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L’ambassade du Canada en Chine aura bientôt une nouvelle locataire : le gouvernement Trudeau a confié les clés à une diplomate de carrière, Jennifer May, qui sera la première femme à occuper ce poste névralgique. Une fois ses valises posées, celle-ci a l’intention de visiter le Xinjiang, pour voir de ses yeux comment les Ouïghours y sont traités.
Titulaire d’un diplôme de l’Université Laval, s’exprimant dans un français impeccable, la diplomate compte plus de trois décennies d’expérience dans des missions canadiennes à Hong Kong, en Thaïlande, en Allemagne, au Brésil, et en Chine.
Celle dont le profil diffère nettement de celui des deux derniers choix de Justin Trudeau pour cette affectation – John McCallum, ancien ministre libéral, et Dominic Barton, ex-consultant chez McKinsey – espère arriver à Pékin « le plus tôt possible », dit-elle en entrevue.
J’arrive avec les yeux grands ouverts. Nous ne sommes pas dans la même situation qu’il y a trois ou quatre ans. Nous avons vécu une expérience très difficile [avec l’emprisonnement des deux Michael]. Ce que je cherche, c’est un dialogue direct, clair et franc avec la Chine sur toutes les questions.
Jennifer May, ambassadrice désignée du Canada en Chine
Des questions comme les droits de la personne au Xinjiang, où Jennifer May compte aller.
« Ça fait partie de mes plans », indique-t-elle.
« J’étais responsable des dossiers des droits de la personne quand j’étais en Chine, entre 2000 et 2004. J’ai voyagé au Tibet et dans tout le pays, mais je n’ai malheureusement pas eu la chance d’y aller à cette époque-là », enchaîne la diplomate, qui parle aussi le mandarin.
La Chambre des communes a adopté en février 2021 une motion conservatrice qui reconnaissait l’existence d’un génocide contre les Ouïghours, mais les membres du cabinet Trudeau s’étaient tous abstenus.
Au début septembre, la haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a publié un rapport accusant Pékin de « graves violations des droits de l’homme », voire de « crimes contre l’humanité » à l’endroit de cette minorité.
« C’est un rapport fondamental. À titre d’ambassadrice en Chine, je vais continuer à essayer de contrer ces actions […] et poursuivre les mesures comme la prohibition sur les importations des produits qui viennent du travail forcé », commente Mme May.
Relations tendues
Les contentieux de la relation sino-canadienne ont été légion dans les dernières années. Le gouvernement Trudeau a voulu se rapprocher de l’empire du Milieu à son arrivée au pouvoir, en 2015, allant même jusqu’à jeter les bases d’un traité de libre-échange, mais rien ne s’est concrétisé.
L’affaire Meng Wanzhou, arrêtée au Canada à la demande des États-Unis, a empoisonné cette relation, mené à l’arrestation arbitraire de Michael Kovrig et de Michael Spavor, et à des sanctions commerciales contre les importations de canola et de bœuf.
Récemment, Ottawa a barré l’accès à Huawei pour le déploiement du réseau 5G.
Le gouvernement chinois n’en était pas ravi.
« Ça va être aussi à eux de décider [quelle sera la relation]. Mais on va contester quand il faudra le faire […] Mais, aussi, on va coopérer, dans le secteur de l’environnement par exemple, qui est primordial, et je crois que les Chinois vont chercher à collaborer là-dessus avec nous », soutient Jennifer May.
Stratégie indo-pacifique
L’ambassadrice désignée arrive au moment où la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, planche sur la stratégie indo-pacifique du Canada, qui est très attendue, et qui devrait être connueenir avant la fin de l’année, selon nos informations.
« C’est clair que la Chine, qui est le plus grand pays en Asie, va avoir une position-clé dans la stratégie. Pas seulement à cause de cela, mais parce que c’est un partenaire primordial pour d’autres pays dans la région », note-t-elle.
Il y a évidemment d’autres dossiers qui s’empileront sur le bureau de l’ambassadrice désignée, dont celui des différends entre la Chine en Taiwan. À ce sujet, la position du Canada n’a pas changé : on souhaite une désescalade.
Source: La presse