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La première ministre albertaine, Danielle Smith, a présenté l’ensemble de ses mesures pour aider les Albertains à combattre l’inflation, mardi soir, lors d’un discours télévisé. Elle a aussi tenté de rassurer la population sur les positions controversées qu’elle a prises dans le passé, promettant d’être humble et d’admettre ses erreurs à l’avenir.
Durant une dizaine de minutes, Danielle Smith a détaillé sa vision pour surmonter les trois plus grands défis auxquels fait face la province, selon elle : la crise du coût de la vie, les retards dans le système de santé et les ingérences du gouvernement fédéral dans les champs de compétence provinciale.
La première ministre a l’intention de présenter un projet de loi détaillant ses mesures d’aide anti-inflation, dès la reprise des travaux parlementaires mardi prochain.
« En tant que province, nous ne pourrons pas régler cette crise de l’inflation seule, mais grâce à notre position fiscale avantageuse et notre budget équilibré, nous pouvons offrir un répit important aux familles albertaines, pour qu’elles soient capables de traverser cette tempête », a-t-elle déclaré.
Le projet de loi comprendra notamment :
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un montant de 600 $ sur six mois pour les aînés et les parents dont le ménage gagne moins de 180 000 $ par année;
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un montant de 600 $ sur six mois pour les récipiendaires de l’aide sociale, de l’allocation pour personnes lourdement handicapées et de l’allocation pour personnes ayant un trouble de développement;
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la suspension de la taxe provinciale sur les carburants pour six mois, puis une remise en place de façon permanente du programme de rabais en fonction du prix du baril de pétrole;
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une indexation des paliers d’imposition rétroactivement au début de 2022;
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dès janvier, une réindexation des allocations pour personnes lourdement handicapées, ayant un trouble de développement, de celle pour les enfants et les familles et celle pour les personnes âgées;
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un rabais de 200 $ par ménage sur la facture d’électricité, entre janvier et avril;
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une limitation des hausses de prix de l’électricité durant l’hiver;
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la continuation du programme de rabais sur le gaz naturel;
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un investissement dans les banques alimentaires et les passes de transport pour personnes à faible revenu.
Au total, ces mesures coûteront 2,4 milliards de dollars, alors que la province projette des surplus de 13 milliards de dollars, notamment en raison de l’explosion des prix du baril de pétrole.
Danielle Smith a aussi réitéré sa volonté de réformer le système de santé, elle qui a renvoyé le conseil d’administration de Services de santé Alberta la semaine dernière et l’a remplacé par un administrateur, le Dr John Cowell. Celui-ci a pour mandat d’améliorer les temps de réponse des ambulances, de faire diminuer le temps d’attente aux urgences et pour les chirurgies, et d’entreprendre des consultations pour réformer le système à long terme.
Le gouvernement fédéral a été la cible d’attaques féroces de la part de la première ministre, qui a dénoncé ses ingérences dans les champs de compétences provinciales. Elle a affirmé que la constitution canadienne établit quels sont ces champs de compétences exclusifs, mais a passé sous silence que certains d’entre eux sont partagés par les provinces et le fédéral.
À travers le programme de péréquation et des transferts, le gouvernement fédéral achemine des milliards de dollars provenant des revenus des contribuables dans un trou noir de bureaucratie fédérale et des ententes pour acheter des votes ailleurs au pays
, accuse Danielle Smith.
« Ces attaques fédérales continues sur notre économie et nos droits provinciaux ne peuvent pas continuer. »
Elle réitère sa promesse de présenter dès le début de la session législative, la semaine prochaine, ce qu’elle appelle désormais son « projet de loi sur la souveraineté de l’Alberta dans un Canada uni ». Ce changement de titre reflète les inquiétudes de plusieurs groupes, qui craignaient qu’elle cherche à séparer l’Alberta du pays. Danielle Smith assure que ce n’est pas le cas.
Elle dit plutôt chercher à établir un bouclier constitutionnel
, promettant de ne pas appliquer des lois et politiques fédérales qu’elle juge contraires aux intérêts de la province. Ce projet de loi est qualifié d’inconstitutionnel par une majorité d’experts et dénoncé par des Premières Nations de l’Alberta.
Danielle Smith promet une approche plus humble
En conclusion de son discours, Danielle Smith a promis qu’elle admettra ses erreurs à l’avenir, à l’instar de l’ancien premier ministre albertain Ralph Klein, reconnu pour sa capacité à s’excuser publiquement lorsque nécessaire.
Vous servir comme première ministre est de loin la chose la plus difficile que j’ai jamais faite. Je suis loin d’être parfaite et je fais des erreurs
, a-t-elle admis.
J’ai passé des décennies dans les médias et comme animatrice d’émissions à discuter de centaines de sujets. J’ai parfois pris des positions controversées et plusieurs d’entre elles ont évolué ou changé, à force de vous écouter. Je sais que je ne suis plus une animatrice ou une commentatrice dans les médias. Ce n’est plus mon travail. Mon travail est maintenant de servir les Albertains avec tout ce que j’ai, aussi imparfait soit-il
, a affirmé la première ministre.
Elle cherche ainsi à se distancier des controverses qui ont miné son début de mandat, comme son affirmation que les personnes non vaccinées sont les plus discriminées qu’elle ait vues de sa vie ou que l’Ukraine et l’OTAN pourraient être responsables de l’invasion russe en Ukraine. Elle s’est expliquée ou excusée pour ces prises de position.
Danielle Smith lance ce message alors qu’elle ne dispose que de sept mois jusqu’aux prochaines élections provinciales, et alors que de récents sondages placent son parti en retard dans les intentions de vote par rapport à l’opposition néo-démocrate.
Source: Radio-Canada