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La ministre fédérale du Développement international, Karina Gould, assure que le gouvernement du Canada continuera de fournir à l’Afghanistan de l’aide humanitaire et des ressources pour le développement après le départ des militaires américains le mois prochain.
La semaine dernière, le président américain Joe Biden a confirmé que l’opération militaire de son pays prendra fin le 31 août, près de 20 ans après que les États-Unis et leurs alliés eurent chassé du pouvoir le régime des talibans à Kaboul.
Le président Biden a toutefois reconnu qu’après le départ de ses militaires, le gouvernement afghan ne contrôlera probablement pas l’ensemble du territoire du pays. Il a exhorté le gouvernement et les talibans à conclure un accord de paix.
La ministre Gould assure que le Canada est en constante évaluation de la situation en Afghanistan et qu’il demeure en dialogue avec ses partenaires, notamment les organisations non gouvernementales (ONG) et les agences des Nations unies (ONU), afin que l’aide humanitaire soit distribuée à la population.
En Afghanistan, environ 50 % de la population compte sur une telle aide pour se procurer des biens essentiels.
Vendredi dernier, les talibans ont affirmé qu’ils contrôlaient 85 % du territoire afghan, une affirmation qui laisse la ministre Gould perplexe. Les talibans ont promis de ne pas attaquer les capitales provinciales ou d’en prendre le contrôle par la force, affirmant qu’ils préféraient trouver une solution politique avec le gouvernement afghan.
Une porte-parole d’Affaires mondiales Canada, Grantly Franklin, affirme que le gouvernement du Canada souhaite un cessez-le-feu permanent en Afghanistan afin d’apaiser les souffrances du peuple qui durent depuis des décennies et d’être en mesure de distribuer convenablement l’aide humanitaire.
Selon des données du gouvernement fédéral, environ 40 000 Canadiens ont servi en Afghanistan entre 2001 et 2014. Depuis 2001, le Canada a consacré 3,6 milliards de dollars en aide à l’Afghanistan.
Grantly Franklin signale que la contribution canadienne à la société afghane a permis de réelles améliorations des conditions de vie, en particulier celles des femmes et des enfants, en matière de santé, de droits de l’homme et d’accès à l’éducation.
En novembre dernier, le Canada s’est engagé à verser jusqu’en 2024 une enveloppe supplémentaire de 270 millions de dollars en assistance au développement en Afghanistan.
Cependant, le professeur Roland Paris, des Affaires publiques et internationales de la Faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa, affirme que la plupart des sommes maintenant versées par le gouvernement servent à appuyer les forces de sécurité afghanes. Et à son avis, si les talibans continuent de gagner du terrain, l’aide canadienne destinée aux femmes et aux enfants sera particulièrement vulnérable.
Le professeur Paris fait remarquer que le Canada ne peut presque rien faire pour freiner l’expansion du pouvoir taliban en Afghanistan. Si les États-Unis et leurs alliés n’ont pu y parvenir avec quelque 130 000 militaires, il se demande comment le Canada réussira.
Un ancien ambassadeur du Canada au Pakistan, en Égypte et en Indonésie, Ferry de Kerckhove, ajoute que le Canada n’a pas de véritable politique étrangère en Afghanistan. À son avis, le poids du Canada est presque inexistant dans le dossier afghan.
Source: Radio-Canada