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Les dirigeants des trois gouvernements de l’Amérique du Nord, les disant « Trois Amigos », se réunissent cette semaine à Mexico : le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador est l’hôte de son homologue des États-Unis, Joe Biden, et du premier ministre du Canada, Justin Trudeau.
L’avion transportant le premier ministre Trudeau et son épouse s’est envolé vers 10 h de l’Aéroport international Macdonald-Cartier d’Ottawa. Il devrait se poser vers 14 h 40 à l’Aéroport international Felipe Ángeles de Mexico.
Le potentiel de ce sommet pour l’Amérique du Nord est immense », selon Eric Farnsworth, l’ancien responsable de la Maison-Blanche de l’ère Clinton qui dirige maintenant le bureau de Washington du Conseil des Amériques et de la Société des Amériques.
Eric Farnsworth croit qu’une perspective continentale sera essentielle pour faire des progrès substantiels sur des questions telles que les chaînes d’approvisionnement renforcées, l’atténuation de l’influence de la Chine et la constitution d’une main-d’œuvre du XXIe siècle au lendemain de la pandémie de COVID-19.
« Nous espérons que les dirigeants, lorsqu’ils se réuniront pour discuter de certaines de ces questions, garderont à l’esprit la vision fondamentale de ce que l’Amérique du Nord pourrait vraiment être », a-t-il dit lors d’une table ronde vendredi dernier.
« Nous ne pouvons pas faire ces choses sans nos partenaires au Canada et au Mexique ; c’est juste fondamental pour notre propre bien-être. Et cela doit donc être le message sous-jacent des dirigeants lorsqu’ils se réunissent. »
Ce lundi, le premier ministre Trudeau participera à une discussion en fin d’après-midi avec des chefs d’entreprises de tout le continent avant que le sommet ne commence officiellement mardi.
Pendant que M. Trudeau sera en vol, Joe Biden – fraîchement sorti de sa première visite présidentielle à la frontière sud politiquement tendue – tiendra une réunion bilatérale avec son homologue mexicain. Un tête-à-tête entre les dirigeants du Canada et des États-Unis ne devrait avoir lieu que mardi matin.
« C’est une réunion trilatérale, mais de nombreux points bilatéraux sont également abordés lors de ces réunions », explique Gary Doer, qui a été ambassadeur du Canada aux États-Unis de 2009 à 2016.
Le premier ministre canadien de l’époque, Stephen Harper, a eu plusieurs rencontres en tête-à-tête avec son homologue américain Barack Obama la dernière fois que le sommet a eu lieu au Mexique en 2014, de rappeler M. Doer.
Avec les fabricants canadiens et mexicains ajoutés à la 11e heure au plan du président Biden visant à encourager la vente de véhicules électriques respectueux du climat, il y aura de la place pour parler d’irritants plus familiers comme les différends commerciaux et le protectionnisme américain.
Sur ces fronts, les points de discussion ne manqueront pas.
Les États-Unis soutiennent que le marché canadien des produits laitiers soumis à la gestion de l’offre prive les producteurs américains d’un accès équitable aux clients au nord de la frontière. Washington affirme aussi que le Mexique favorise injustement les fournisseurs d’énergie nationaux.
Pour leur part, le Mexique et le Canada reprochent aux États-Unis de ne pas jouer équitablement en ce qui concerne la façon dont ils définissent le contenu étranger dans leurs chaînes d’approvisionnement automobiles.
Le Mexique subit également des pressions pour s’entendre avec les États-Unis sur le projet du président Lopez Obrador d’interdire les importations de maïs génétiquement modifié et de l’herbicide glyphosate, un décret qui a provoqué la colère des agriculteurs américains.
Ensuite, il y a le Buy American, la doctrine américaine de longue date et politiquement populaire consistant à préférer les fournisseurs nationaux à ceux des alliés voisins.
Le Canada a peut-être évité la catastrophe lorsque les crédits d’impôt pour véhicules électriques du président Biden ont été modifiés l’année dernière pour inclure les fabricants nord-américains, mais le président manque encore rarement une occasion de vanter les chaînes d’approvisionnement fabriquées en Amérique.
Et les incitations à l’énergie verte actuellement en place aux États-Unis posent toujours des défis au Canada, d’après Louise Blais, une diplomate canadienne à la retraite qui a été ambassadrice à l’ONU et consule générale à Atlanta.
« Je m’attends à ce que le président mexicain et le premier ministre canadien soulèvent cette question avec le président pour dire : « Écoutez, nous devons avoir une approche plus continentale pour certaines de ces politiques. » Il est dans l’intérêt des États-Unis de mettre en place ces mesures afin qu’elles stimulent vraiment la prospérité à travers leur propre pays », selon Mme Blais.
En tant que pays qui n’est pas à l’abri des influences de la migration irrégulière et du flux de fentanyl à la frontière américano-mexicaine, le Canada devra également faire partie de cette conversation, qui devrait largement dominer l’ordre du jour.
Les autorités des douanes et de la protection des frontières des États-Unis ont signalé près de 2,4 millions d’expulsions et d’arrestations à la frontière sud ou à proximité au cours du dernier exercice, soit une augmentation de 37 % par rapport à l’exercice précédent. Il y aurait une augmentation post-pandémique de la migration irrégulière dans les deux sens à la frontière nord.
La visite de Joe Biden dimanche à la frontière sud a fait suite à une nouvelle répression contre les migrants irréguliers de Cuba, d’Haïti et du Nicaragua, en plus des restrictions existantes contre les migrants vénézuéliens.
Dans le même temps, les États-Unis prévoient d’accueillir 30 000 nouveaux immigrants par mois des quatre pays au cours des deux prochaines années, à condition qu’ils soient éligibles pour travailler et entrer légalement dans le pays.
Brian Nichols, secrétaire d’État adjoint américain aux affaires de l’hémisphère occidental, a clairement indiqué lors d’une table ronde au Wilson Center vendredi que les liens uniques de son pays avec le Canada ne seront pas perdus au Mexique.
« C’est une conversation familiale d’une manière que vous n’avez souvent pas avec d’autres nations », selon Brian Nichols. « La bonne volonté de faire avancer notre avenir commun dans ces conversations est quelque chose qui ressort vraiment. »
Le Canada, cependant, ne veut pas être assimilé au Mexique en ce qui concerne ses relations avec les États-Unis, signale Scotty Greenwood, directeur général du Canadian American Business Council. « Il veut avoir sa propre relation unique avec les États-Unis, alors, nous verrons comment le Canada se comportera face à » l’idée nord-américaine « .
Le président Biden n’a pas encore visité le Canada en personne depuis son entrée en fonction – une tradition bilatérale de longue date qui survient généralement peu de temps après une investiture présidentielle, mais qui a été court-circuitée en 2021 par la pandémie.
Les réunions de cette semaine au Mexique pourraient fournir une nouvelle indication sur le moment où le voyage promis depuis longtemps par Joe Biden dans le nord – confirmé au cours de l’été, mais interrompu à nouveau lorsque le président lui-même a été déclaré positif à la COVID-19 – pourrait enfin avoir lieu.
Source: La presse