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Un regroupement d’organismes pro-mobilité déplore « la lenteur » du gouvernement Legault à présenter un plan pour réformer le modèle de financement du transport collectif, un exercice pour lequel la ministre Geneviève Guilbault a néanmoins montré de l’ouverture.
Il est encore de temps d’éviter le pire », affirme d’emblée l’Alliance TRANSIT, qui milite pour un meilleur financement du transport collectif, dans une missive parue mardi en fin d’avant-midi.
Composée d’experts, d’organismes défendant les droits des usagers et d’acteurs de la société civile, la coalition affirme que Québec doit rapidement faire « connaître ses intentions concernant le financement de l’ensemble des transports terrestres, alors que sa principale source de revenus, la taxe sur l’essence, stagne et est appelée à décroître dans les prochaines années ».
Non seulement le financement est manquant, mais il est en plus à la baisse, ce qui entraîne des réductions de service « évitables », martèlent les membres de l’association. Le plus récent exemple, disent-ils, est l’annulation du service d’autobus « toutes les 10 minutes max » de la Société de transport de Montréal (STM) sur les huit lignes qui offraient encore ce service à l’heure de pointe.
« Il y a urgence à court et moyen terme, il faut aller beaucoup plus vite », martèle le responsable au transport du Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-MTL), Blaise Rémillard, dont le groupe est membre de l’Alliance. M. Rémillard déplore notamment n’avoir « aucun signal particulier du gouvernement sur ce dossier pourtant pressant ».
En décembre, La Presse rapportait que le manque à gagner causé par la pandémie dans les finances des sociétés de transport en commun risque d’atteindre les 900 millions d’ici cinq ans, selon l’Association du transport urbain du Québec (ATUQ). Seulement à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), le manque est de 500 millions et à la STM, près de 80 millions. La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, avait reconnu dans la foulée qu’à long terme, « on ne peut pas fonctionner comme ça d’année en année, avec des aides d’urgence à la dernière minute ».
Quelles actions à court terme ?
D’après Florence Junca-Adenot, professeure au département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM et membre-experte de l’Alliance, quatre actions immédiates peuvent être prises par le gouvernement Legault, en attendant une refonte plus complète du modèle de financement.
Parmi elles : « déployer de nouvelles aides d’urgence, relever le taux de la taxe sur l’essence qui n’a même pas été augmenté depuis 2013, compenser la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) pour l’incapacité de la SAAQ à percevoir la taxe sur l’immatriculation des véhicules dans l’ensemble de son territoire, […] puis autoriser l’ARTM à ajouter deux ou trois cents à la taxe sur l’essence », détaille-t-elle.
Chez Trajectoire Québec, la directrice générale Sarah V. Doyon affirme que les gouvernements devront dorénavant « tenir compte du fait que le télétravail amène des déplacements moins structurés, donc plus coûteux ». « Il s’agit d’une opportunité d’offrir des services de transport collectif qui répondent à l’ensemble des besoins de déplacements, pas seulement les déplacements domicile-travail. Les transports en commun sont loin d’être vides. Ce qui est inacceptable, c’est qu’il faille que les autobus et les métros soient en surcapacité pour permettre de boucler le budget des sociétés de transport », illustre-t-elle.
L’Alliance TRANSIT prévoit dévoiler « dans les prochaines semaines » une série de solutions pour mieux financer l’industrie, dans le cadre du Chantier sur le financement de la mobilité durable du ministère des Transports du Québec (MTQ). « Nos recommandations permettront non seulement d’assurer le maintien des services actuels, mais aussi de financer la hausse de la capacité, de la qualité et de la couverture des réseaux de transports collectifs », affirme le coordonnateur principal de la coalition, Samuel Pagé-Plouffe.
Source: La presse