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Une demande d’accès à l’information présentée à la GRC a souvent eu plus de chances d’être traitée rapidement si elle était rédigée en anglais plutôt qu’en français, selon une enquête menée par le Commissariat aux langues officielles.
Statistiques à l’appui, le chien de garde du bilinguisme au pays a conclu à une violation de la Loi sur les langues officielles dans un rapport découlant du dépôt d’une plainte de La Presse.
Une analyste, que nous avions choisi de ne pas nommer, avait prévenu dans un courriel de suivi en 2021 que les requêtes formulées dans la langue de Molière prenaient plus de temps à aboutir puisque « le nombre d’employés dans [le] bureau est très limité ».
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) s’est notamment défendue en plaidant qu’il y avait eu « malentendu », et qu’elle traitait « toutes les demandes selon leur ordre de réception, et ce, indépendamment de leur langue ».
L’institution a aussi montré du doigt les délais de l’accès à l’information en général.
Le Commissariat a malgré tout déterminé qu’il y avait déséquilibre dans l’administration des plaintes en anglais et en français – en 2019, ces dernières étaient « traitées de façon moins efficace », et en 2020, « de façon légèrement moins efficace ».
La GRC n’avait en revanche rien à se reprocher pour l’année 2021, a souligné l’agent du Parlement. Et vu le fait que « 45 % de l’ensemble des postes (pourvus et vacants) sont identifiés “bilingue” », la capacité bilingue est « suffisante », juge-t-il.
Malgré tout, « compte tenu des écarts statistiques révélés par l’enquête en ce qui concerne les demandes en français, le Commissaire aux langues officielles encourage la GRC à réviser ses pratiques internes », lit-on dans le rapport final d’enquête.
Un problème plus large qui va en empirant
Au cours de l’enquête, la GRC a souligné que l’enjeu de la langue n’était pas le nœud du problème : la liste des coupables inclut les « ressources insuffisantes », les « logiciels désuets » et les « politiques internes inefficaces ».
Et ceux qui se frottent au mécanisme de l’accès à l’information ne sont pas au bout de leurs peines, avertit-elle : « Les difficultés ont été aggravées par la pandémie de COVID-19, qui a fortement ébranlé la capacité de traiter les demandes et de respecter les délais. »
La GRC aura heureusement une affaire de moins à traiter : le 23 décembre 2022, La Presse a enfin reçu des documents – quasi exclusivement en anglais, comme c’est généralement le cas – en réponse à une demande formulée… le 18 septembre 2018.
Source: Radio-Canada