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L’étau se desserre un peu plus aux frontières canadiennes. Dès le mardi 7 septembre, tous les voyageurs internationaux entièrement vaccinés pourront se rendre au Canada pour des raisons non essentielles comme le tourisme, y compris ceux provenant de pays où le virus se propage plus rapidement.
Cette levée des restrictions est fondée sur les dernières données disponibles, les preuves scientifiques et la situation épidémiologique tant au Canada qu’à l’étranger
, justifie le gouvernement du Canada dans un communiqué.
Il précise aussi que même s’il y a actuellement une hausse des cas au Canada, la gravité de la maladie et les taux d’hospitalisation restent gérables, car les taux de vaccination au Canada continuent d’augmenter
.
Des chercheurs et des experts remettent toutefois en question ce nouvel assouplissement fédéral qui ne tient pas compte du niveau de circulation du virus à l’étranger, sauf avec l’Inde et le Maroc, pays dont les vols directs ont été temporairement suspendus par Ottawa.
À la différence de l’Europe, par exemple, où une classification des pays a été instaurée sur la base d’indicateurs sanitaires pour voyager, le Canada deviendra donc accessible sans contrôle géographique.
L’approche européenne du principe de précaution aurait dû mieux inspirer le Canada, avance la Pre Marie-Pascale Pomey, professeure titulaire à l’École de santé publique, Département de gestion, d’évaluation et de politique de santé à l’Université de Montréal.
Je pense que c’est quelque chose d’excessivement important à prendre en considération
, a-t-elle défendu au micro de l’émission Tout un matin, a fortiori quand le variant Delta fait repartir les contaminations à la hausse.
Il y a des pays où le virus circule de façon très importante, il y a aussi des variants qui apparaissent dans certains pays, et au Canada, actuellement, on ne prend pas en considération cette dimension.
Mme Pomey préconise une évaluation de risque qui permettrait de mieux cerner la possibilité, pour un voyageur, d’être porteur du virus à son arrivée au Canada. Savoir quel est le parcours des personnes qui entrent au Canada, ça aurait été intéressant de prendre ça en considération, surtout en période d’ajustement où l’on doit constamment évaluer les risques,
a-t-elle suggéré.
Justification sanitaire
Ottawa fait valoir l’efficacité de ses politiques sanitaires pour justifier l’assouplissement des restrictions en citant notamment, comme preuve, le taux de positivité très bas des tests aléatoires effectués aux frontières.
Entre le 9 et le 26 août, par exemple, le taux de positivité des voyageurs entièrement vaccinés sélectionnés au hasard pour un test de dépistage à la frontière s’élevait à 0,19 % (soit 112 tests positifs sur 58 878 tests effectués).
L’immunologiste à l’Institut de recherches cliniques de Montréal André Veillette nuance toutefois l’efficacité de ces tests requis pour voyager : Même si les gens ont un test PCR négatif de trois jours avant de venir, qu’ils sont vaccinés, ils peuvent quand même attraper le virus dans cette période-là et donc ils pourraient l’amener avec eux au Canada
, a-t-il expliqué en entrevue à RDI, conseillant plutôt des tests de moins de 48 h.
Le Dr Veillette évalue aussi qu’il y a potentiellement un problème
quand les voyageurs internationaux admis au Canada ont obtenu leur deuxième dose il y a six mois, faisant référence à la baisse de l’immunité avec le temps.
Le temps va nous dire si [l’ouverture des frontières] est une bonne idée ou pas.
Ce qu’il faut savoir pour voyager
Dans les faits, ces nouvelles mesures signifient qu’il ne sera plus nécessaire de justifier d’un motif essentiel son voyage pour être admis au pays, à l’instar des Américains pour qui les restrictions ont été levées depuis le 9 août.
Source: Radio-Canada