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Des dirigeants à travers les Amériques, dont le premier ministre Justin Trudeau, ont signé vendredi ce que le président américain Joe Biden a qualifié d’« engagement historique » pour atténuer la pression de la migration vers le nord.
Cet accord, la principale réalisation du Sommet des Amériques qui se tenait en Californie, prévoit que le Canada dépense 26,9 millions cette année pour ralentir le flux de migrants en provenance d’Amérique latine et des Caraïbes.
La Déclaration de Los Angeles sur la migration et la protection comprend également une promesse canadienne d’accueillir 4000 migrants supplémentaires de la région d’ici 2028, ainsi qu’un plan préexistant visant à faire venir 50 000 travailleurs agricoles additionnels du Mexique, du Guatemala et des Caraïbes.
« Chacun de nous souscrit à des engagements et reconnaît les défis que nous partageons tous et les responsabilités qui affectent toutes nos nations », a déclaré M. Biden alors qu’il se trouvait sur la scène avec 19 autres dirigeants.
Il a imputé la pression croissante de l’immigration irrégulière aux retombées économiques de la pandémie de COVID-19, aggravées par la guerre en Ukraine et ce qu’il a appelé les « troubles » provoqués par les autocraties dans la région.
La Colombie, a-t-il dit, accueille des millions de réfugiés du Venezuela, alors que jusqu’à 10 % de la population du Costa Rica est composée de migrants – un problème qui, selon lui, exige une approche collective pour le bien-être et la santé de l’hémisphère.
« Notre sécurité est liée d’une manière que je ne pense pas que la plupart des gens dans mon pays comprennent pleinement, et peut-être pas dans votre pays également », a déclaré M. Biden.
« Notre humanité commune exige que nous prenions soin de nos voisins en travaillant ensemble », a-t-il ajouté.
Le nouveau financement du Canada ira à des programmes visant à améliorer l’intégration et la gestion des frontières, à protéger les droits des migrants et des communautés d’accueil, à faire progresser l’équité entre les genres et à lutter contre le passage de clandestins.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a été interrogée vendredi sur le nombre apparemment dérisoire de nouveaux migrants que le Canada a accepté d’accueillir au cours des six prochaines années. Le Canada en fait déjà beaucoup, a-t-elle affirmé.
« La migration est certainement un problème dans tout l’hémisphère, mais nous savons aussi que nous jouons notre rôle chaque année en acceptant 1 % de notre population en tant que nouveaux immigrants », a déclaré Mme Joly.
« En même temps, nous voulons le faire d’une manière qui respecte le système », a-t-elle ajouté, notant que le Canada et les États-Unis continuent de négocier les termes de l’Entente sur les tiers pays sûrs, qui permet actuellement aux migrants de demander le statut de réfugié au Canada s’ils entrent dans le pays depuis les États-Unis à des points de passage non officiels.
La Déclaration de Los Angeles s’appuie sur quatre axes : la stabilité et le soutien pour les communautés, l’élargissement des voies d’accès légales pour les migrants, une approche humaine des enjeux de migration et une mobilisation d’urgence coordonnée.
D’après les États-Unis, ce plan vise à « mobiliser toute la région autour d’actions audacieuses venant transformer l’approche employée dans l’encadrement de la migration dans les Amériques ».
Cela comprend une foule d’engagements de la part d’États d’Amérique latine et des Caraïbes dans diverses matières allant de la stabilisation économique, à l’aide humanitaire et à la « régularisation » des immigrants irréguliers dans leur pays d’accueil.
Par exemple, la Colombie a déjà régularisé le statut de 1,2 million de Vénézuéliens et s’est engagée à faire de même pour 1,5 million d’autres ressortissants vénézuéliens sur son territoire d’ici la fin de l’été.
Sans surprise, ce sont les États-Unis qui auront le plus à faire. Ils verseront notamment 25 millions US pour soutenir des États mettant en place de nouveaux programmes de régularisation. Ils injecteront aussi 314 millions US dans des efforts de stabilisation ainsi que 65 millions US dans un projet pilote d’aide aux travailleurs agricoles.
L’administration du président américain s’est aussi engagée à permettre la réinstallation aux États-Unis de 20 000 réfugiés des Amériques au cours des deux prochaines années, il s’agit d’un rythme trois fois plus élevé que la norme, a précisé la Maison-Blanche.
En parallèle, les États-Unis ont l’intention de s’attaquer vigoureusement à la traite de personnes, incluant par le déploiement d’une nouvelle campagne d’envergure ayant pour objectif de démanteler les réseaux en place en Amérique latine.
Également vendredi, M. Trudeau s’est entretenu avec la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, qui l’a accueilli chaleureusement tandis qu’il rencontrait la délégation du Congrès au Sommet des Amériques.
« Nous ne pouvons plus imaginer que nous sommes des îles ou isolés de ce qui se passe dans le reste du monde – la pandémie nous l’a appris, le changement climatique nous l’enseigne », a déclaré M. Trudeau.
« Nous avons tous une responsabilité pour chacun de nous. »
Le premier ministre devait aussi tenir des rencontres bilatérales avec les dirigeants de la Jamaïque et de la République dominicaine.
M. Trudeau a rencontré jeudi pendant une heure le président américain Joe Biden, qui a accepté d’effectuer une visite au Canada dans les « mois à venir », sa première depuis qu’il est devenu président au milieu de la pandémie de COVID-19.
Jeudi également, le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault et le secrétaire américain à la Protection de l’environnement Jared Blumenfeld ont signé un nouveau cadre de coopération en matière de changement climatique qui comprenait des extensions modérées d’un accord similaire de 2019.
Il fait progresser les mesures politiques et réglementaires visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et les polluants dans les deux juridictions, ainsi que les mesures de conservation et la lutte contre l’aggravation de la menace des incendies de forêt.
Source: La presse