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Les 22, 23 et 24 août, des vols avec 436, 506 et 535 réfugiés afghans, respectivement ont pu décoller de l’aéroport international Hamid-Karzai, à Kaboul. En ajoutant à ce nombre celui des citoyens et résidants canadiens, on arrive à un total de plus de 2700 personnes évacuées de l’Afghanistan.
Le gouvernement canadien continue de travailler d’arrache-pied pour les sortir du pays, où les talibans ont repris le contrôle du gouvernement. Mais la situation sur le terrain devient de plus en plus complexe, et il faut presser le pas, ont prévenu tour à tour les ministres venus offrir une mise à jour, mercredi.
« Le danger augmente d’heure en heure », a prévenu le ministre de la Défense, Harjit Sajjan. Il a précisé que les points de contrôle des talibans ont empêché, et continuent d’empêcher, des gens qui veulent quitter le pays de se rendre à l’aéroport de Kaboul, où des masses de gens s’entassent dans l’espoir de fuir.
« C’est une course contre la montre [d’ici la date butoir du 31 août] », a renchéri le ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, réitérant l’engagement du Canada d’accueillir plus de 20 000 Afghans qui sont à risque de subir des représailles.
Il n’a pas été en mesure de préciser combien d’appareils pourraient décoller dans les prochaines heures ou les prochains jours ni combien de réfugiés afghans pourraient arriver d’ici la date du retrait annoncé des États-Unis, mardi prochain.
Le réseau CBC rapportait mardi matin, sur la foi d’une information venant d’une source anonyme au sein du gouvernement, qu’Ottawa ne disposait plus que d’une fenêtre de 24 à 48 heures à l’aéroport de Kaboul pour faire décoller ou atterrir des vols. Les ministres n’ont pas voulu confirmer cette information.
Le plan de sauvetage du Canada donne priorité aux minorités ethniques, aux personnes de la communauté LGBTQ, à ceux qui ont contribué à faire progresser les droits humains, en particulier les femmes et les filles, mais également à tous ces interprètes qui ont collaboré avec des Occidentaux.
« Ils ont été là pour nous, et nous serons là pour eux », a tranché le ministre Sajjan.
« Frères talibans » : Monsef dans l’embarras
Pendant la conférence de presse, la ministre des Femmes et de l’Égalité des genres, Maryam Monsef, y est allée d’une déclaration sur les talibans qui a fait sourciller, et qui risque fort plonger le gouvernement dans l’embarras.
Je veux saisir cette occasion pour m’adresser à nos frères, les talibans. Nous vous demandons de laisser tout individu entrer et sortir de façon sécuritaire de l’Afghanistan », a-t-elle lancé en fixant directement des yeux la caméra, après avoir consulté des notes écrites.
Elle a ensuite nié qu’il s’agissait d’une façon de donner une légitimité au nouveau régime, et assuré qu’elle ne l’appuyait pas non plus. « Les talibans sont un groupe terroriste, et malgré cela, ils se disent musulmans », a répondu la ministre Monsef à un journaliste.
« C’était une référence culturelle », a ajouté celle qui est née de parents afghans.
Invité à se prononcer sur cette terminologie fraternelle ministérielle, le chef conservateur Erin O’Toole n’a pas voulu cibler directement Maryam Monsef. « Le langage du gouvernement Trudeau est complètement inacceptable », a-t-il offert en marge d’une annonce à Brantford, en Ontario.
« Mes pensées sont dirigées vers les femmes et les filles en Afghanistan qui sont de nouveau à risque avec le retour des talibans », a-t-il ajouté.
Avocats sans frontières Canada « s’inquiète »
Dans un communiqué publié mercredi, Avocats sans frontières Canada (ASFC) a manifesté son inquiétude pour le sort que pourrait réserver le nouveau régime des talibans aux femmes juristes et défenseures des droits humains.
Les talibans « risquent de mettre gravement en péril le respect des droits humains des femmes et des filles, notamment de celles qui ont travaillé au développement de la démocratie et à la construction de l’État de droit en Afghanistan », a signalé l’organisation.
« Appuyé par le Barreau du Québec, ASFC invite les gouvernements étrangers qui organisent les secours sur le terrain à ne pas oublier les femmes qui ont œuvré dans le milieu juridique », poursuit l’organisation dans son message.
Source: La presse