La santé publique du Canada pas assez préparée pour la pandémie, selon la VG

26 mars 2021
La santé publique du Canada pas assez préparée pour la pandémie, selon la VG

Assahafa.com

L’Agence de la santé publique du Canada n’était pas suffisamment préparée à intervenir face à la pandémie de COVID-19 l’an dernier et elle a sous-estimé l’incidence possible du virus au début de la crise.

Ce sont les conclusions contenues dans le rapport de la vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, qui s’est penchée sur le niveau de préparation du gouvernement du 1er janvier au 30 juin 2020.

Son rapport, dévoilé jeudi, fait état de problèmes de longue date au sujet de la communication avec les provinces et les territoires, ce qui a nui à l’échange de données entre les différents ordres de gouvernement et a empêché d’obtenir un portrait complet de la pandémie à l’échelle du pays. Difficile de dresser des conclusions, donc, sur le taux d’hospitalisation réel ou encore les facteurs de risque des Canadiens.

Les délais ont également faussé les statistiques : le rapport note que seulement 4 % des cas de COVID-19 au Canada de février à juin 2020 avaient été signalés à l’Agence 24 heures après la détection des cas, comme convenu.

Si les provinces et les territoires reçoivent leur part du blâme, la vérificatrice générale n’a pas manqué d’écorcher l’Agence, qui n’avait pas mis à jour ni testé les plans d’intervention d’urgence à l’échelle nationale en cas de pandémie, qui faisaient défaut parfois depuis deux décennies.

Certains problèmes que nous avons constatés dans notre audit avaient été décelés au préalable dans des audits en 1999, en 2002 et en 2008. L’Agence avait tiré des leçons des crises sanitaires antérieures et n’a pas réagi. Je suis découragée qu’elle n’ait pas pris le temps entre les pandémies pour combler ces lacunes, a déploré Mme Hogan, en conférence de presse.

L’audit de la vérificatrice générale a aussi permis de constater que l’Agence s’était fiée à un outil d’évaluation des risques qui n’était pas conçu pour évaluer le risque de pandémie.

Résultat : le niveau de risque du coronavirus a été évalué comme faible au pays jusqu’à la mi-mars, et ce, alors que les cas étaient en hausse au Canada et ailleurs dans le monde. Ce n’est que le 15 mars, quatre jours après que la COVID-19 eut été déclarée pandémie mondiale, que l’administratrice en chef de la santé publique, la Dre Theresa Tam, a demandé à hausser le niveau de risque à élevé.

Mme Hogan est d’avis que ces lacunes de l’agence fédérale ont nui aux efforts du Canada pour détecter et maîtriser le virus dès son arrivée au pays.

Il faut être bien préparé pour une crise. Et j’espère qu’à ce point-ci le gouvernement reconnaît le besoin de prendre du temps entre des crises ou des urgences pour se pencher sur les lacunes qui ont été définies, dans ce cas-ci, depuis plusieurs années et à plusieurs reprises, a-t-elle déclaré, en soulignant qu’une autre crise sanitaire pouvait survenir à tout moment.

Gestion des frontières

La vérificatrice générale s’en est également prise à la gestion des frontières dans les premiers mois de la pandémie, qui a permis à des milliers, voire à des millions de Canadiens de passer entre les mailles du filet.

Ce n’est que le 13 mars 2020 que le gouvernement fédéral a demandé d’éviter les voyages non essentiels et a appelé les Canadiens à l’étranger à rentrer au pays. La quarantaine de 14 jours est devenue obligatoire le 25 mars. Entre ces deux dates, Mme Hogan estime que 1,7 million de voyageurs internationaux sont entrés au Canada sans avoir l’obligation de se mettre en quarantaine.

Et même lorsque la quarantaine est devenue obligatoire, l’Agence de la santé publique n’a pas été en mesure d’effectuer les suivis appropriés.

Dans son rapport, Mme Hogan constate que l’Agence ne savait pas si les deux tiers des voyageurs entrés au pays – soit l’équivalent de 108 800 personnes – avaient respecté leur mise en quarantaine du 5 mai au 30 juin 2020. Elle indique en outre que moins de la moitié des voyageurs soupçonnés de ne pas avoir respecté leur quarantaine ont été signalés aux forces de l’ordre pour un suivi.

Mme Hogan dit qu’il n’y a pas eu de suivi par la suite : l’Agence n’a pas vérifié si les forces de l’ordre avaient bel et bien communiqué avec les personnes jugées à risque de non-conformité.

Ça ne veut pas dire que les individus ne l’ont pas faite [la quarantaine], mais le ministère n’a pas l’information. Depuis, nous avons regardé les mesures que l’Agence a mises en place et je ne peux pas commenter sur ce qu’on nous dit en ce moment. Mais au début, [les départements] ne faisaient pas un bon suivi, a-t-elle fait valoir.

Mme Hogan en conclut que l’Agence a raté une occasion d’évaluer l’efficacité des mesures de quarantaine pour ce qui est de limiter la propagation du virus dans les premiers mois de la pandémie.

Pourtant, la Loi sur la mise en quarantaine exigeait que les voyageurs fournissent leurs coordonnées à des fins de contrôle et de suivi. Tâche difficile, puisqu’au début de la pandémie, la collecte des données se faisait sur papier et les délais de traitement prenaient plusieurs jours.

Il fallait en moyenne 6 jours à l’Agence pour recevoir un formulaire de renseignements de voyageurs, mais cela pouvait prendre jusqu’à 13 jours ou plus. Il s’agissait là d’un problème, car la stratégie de suivi de l’Agence prévoyait qu’il fallait communiquer avec les voyageurs entre le deuxième et le dixième jour de la période de quarantaine, peut-on lire dans le rapport.

Il a fallu attendre novembre 2020 pour que l’Agence oblige les voyageurs à fournir leurs coordonnées de façon électronique, au moyen de l’application ArriveCAN.

Réponse du gouvernement

La ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu, a confirmé que l’Agence de la santé publique du Canada acceptait toutes les recommandations de la vérificatrice générale.

Elle a également fait valoir que plusieurs mesures avaient été mises en place depuis juin 2020, fin de la période étudiée par Mme Hogan. À titre d’exemple, l’Agence a lancé en octobre dernier un portail favorisant la collecte de données et elle collabore avec les provinces et les territoires pour ce faire.

Un examen indépendant du système canadien de surveillance de la santé publique mondiale est actuellement en cours et un groupe d’experts externes doit présenter son rapport ce printemps. Des mesures ont également été mises en place pour mieux contrôler les frontières.

Finalement, l’Agence compte maintenant environ 1000 employés de plus afin de mieux s’acquitter de son rôle pendant la pandémie.

Je dirais que l’Agence a appris beaucoup, beaucoup de choses sur le besoin de constamment mettre à jour ses plans en cas de pandémie, pas seulement au sein de l’Agence, mais comme exercice pangouvernemental, a conclu la ministre Hajdu lors d’une conférence de presse.

Source: Radio-Canada

Derniers articles
Les cookies nous permettent de personnaliser le contenu et les annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Nous partageons également des informations sur l'utilisation de notre site avec nos partenaires de médias sociaux, de publicité et d'analyse.
j'accepte!