Assahafa.com
La polarisation des débats aux États-Unis représente une menace réelle de ce côté-ci de la frontière, à en croire le rapport annuel d’un important centre d’études et de recherches américain publié mardi.
Ses auteurs tirent la sonnette d’alarme. Sous l’influence des États-Unis, les différends politiques au Canada risquent, selon eux, de s’envenimer en 2023, d’autant plus que la perspective d’un déclenchement électoral hâtif se rapproche de plus en plus.
Cette analyse émane du rapport « Top Risks 2023 » du groupe Eurasia, qui dresse chaque année la liste des 10 menaces les plus importantes à surveiller au niveau international, et d’un sous-rapport, également diffusé mardi, portant exclusivement sur les implications de ces menaces pour le Canada.
Cette fois, le classement est dominé par la Russie. Cet État voyou
, humilié
dans la foulée de son invasion en Ukraine, pose maintenant une grave menace à la sécurité de l’Europe, des États-Unis et au-delà
, met en garde le groupe de réflexion.
L’emprise du président chinois Xi Jinping sur son pays, l’utilisation des nouvelles technologies par les régimes autocratiques, l’onde de choc provoquée par l’inflation, l’isolement de l’Iran sur la scène internationale, la hausse du prix de l’énergie et le manque d’accès à l’eau potable figurent également parmi les principaux périls appréhendés.
Quelque chose a changé
au Canada
Le Canada, pour sa part, apparaît à la rubrique Les États-Divisés d’Amérique
(« Divided States of America », en anglais), dans laquelle les auteurs du rapport soulignent l’existence d’un risque croissant de violence politique
des deux côtés de la frontière.
À mesure que le climat politique se réchauffera, nous assisterons à une coordination de plus en plus étroite entre les groupes marginaux d’extrême droite et d’extrême gauche américains et canadiens – avec un risque croissant de perturbations, de manifestations, de désobéissance civile et même de violence
, entrevoient-ils.
Pour preuve, les auteurs affirment que si le Canada a longtemps semblé imperméable aux divisions politiques et aux dysfonctionnements apparents [aux États-Unis]
, le convoi de camionneurs qui a occupé Ottawa l’an dernier a fait la démonstration que quelque chose a changé
dans la culture politique canadienne.
Le rapport montre notamment du doigt la pénétration de l’écosystème médiatique américain au Canada qui, prédit-il, continuera en 2023 de faciliter
la contagion des débats ayant cours aux États-Unis de ce côté-ci de la frontière.
Ses auteurs blâment en outre les partis qui, à Ottawa, [amplifient] les tensions rurales-urbaines et est-ouest à des fins politiques
.
« À Ottawa, les attaques incendiaires contre le premier ministre Justin Trudeau […] se heurteront à des tentatives de dépeindre l’opposition conservatrice comme une version canadienne du trumpisme. Les deux expressions sont exagérées… mais elles continueront d’exercer de la traction. »
Le sous-rapport pour le Canada publié par Eurasia mardi prévient aussi des risques que constituent les relations tendues qu’entretient actuellement le fédéral avec la Chine, récemment étiquetée par le gouvernement Trudeau comme une « puissance mondiale de plus en plus perturbatrice ».
Il avertit aussi des dangers associés à l’inflation galopante, qui pourrait avoir d’importantes conséquences sur un marché de l’immobilier qui défie les lois de la gravité
, et à la hausse du prix de l’essence à la pompe, qui pourrait relancer le débat sur la taxe carbone.
C’est la première fois que le Canada fait son apparition dans le rapport « Top Risks » d’Eurasia depuis sa création, en 2007.
Basée à New York, l’organisation célèbre cette année ses 25 ans d’existence. Elle compte de nombreux Canadiens dans ses rangs, dont Gerald Butts, qui a quitté son poste de chef de cabinet du premier ministre Trudeau au début de l’année 2019.
Source: Radio-Canada