’emprisonnement. Et il est extrêmement important de voir que ces gestes de haine sont punis par notre système de justice, a déclaré Amira Elghawaby.

« Je comprends absolument les peurs très réelles des femmes musulmanes noires. Des peurs auxquelles, malheureusement, beaucoup de musulmans portant des signes religieux font face au quotidien; des femmes portant le hijab comme moi, par exemple. »

— Une citation de  Amira Elghawaby

Amira Elghawaby soutient que personne ne devrait avoir peur de circuler dans les rues, d’amener ses enfants au parc, d’emprunter les transports collectifs, de se faire injurier ou de se faire lancer des objets. Ces peurs-là ne devraient pas exister au Canada, maintient-elle.

« Je suis déterminée à écouter et à chercher des solutions avec les intervenants auprès des communautés pour que chaque personne se sente en sécurité, quelles que soient ses origines. »

 

 

 

 

 

La Loi sur la laïcité de l’État

Durant la conférence de presse, Ahmed Hussen s’est quant à lui fait demander si le bureau de Mme Elghawaby allait jouer un rôle dans la contestation judiciaire qu’Ottawa compte mener de la Loi sur la laïcité de l’État (aussi connue comme la loi 21), adoptée par le gouvernement du Québec.

Sans répondre directement à la question, le ministre de la Diversité et de l’Inclusion a dit que le rôle de la représentante spéciale en serait un de conseiller et d’expert, afin d’ancrer plus profondément le travail du gouvernement dans sa lutte contre l’islamophobie.

Nous allons travailler étroitement avec elle, a précisé Ahmed Hussen.

Puis, parlant spécifiquement de la Loi sur la laïcité du Québec, le ministre Hussen a déclaré que cet enjeu était fondamental.

C’est un sujet qui touche à la Charte canadienne des droits et libertés, qui touche à la liberté de religion, et nous avons dit très clairement qu’il s’agissait d’une préoccupation pour nous [le gouvernement canadien], a-t-il ajouté.

Le gouvernement de Justin Trudeau avait indiqué, l’an dernier, qu’il n’hésiterait pas à participer à une éventuelle contestation en Cour suprême de la loi 21.

Le gouvernement fédéral a également l’intention de soumettre un renvoi à la Cour suprême sur l’utilisation préventive de la disposition de dérogation, une disposition dont s’est prévalu le gouvernement de François Legault lors de l’adoption de la Loi sur la laïcité de l’État.

Les Communes condamnent l’islamophobie

En mars 2017, la Chambre des communes avait adopté la motion d’une députée libérale, Iqra Khalid, qui condamnait l’islamophobie. Cette motion a fait l’objet de débats acrimonieux, ses opposants accusant ses partisans de vouloir limiter la liberté d’expression.

La députée Khalid, qui représente la circonscription de Mississauga-Erin, a participé à la conférence de presse jeudi annonçant la nomination de Mme Elghawaby.

Présent également, le ministre Omar Alghabra est revenu sur la controverse qui avait entouré cette motion et l’adoption de cette loi. Que peut-il y avoir de controversé dans le fait de condamner une forme de haine?, s’est-il interrogé.

Aujourd’hui encore, a-t-il poursuivi, nous devons composer avec la voix de personnes qui tentent de mousser leur popularité en semant peur et ignorance.

En mars 2022, Statistique Canada avait rapporté que le pays avait enregistré une forte hausse des crimes haineux durant la première année de la pandémie de COVID-19. Ainsi, les services de police du Canada avaient déclaré 2669 affaires de crimes haineux en 2020, soit 37 % de plus qu’en 2019.

C’était aussi le nombre le plus élevé de crimes du genre enregistré depuis que des données comparables sont disponibles, en 2009.

Source: Radio-Canada

Derniers articles
Les cookies nous permettent de personnaliser le contenu et les annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Nous partageons également des informations sur l'utilisation de notre site avec nos partenaires de médias sociaux, de publicité et d'analyse.
j'accepte!