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Au bout du fil, un libéral bien en vue ne s’en cache pas : « Ça n’a pas été un départ canon pour nous. » Voilà une remarque qui résume bien l’humeur au sein des troupes de Justin Trudeau après une première semaine sur la route.
Les libéraux savaient que la première semaine serait ardue : comment justifier le déclenchement d’élections générales en pleine quatrième vague de COVID-19?
Le Parti libéral du Canada (PLC) a misé sur des attaques concernant la vaccination obligatoire. Il a également lancé des pointes sur l’avortement au chef conservateur, en lien avec le droit de conscience des médecins.
Force est de constater que l’offensive sur l’avortement n’a mis Erin O’Toole dans le trouble qu’une seule journée
, constate cette source libérale. À ses yeux, ce thème semble moins coller à Erin O’Toole qu’à Andrew Scheer en 2019. Une impression de match nul
se dégage du début de campagne face aux troupes conservatrices.
C’est mieux de ne pas partir en lion, pour ne pas finir en mouton
, indique un stratège libéral sous le couvert de l’anonymat.
Justin Trudeau a aussi dû alterner souvent entre son chapeau de premier ministre et de chef libéral ces derniers jours, pour commenter la crise en Afghanistan et la prolongation de la fermeture de la frontière terrestre américaine, par exemple. Un autre stratège croit qu’il faut mieux distinguer les rôles de chef et de premier ministre, pour mieux mettre de l’avant le candidat
.
Courtiser les progressistes
Selon nos informations, Justin Trudeau, qui a beaucoup misé sur son bilan dans les premiers jours de la campagne, est conscient que son parti devra trouver un moyen de marquer les esprits des électeurs progressistes pour faire des gains.
Il veut de grandes idées, plus de jus
, explique une source libérale. Selon nos informations, le chef consulte beaucoup son entourage et ses candidats à la recherche d’idées qui auront un effet wow
. L’environnement pourrait être un thème de choix.
Pour mobiliser les progressistes, il va falloir leur donner une raison de sortir voter et de ne pas voter pour le NPD.
La plateforme libérale n’a toujours pas été rendue publique. Les conservateurs et les néo-démocrates l’ont déjà fait, et les bloquistes doivent dévoiler la leur dimanche.
Dans les rangs libéraux, on insiste : la campagne est encore jeune et rien n’est joué. Sur la gauche, toutefois, le Nouveau Parti démocratique inquiète, en dehors du Québec.
Le NPD aussi dans la mire des libéraux
Si les libéraux ont souvent attaqué Erin O’Toole dans cette première semaine, ils ont aussi décoché leur première flèche au NPD.
Jagmeet Singh prétend à tort que c’est grâce à lui que le montant de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) a été doublé
, peut-on lire dans un communiqué libéral. Une attaque qui réjouit l’équipe néo-démocrate.
Les libéraux nous ont ignorés durant toute la campagne en 2019. C’est flatteur de voir qu’ils nous considèrent comme une menace si tôt dans la campagne.
Sur le terrain, poursuit ce stratège du NPD, on sent que la couche teflon de Justin Trudeau est écorchée et que chaque petite égratignure lui colle davantage à la peau.
Un récent sondage Ipsos indique que Justin Trudeau demeure le premier choix des Canadiens pour devenir premier ministre. Cependant, 44 % des répondants croient que le chef libéral est prêt à tout pour se faire élire et 35 % pensent qu’il a un agenda caché
.
Ce changement de perception envers le chef libéral, jumelé à la popularité personnelle de Jagmeet Singh, permettra de tirer le NPD vers le haut dans plusieurs régions clés du pays, souhaite une autre stratège néo-démocrate.
Le NPD espère que cela fera bouger l’aiguille dans des régions comme Windsor, Hamilton et Sudbury, en Ontario, Port-Coquitlam et Kamloops, en Colombie-Britannique, de même qu’à Edmonton, en Alberta, et à Saskatoon, en Saskatchewan. Des sièges que les libéraux doivent conquérir ou conserver s’ils veulent remporter leur majorité.
Nos sources au NPD conviennent que la campagne est encore jeune. Que malgré une campagne dynamique en 2019, le NPD a perdu 20 sièges. Et elles ont encore en tête les appels au vote stratégique des libéraux lors des élections précédentes, une possibilité que les néo-démocrates refusent d’envisager cette année.
Source: Radio-Canada