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C’est un Yves-François Blanchet bouillonnant qui s’est présenté aux médias, jeudi soir, à l’issue du débat des chefs en anglais. Le leader bloquiste juge qu’une « chaudière d’insultes » a été lancée au visage des Québécois dès la première question qui lui a été posée.
Les autres débats ont été faits au Québec. Celui-là a été fait au Canada
, a d’emblée lancé le chef du Bloc québécois, qui estime que le Québec a été laissé de côté tout au long de la joute oratoire en anglais.
À plusieurs reprises au cours du débat, M. Blanchet s’est plaint de ne pas se voir accorder autant de temps de parole que les autres candidats; à d’autres moments, des remarques de ses adversaires sont venues le piquer au vif.
Selon le chef bloquiste, la première question que lui a posée la modératrice Shachi Kurl, qui est présidente de l’Institut Angus Reid, a donné le ton au reste de la soirée.
Mme Kurl a d’entrée de jeu énoncé qu’il niait le fait que le Québec était aux prises avec des problèmes de racisme, avant de lui demander d’expliquer pourquoi il défendait la Loi sur la laïcité de l’État et le projet de loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, qui viennent marginaliser les minorités religieuses, les anglophones et les allophones
.
La question semble impliquer la réponse que vous souhaitez
, a rétorqué M. Blanchet, visiblement surpris par le commentaire de Mme Kurl. Ces lois n’ont rien de discriminatoire
, a-t-il ajouté.
Une fois le débat terminé, cette question lui restait encore en tête. Comment ne pas la retenir?
a déclaré M. Blanchet aux journalistes.
[Le débat] a commencé par une chaudière d’insultes au visage des Québécois. On s’est fait traiter de racistes et de xénophobes par l’animatrice en commençant le show. Ordinaire.
Notons que Mme Kurl n’a pas employé directement ces termes, bien qu’elle ait répété que les politiques adoptées par l’Assemblée nationale étaient discriminatoires
.
Pour M. Blanchet, pareils commentaires sont la preuve que les Québécois ont dangereusement besoin de chiens de garde
sur la scène fédérale. Et ces chiens de garde, c’est nous autres
, a-t-il poursuivi.
Le besoin me semble plus clair que jamais
, a ajouté le chef bloquiste, qui a martelé que le Québec avait été la cible d’une attaque, une agression
.
Le bloquiste, qui assure n’avoir rien de personnel
contre la modératrice, n’a pas épargné les autres candidats, à qui il a reproché de ne pas être intervenus pour rejeter les insultes
dont les Québécois ont, selon lui, fait les frais.
M. O’Toole n’a rien trouvé à dire malgré sa grande affection pour le Québec. M. Trudeau a dû se dire : « Ben, ça doit être vrai. » M. Singh devait avoir une certaine zone de confort, et Mme Paul en a remis une couche par-dessus
, a-t-il déploré.
M. Blanchet faisait ici référence à une intervention de la chef du Parti vert au cours du débat qu’il avait encore de travers. Appelé à se prononcer sur le racisme systémique, le chef du Bloc québécois a affirmé reconnaître son existence, mais a déploré la récupération politique
qui en est faite dans le but d’accuser le Québec de xénophobie, selon lui.
Le chef bloquiste s’est dit ouvert à la discussion, pourvu que le débat soit moins toxique
et agressif
.
Une déclaration qui a laissé la chef du Parti vert estomaquée. J’ai invité M. Blanchet à s’éduquer sur la question du racisme systémique et je réitère mon invitation
, a-t-elle dit.
M. Blanchet a jugé qu’on l’insultait sans qu’il puisse répliquer, et il a alors demandé à la modératrice de faire respecter une certaine décence
lors des échanges. Ce n’était pas une insulte; c’était une invitation à vous éduquer
, lui a rétorqué Mme Paul, sans lui jeter un regard.
« Juste une invitation »
Cet échange musclé a rattrapé Annamie Paul lors de la période de questions, à l’issue du débat. C’était juste une invitation. Mon intention n’était pas d’insulter M. Blanchet
, a-t-elle assuré.
Je lui ai lancé plusieurs invitations pendant les derniers mois pour parler avec moi et comprendre un peu mieux pourquoi les gens croient qu’il y a de la discrimination systémique [au Québec et au Canada]
, a-t-elle ajouté.
C’était la même chose quand il a dit que c’était tout à fait acceptable d’utiliser le mot en N dans un contexte d’éducation. Je voulais lui expliquer que ça cause de la peine
, a-t-elle donné en exemple.
La chef du Parti vert y voit une occasion de discuter. C’est comme ça qu’on crée des ponts, de la compréhension
, a-t-elle dit.
Le chef libéral Justin Trudeau a quant à lui affirmé que les Québécois ne sont pas racistes
. Le format du débat est venu selon lui compliquer les discussions et empêcher
une réponse immédiate
. Mais je peux dire que les Québécois et les Canadiens connaissent bien mon désaccord avec [la Loi sur la laïcité de l’État]
, a-t-il précisé.
Le chef du Bloc québécois a aussi déploré que la question de la reconnaissance du français au pays a été reléguée aux oubliettes. M. Blanchet a essayé de faire dévier le débat sur ce sujet au cours d’un segment portant sur l’accessibilité, en vain.
Source: Radio-Canada