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Au 18e jour de la campagne, et tout juste avant le premier débat, les libéraux de Justin Trudeau ont dévoilé leur plateforme électorale, promettant d’investir 78 milliards de dollars sur cinq ans, soit trois fois plus que les revenus qu’ils projettent d’engranger d’ici 2025-2026.
S’il est réélu le 20 septembre prochain, le Parti libéral du Canada (PLC) prévoit ainsi de dépenser trois dollars pour chaque dollar engrangé, ses prévisions de revenus s’élevant à un peu plus de 25 milliards de dollars d’ici cinq ans.
Le retour à l’équilibre budgétaire n’est pas dans les cartons pour le moment, mais le PLC prévoit que le ratio de la dette par rapport au PIB fondra de 2 %, soit de 51,2 % à 49,2 %, d’ici 2025-2026.
Au moment de présenter leur dernier budget en avril, les libéraux prévoyaient un déficit de 155 milliards en 2021-2022. Dans son évaluation d’une partie de la plateforme électorale présentée aujourd’hui, le directeur parlementaire du budget projette un déficit d’environ 157 milliards en 2021-2022, soit seulement 2 milliards de plus que prévu, malgré des dépenses accrues de 13 milliards pour cette période.
Les libéraux se basent en fait sur la situation économique du pays qui s’est améliorée et des revenus plus élevés que prévu pour minimiser l’impact des investissements promis en 2021-2022 sur la dette. Répondant aux questions concernant sa plateforme, Justin Trudeau n’a pas paru inquiété par le niveau élevé de dépenses mercredi, parlant d’un plan responsable, prudent et aussi transparent
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C’est important d’être fiscalement responsable, et de vivre selon nos moyens. Mais c’est aussi important de faire les bons investissements pour que les générations futures puissent prospérer encore plus.
Les libéraux comptent notamment sur leur promesse d’augmenter le taux d’imposition des banques de 3 % pour les financer les investissements. On a fait le choix de demander aux banques encore plus parce qu’elles ont très bien profité de cette pandémie
, a lancé Justin Trudeau.
Invité à commenter le plan des conservateurs de retourner à l’équilibre budgétaire en 10 ans sans couper dans les investissements, le chef libéral s’est montré peu impressionné. Erin O’Toole peut bien dire ce qu’il veut, mais s’il ne dévoile pas ses chiffres, pourquoi les Canadiens devraient le croire?
Il se base sur une pensée magique qui implique une croissance de 3 % chaque année, sans même comprendre que d’investir dans un réseau de garderie à 10 $ par jour est le meilleur moyen de ramener les femmes sur le marché du travail et d’assurer la croissance au pays
, a ajouté le chef libéral.
On a partagé nos chiffres en détail dans notre plateforme, les autres partis n’ont pas partagé leurs chiffres.
Les libéraux prévoient par ailleurs de mettre fin aux subventions aux énergies fossiles deux ans plutôt que prévu, soit en 2023, en plus de retirer le statut fiscal d’organisme de bienfaisance aux organisations qui fournissent des services de consultation malhonnêtes aux femmes
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Une plateforme attendue
Justin Trudeau a attendu au 18e jour de la campagne pour publier sa plateforme électorale, juste avant le premier débat. Cette attente lui a valu bien des critiques de ses adversaires, le taxant d’être en panne de grandes idées.
Les conservateurs ont présenté leur plateforme au lendemain du déclenchement de la campagne. Le Bloc québécois a suivi, quelques jours plus tard. Quant au Nouveau Parti démocratique (NPD), une bonne partie de son programme a été dévoilée avant même le début de la période électorale.
Jagmeet Singh n’a pas perdu de temps pour attaquer Justin Trudeau sur sa plateforme mercredi matin. Avant même le dévoilement du plan libéral, le chef néo-démocrate s’est montré incrédule devant la mise en oeuvre d’incitatifs fiscaux pour garder les aînés sur le marché du travail. Les libéraux font de grandes promesses, mais ils ne livrent pas la marchandise. Un exemple clé : ils ont promis de mettre en œuvre l’assurance médicaments universelle
, a-t-il illustré.
Justin Trudeau l’a répété pendant le discours du Trône, c’était une priorité pour les libéraux. Et au premier moment où on a eu la chance de voter sur un projet de loi, ils ont voté contre. Ça montre clairement qu’ils disent une chose pendant la campagne et qu’ils font autre chose quand ils sont élus.
Source: Radio-Canada