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La France, pays des Lumières et autres qualificatifs plastronneurs, vit ces derniers temps, au rythme d’un tsunami de scandales qui touchent à la fois la classe politique, le monde des médias et les sphères de la haute finance, ne laissant sur son passage, qu’un amas de victimes, qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer, face à une Justice aux abois et une société civile qui semble avoir tourné le dos au mouvement « Me too ».
Si l’affaire de Damien Abad, l’ex-ministre des solidarités (ça ne s’invente pas), tout fraichement débarqué du gouvernement lors du récent remaniement ministériel, dans le sillage des multiples accusations de viol qui pèsent contre lui, fait désormais la Une de tous les canards français, c’est une pléiade d’autres personnalités françaises qui sont concernées par toute une batterie d’accusations, entre harcèlement sexuel, viol, chantage et autres.
Le silence d’Elisabeth Borne, pourtant une femme à la tête du gouvernement, n’a laissé aucun doute sur le soutien dont a bénéficié son ex-collaborateur dans son éphémère premier cabinet, et a manifestement contribué à renforcer l’idée d’une culture de viol latente au sein de la société française, quand bien même son appel aux victimes à porter plainte contre leur bourreau ait quelque peu raisonné dans les médias, sans toutefois réussir à calmer les accusatrices.
Des hommes et des femmes bourreaux
Et cette culture de viol a incontestablement de beaux jours devant elle, puisque la secrétaire d’Etat, Chrysoula Zacharopoulou, elle aussi accusée par plusieurs patientes de viol du temps où elle exerçait son métier de gynécologue, a été conservée au gouvernement. La Franco-Grecque, macroniste de la première heure, a pu se maintenir à son poste malgré les témoignages qui l’accablent, sur d’éventuels viols perpétrés dans les années 2010 contre d’anciennes patientes, dont l’un, comme le rapporte « Libération », sur une femme ayant raconté « avoir hurlé de douleur et pleuré » après une « auscultation », ce à quoi la médecin avait répondu « arrêtez de faire votre chochotte ».
Un autre chantre du macronisme, ayant profité comme il se doit de sa proximité et de son soutien au président de la République, a littéralement bénéficié d’un non-lieu dans une accusation de viol. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, est accusé par une call-girl de viol, de harcèlement sexuel et d’abus de confiance. La plaignante avait même présenté comme preuves, des SMS insistants que Darmanin lui envoyait pour la pousser à avoir des relations sexuelles avec lui, en échange d’un service administratif. Idem pour une habitante de Tourcoing, qui avait accusé le ministre de l’intérieur français de lui avoir demandé un rapport sexuel en échange de l’aider à trouver un logement social, lorsqu’il était maire de cette ville en 2016.
Cette impunité qui rappelle, sans doute, l’affaire DSK, lui aussi au sommet de la sphère dirigeante avant sa brutale déchéance, semble avoir pris de l’envergure, mais n’empêche pas la parole de se libérer. En témoigne, là encore, l’affaire du politologue Olivier Duhamel, accusé, en 2021, d’avoir agressé sexuellement son beau-fils « Viktor » Kouchner, mineur au moment des faits dans les années 1980 et qui n’est autre que le fils de l’ancien ministre Bernard Kouchner. Prescription oblige, le politologue n’a pas été poursuivi en justice et s’est contenté de prendre une retraite anticipée. La belle affaire !
Sur le même registre, le très médiatisé Nicolas Hulot, ex-ministre de la Transition écologique est accusé de viol et d’agressions sexuelles sur mineurs dans les années 1990, sans pour autant faire l’objet d’une quelconque mesure correctionnelle. En apprenant, par le biais de l’émission « Envoyé Spécial », qu’il est devenu un paria de la scène politique et des plateaux télé, Nicolas Hulot avait alors décidé de « rendre justice » à ses victimes par lui-même, en quittant définitivement la vie politique, lui, qui ne voulait pas, de prime abord, prendre les rênes du ministère dont il s’est occupé pendant un peu plus d’un an.
Tout récemment, c’est un candidat à la présidentielle qui s’est retrouvé sous les feux de la critique lorsque huit femmes l’ont accusé d’agressions sexuelles. Le candidat en question n’est autre que le sulfureux Eric Zemmour, misogyne notoire et nouvelle égérie de l’extrême droite française, qui aurait eu des « comportements inappropriés » envers des femmes, entre 1999 et 2019, lorsqu’il était journaliste au « Figaro ». Une période pendant laquelle Zemmour s’est attaqué à de jeunes stagiaires, qu’il n’hésitait pas à considérer comme sa chasse gardée, comme l’avait indiqué à « Mediapart » son ex-collègue au sein du quotidien français, à laquelle l’éditorialiste politique avait lancé très finement « si maintenant on ne peut plus draguer les stagiaires. Les stagiaires, c’est quand même fait pour faire des p*pes et du café ». Une rhétorique clairement sexiste qui n’a pas suscité l’émoi de RSF et de Christophe Deloire, sans doute par solidarité corporatiste.
Cette affaire renseigne à quel point, même le monde journalistique parisien, pourtant donneur de leçons à souhait lorsqu’il s’agit de harcèlement sexuel, est gangréné par ce fléau. Un autre ponte du journalisme télévisuel, Patrick Poivre d’Arvor, plus communément appelé PPDA, est sous le coup d’une plainte pour avoir imposé, en 2004 et 2009, des rapports sexuels à l’écrivaine Florence Porcel. Une accusation qui s’ajoute à celles de sept autres femmes, sur lesquelles l’ancien présentateur vedette avait exercé un pouvoir autoritaire et agi de manière frauduleuse, sans subir, alors, de réelles sanctions. Toutefois, suite à ces multiples accusations, PPDA avait été remercié de Radio Classique et perdu son émission littéraire sur CNews. Mais le vautour continue de rôder dans la nature !
Cependant, l’affaire qui fait grincer des dents des deux côtés de la méditerranée est celle de l’homme d’affaires Jacques Bouthier, PDG du groupe d’assurance « Vilavi » (ex-Assu 2000) et 487ème fortune de France, lequel a été mis en examen, en mai 2022, pour « traite des êtres humains » alors que d’autres victimes ne cessent de se manifester au Maroc, en témoignant d’horreurs subies de la part du président de l’entreprise et de ses sbires. Ce nouveau dossier, qui a dévoilé les atrocités du monde de l’offshoring au Maroc, promet des révélations explosives dans les prochains jours.
L’actualité française est aujourd’hui truffée de sujets liés au viol et à l’harcèlement sexuel, impliquant de grandes personnalités de la politique, des médias et des affaires. Ces personnalités, dont la plupart demeurent impunies, ne font, pourtant l’objet d’aucune contestation de la part des milieux associatifs et partisans français, qui préfèrent braquer leurs projecteurs sur la prétendue partialité de la Justice marocaine et des affaires de mœurs qu’elle traite. Des affaires qui, pour la France, doivent invariablement aboutir à un non-lieu, pour la seule raison que les accusés sont des journalistes supposément critiques du régime, à l’exemple de Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Souleiman Raissouni, jugés et condamnés pour des crimes de droit commun.
Le deux poids, deux mesures de l’Hexagone, lorsqu’il s’agit de traiter de tels sujets nous édifie sur le fiasco du mouvement « Me too » en France qui, en croyant que le Royaume du Maroc fait toujours partie de sa sphère d’influence exclusive, se permet de s’ingérer dans ses affaires internes et s’évertue à discréditer une justice souveraine, comme si, au final, les tribunaux marocains n’étaient que des succursales de l’hôtel de Bourvallais.
Source: hespress