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Le gouvernement Ford s’attaque aux listes d’attente pour les opérations de la cataracte, notamment, ainsi que pour certains tests, en se tournant vers les cliniques privées. La province y financera près de 19 000 opérations supplémentaires de la cataracte par année.
Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a dévoilé lundi son plan en trois étapes.
Pour lui, l’objectif est de réduire l’arriéré actuel pour les interventions chirurgicales et les examens diagnostiques, et aider à désengorger les hôpitaux.
Il promet que les patients n’auront rien à payer de leur poche, « à l’exception des frais de stationnement » à la clinique privée.
« Les Ontariens continueront à avoir accès à des soins grâce à leur carte santé, pas leur carte de crédit. »
M. Ford cite l’exemple du Québec, notamment, qui a aussi recours à des cliniques privées et déplore les « débats sans fin » au sujet de la privatisation.
Un plan en 3 étapes
Le premier ministre Ford explique que le gouvernement met d’abord l’accent sur les opérations de la cataracte, pour lesquelles les temps d’attente sont « parmi les plus longs » actuellement.
Il promet de nouveaux partenariats avec des cliniques à but lucratif à Windsor, Kitchener-Waterloo et Ottawa et un octroi de plus de 18 millions de dollars pour les établissements privés existants un peu partout dans la province, permettant :
- 14 000 opérations de la cataracte de plus par année dans de nouveaux centres privés, soit près de 25 % de l’arriéré actuel
- 4800 opérations additionnelles contre la cataracte dans les établissements existants
- 1000 chirurgies gynécologiques en clinique privée
- 49 000 heures de services d’imagerie diagnostique dans des cliniques privées
Selon la province, cela devrait permettre, d’ici mars, de revenir aux temps d’attente qui prévalaient avant le début de la pandémie.
Dans un deuxième temps, le gouvernement doit bonifier l’offre de services en clinique privée, entre autres pour les examens d’imagerie diagnostique, les colonoscopies et les endoscopies.
Troisièmement, le gouvernement Ford doit présenter un projet de loi en février pour inclure plus de tests par imagerie et davantage d’opérations de remplacement de la hanche et du genou par le privé à partir de 2024.
« Les gens pourront profiter de la vie plutôt que de souffrir de douleurs dans l’attente de leur opération. »
Pour M. Ford, ce n’est pas une question « idéologique ». Les hôpitaux, dit-il, pourront se concentrer sur les interventions chirurgicales plus complexes.
Dangers pour le système public?
Certains critiques soutiennent toutefois que le plan du gouvernement risque de siphonner des ressources, y compris du personnel, du système de santé public sans accroître la qualité des soins.
La ministre de la Santé, Sylvia Jones, rejette ces craintes, affirmant que le gouvernement a accentué le recrutement d’infirmières dans les hôpitaux et facilité l’intégration des infirmières formées à l’étranger. Pour elle, il faut réduire rapidement les temps d’attente, d’où le recours au privé.
Il y a actuellement environ 900 cliniques privées faisant des examens médicaux ou des opérations dans la province. Chaque nouvel établissement devra obtenir un permis du ministère de la Santé, assure Mme Jones.
Les soins actuels continueront à être couverts par le gouvernement, même s’ils sont prodigués par le privé, promet-elle. Toutefois, elle n’écarte pas la possibilité que des cliniques privées puissent offrir aux patients des services supplémentaires qu’ils devraient payer de leur poche.
Le chef intérimaire des libéraux John Fraser dit que les Ontariens ne peuvent pas faire confiance
aux conservateurs, accusant Doug Ford d’avoir créé une crise dans les hôpitaux
en plafonnant les augmentations de salaire à 1 %.
« C’est le même Doug Ford qui a promis qu’il ne toucherait pas à la Ceinture de verdure. »
Les libéraux ajoutent que la vérificatrice générale a prévenu dans un rapport en 2021 que nombre de patients qui ont une opération de la cataracte dans une clinique privée se plaignent de frais injustifiés ou de ne pas avoir été informés du fait qu’ils pouvaient recevoir une procédure de base couverte par la province plutôt qu’une autre plus coûteuse.
M. Ford précise, de son côté, que son plan est permanent et que le gouvernement continuera à avoir recours à des cliniques privées, même une fois que l’arriéré en matière d’interventions chirurgicales aura été éliminé.
La ministre Jones ajoute que le gouvernement pourrait élargir encore davantage à l’avenir la gamme de services médicaux offerts par le privé si besoin est, sans donner d’échéancier.
Source: Radio-Canada