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Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est venu poser, jeudi et vendredi, une autre pierre à la reconstruction de la relation entre le Canada et les États-Unis, mise à mal sous la présidence de Donald Trump.
La visite de deux jours de M. Blinken s’est conclue vendredi par un passage à Montréal en compagnie de son homologue canadienne, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly.
Il s’est rendu à la Biosphère, sur l’île Sainte-Hélène, où il a rencontré des étudiants universitaires. Il a expliqué que l’un des mandats que lui a confiés le président Joe Biden à son entrée en poste était de renouer les liens avec les partenaires les plus proches, [dont] le Canada
, a-t-il affirmé.
On a besoin de travailler ensemble et on commence surtout avec les partenaires qui partagent les mêmes valeurs et plus ou moins les mêmes intérêts
, a-t-il fait valoir.
C’est important de travailler en coalition, parce qu’on sait que les plaques tectoniques changent à travers le monde. On voit une augmentation des autocraties, la démocratie est testée
, a renchéri Mme Joly à ses côtés.
Quelle aide apporter à Haïti?
Auparavant, M. Blinken et son homologue Mélanie Joly s’étaient rendus au marché Jean-Talon, où ils ont été reçus par un groupe de manifestants qui exprimaient leur opposition à toute intervention étrangère en Haïti.
Une des manifestantes a fait valoir qu’Haïti n’a pas besoin de militaires, de gens armés jusqu’aux dents. Haïti a besoin qu’on la laisse s’autodéterminer, surtout.
La demande d’aide internationale a été formulée par l’actuel premier ministre d’Haïti, Ariel Henry, qui dirige le pays depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021. Cependant, des Haïtiens estiment que M. Henry, n’étant pas élu, n’a pas la légitimité de formuler une telle demande.
La situation en Haïti est l’un des dossiers importants que le secrétaire d’État américain est venu discuter avec les Canadiens. Pour ce qui est de l’aide humanitaire à apporter à ce pays ravagé par une crise humanitaire, Mme Joly et M. Blinken ont voulu accorder leurs violons.
Cependant, la question d’une éventuelle intervention n’a visiblement pas été réglée. Mme Joly a insisté sur le fait que ce sont aux Haïtiens de trouver des solutions.
Elle s’est bien gardée de parler d’une intervention militaire. Notre but, c’est d’aider. Notre but, ce n’est pas d’intervenir et d’imposer. Notre but, c’est d’aider, parce qu’on a une obligation d’aider
, a-t-elle insisté, « mais on doit s’assurer qu’il y a des forces régionales d’impliquées ».
Bien qu’il se soit rangé derrière l’idée qu’il faut des solutions qui viennent d’Haïti
, M. Blinken s’est montré plus tranchant que son homologue canadienne au sujet des bandes criminelles. Les gangs sont connectés à des élites qui les dirigent, qui les financent et l’État ne contrôle pas
; d’où la nécessité, selon lui, d’exercer une pression sur les élites qui contrôlent les gangs
.
Le secrétaire d’État américain a ajouté qu’il faut probablement faire plus pour soutenir la police, pour soutenir la force haïtienne, pour ramener le contrôle des affaires dans leurs mains
.
Toutefois, il n’a pas évoqué explicitement l’intervention militaire.
Important dispositif de sécurité
M. Blinken était entouré d’un important dispositif de sécurité d’une vingtaine de véhicules. Ce sont les services secrets américains qui escortaient le secrétaire d’État, comme c’est la règle dans les déplacements des dirigeants américains à l’étranger, a expliqué Normand Desrochers, ancien policier de la Sûreté du Québec, à l’émission Le 15-18 d’ICI Première.
Selon lui, ce sont eux qui dictent les mesures de sécurité à l’étranger. Ils circulent également avec leurs propres véhicules. La GRC et les policiers locaux participaient aussi au dispositif de sécurité.
Source: Radio-Canada