Le ministre Dubé blâme les syndicats de la santé

10 novembre 2021
Le ministre Dubé blâme les syndicats de la santé

Assahafa.com

Au lendemain d’une sortie des syndicats représentant les infirmières, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a vivement critiqué leur attitude, mardi, leur reprochant même de nuire au recrutement de personnel.

C’est une véritable attaque frontale qu’a menée le ministre contre les syndicats, qui ont rapidement dénoncé son mépris.

Interrogé sur les difficultés du gouvernement à recruter et retenir du personnel dans le réseau de la santé au cours d’une conférence de presse consacrée au rappel de vaccin des personnes de plus de 70 ans, le ministre Dubé a accusé les représentants syndicaux de privilégier leurs intérêts personnels au détriment des membres qu’ils défendent.

Je vais peut-être être un petit peu dur aujourd’hui envers les syndicats, a-t-il lancé d’entrée de jeu. Je ne pense pas que les syndicats collaborent à la hauteur de leur rôle, a-t-il déploré.

Le ministre a cité en exemple la vaccination obligatoire du personnel du réseau de la santé, un dossier au sujet duquel le gouvernement Legault a dû faire marche arrière, mais surtout la question des primes versées aux infirmières dans le but de combler la grave pénurie de main-d’œuvre.

Nos discussions avec eux nous ont révélé dans les dernières semaines qu’ils étaient plus préoccupés par le fait que les délégués syndicaux [en libération syndicale] n’ont pas accès à la prime […] L’intention de nos primes était pour les infirmières qui sont sur le terrain, en train de soigner des patients, a-t-il déclaré, reprochant aux syndicats d’avoir passé cet élément sous silence lors de leur conférence de presse.

Un moment donné, il faut mettre les pendules à l’heure, a soutenu Christian Dubé.

Ce serait bien de s’élever au-dessus de leurs intérêts personnels, les délégués syndicaux qui viennent nous rencontrer régulièrement, qu’ils s’élèvent au-dessus de la mêlée et nous aident à aller chercher du personnel. Je ne peux pas être plus clair que ça.

Une citation de :Christian Dubé, ministre québécois de la Santé

Plus tard dans en après-midi, le premier ministre François Legault a fait écho aux critiques de son ministre. La demande qui revient et qui semble être l’enjeu, c’est : est-ce que les 300 représentants syndicaux vont avoir droit à la prime de 15 000 $ de temps plein?, a-t-il déclaré au cours d’une mêlée de presse.

En septembre, le gouvernement caquiste a annoncé une petite révolution passant notamment par le versement de primes allant de 12 000 $ à 18 000 $ pour retenir ou attirer des infirmières à temps plein.

Le plan gouvernemental, au coût avoisinant le milliard de dollars, a entre autres pour ambition de ramener dans le réseau public 4300 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes.

Pour l’instant cependant, la popularité des modalités de ce plan est modeste : selon les plus récentes données disponibles – datant de la semaine dernière – seules 864 personnes ont été embauchées pour prêter main-forte au personnel déjà en place.

Le ministre Dubé a en outre reproché aux organisations syndicales leur manque d’ouverture sur la reconnaissance de l’ancienneté pour les personnes qui reviennent.

À un journaliste qui lui demandait si Québec se dirigeait vers une confrontation avec les syndicats, il a répondu : Je pense que la confrontation est déjà là.

Lundi, les cinq organisations syndicales qui représentent les infirmières ont fait front commun pour exiger la fin des arrêtés ministériels qui dictent leurs conditions de travail, sans quoi, ont-elles averti, elles pourraient protester par d’autres moyens.

Les syndicats contre-attaquent

La réplique n’a pas tardé à venir de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS), du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et du Syndicat québécois des employés de service (SQEES).

Dans un communiqué, ils se sont dits estomaqués par le mépris du ministre Dubé. Refusant de servir de boucs émissaires, ils ont qualifié sa charge contre les syndicats de tactique usée à la corde.

Plutôt que de reconnaître ses erreurs et enfin accepter de collaborer avec les acteurs du terrain pour améliorer les choses, le ministre Dubé s’en prend encore une fois aux syndicats.

Une citation de :Extrait du communiqué de la FIQ, de la CSQ, de la FSSS, du SCFP et du SQEES

Niant que la prime accordée aux délégués en libération syndicale soit au centre de leurs revendications, les cinq organisations syndicales reprochent au ministre de ne pas avoir pris connaissance des nombreuses solutions qu’elles ont présentées à son ministère au cours des derniers jours.

Nous proposons des solutions qui s’appuient sur les demandes de nos membres sur le terrain, sans mesure coercitive, sans mesure disqualifiante et inéquitable pour favoriser entre autres le retour des professionnel-le-s en soins, affirment-elles.

Ce qui ne marche pas, c’est la gestion autoritaire par arrêté ministériel, ont-elles réitéré.

Lundi, les syndicats ont particulièrement critiqué l’arrêté ministériel 007, qui suspend des conditions de travail prévues dans les conventions collectives, donnant ainsi aux CISSS et aux CIUSSS une très large marge de manœuvre dans l’affectation des ressources humaines.

Les syndicats, mais aussi des analystes, ont estimé que l’argent ne réglerait pas tout.

Source: Radio-Canada

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