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Le gouvernement Trudeau déposera son budget le 19 avril, de quoi alimenter les rumeurs d’élections printanières, surtout en contexte de Parlement minoritaire. En pleine crise sanitaire, alors qu’une partie seulement de la population est vaccinée, l’énorme machine d’Élections Canada roule à pleine vapeur pour se préparer à un exercice logistique des plus complexes dans les 338 circonscriptions fédérales. Cinq défis pour comprendre.
1. Protéger les électeurs et les travailleurs de scrutin
Le vaste entrepôt d’Élections Canada à Ottawa bourdonne d’activité. Des milliers de boîtes de matériel sont en train d’être préparées pour être expédiées aux quatre coins du Canada : formulaires électoraux, urnes et crayons.
Toutefois, des articles inhabituels ont fait leur apparition dans les stocks, comme des masques, des gants, des barrières de plexiglas et du désinfectant pour les mains.
Les travailleurs qui interagissent avec le public vont porter des gants, des visières protectrices dans certains cas. Vous allez voir beaucoup de changements au bureau de scrutin. La distanciation physique va être imposée
, explique Natasha Gauthier, porte-parole d’Élections Canada.
Des masques seront offerts aux électeurs qui les auraient oubliés. Il faut de plus prévoir des millions de crayons, parce qu’ils ne pourront être utilisés qu’une seule fois. Les Canadiens pourront apporter le leur.
Depuis l’année passée, déjà, on fait nos préparatifs dans le cas où l’on aurait à livrer une élection dans un contexte de pandémie de COVID-19
, explique Mme Gauthier.
2. Trouver du personnel et des locaux
Avec la crise sanitaire, deux préoccupations majeures occupent l’esprit des directeurs de scrutin : il faut trouver des locaux électoraux assez grands pour respecter la distanciation physique et recruter un nombre suffisant de travailleurs électoraux.
Le personnel d’élection est souvent composé de personnes plus âgées, qui pourraient être réfractaires à l’idée d’offrir leurs services en raison des risques que pose la COVID-19.
Daniel Lafleur, directeur de scrutin pour la circonscription de Hull-Aylmer, reconnaît que le recrutement est plus difficile. Certaines personnes préfèrent attendre avant de s’engager. Ça va être un défi cette année, surtout que ces gens-là, la plupart sont plus craintifs
, explique M. Lafleur.
Élections Canada tente de compenser avec une autre génération de travailleurs. Ce qu’on espère, c’est d’aller chercher une population plus jeune, les étudiants du cégep ou de l’université
, illustre Daniel Lafleur.
Élections Canada devra aussi trouver de grands espaces pour installer ses bureaux de vote, forçant les directeurs de scrutin à se rabattre vers des centres communautaires, des centres d’achat et des hôtels, par exemple
, illustre Natasha Gauthier.
L’autre problème, c’est que certains lieux ne seront pas disponibles en raison de la pandémie. Dans certaines circonscriptions, l’accès aux écoles n’est plus possible. C’est quelque chose qu’on a vu à Toronto, les conseils scolaires nous ont dit qu’avec les infections, ils préfèrent limiter le nombre de personnes qui ont accès à ces écoles-là
, ajoute la porte-parole.
3. Faciliter le vote par la poste
D’innombrables boîtes remplies d’enveloppes sont empilées dans l’entrepôt d’Élections Canada, parce qu’on se prépare à une demande accrue en matière de vote postal. L’organisme prévoit que 4 à 5 millions de bulletins postaux pourraient être utilisés dans un contexte de pandémie, comparativement à 50 000 lors des élections de 2019.
Pour éviter des attroupements aux bureaux de scrutin et diminuer les risques, l’organisme veut faciliter cette façon de voter et doit augmenter sa capacité de traitement. Parmi les nouveautés, Élections Canada compte fournir des enveloppes affranchies aux électeurs pour retourner leur bulletin de vote et a déployé un nouveau portail en ligne pour leur permettre de s’inscrire au vote postal plus aisément.
Cependant, un recours plus important à cette méthode ne comporte pas que des avantages : cela est susceptible retarder la communication des résultats du scrutin.
Le vainqueur des élections ne sera pas nécessairement connu le soir même, puisqu’il faudra plus de temps pour dépouiller les votes postaux et respecter le processus de vérification.
On demande aux gens d’être patients, de nous donner le temps de bien compter tous les bulletins de vote et les résultats seront partagés au fur et à mesure qu’ils seront disponibles
, explique Natasha Gauthier.
4. Être prêt à réagir à une flambée de COVID-19
Si une importante éclosion de COVID-19 devait survenir, le Directeur général des élections du Canada a le pouvoir de recommander le report de l’élection de 7 ou 30 jours dans une circonscription donnée. La décision finale revient toutefois à Justin Trudeau et son Cabinet.
Le seuil pour faire cette recommandation est très, très élevé. Ça n’a jamais été utilisé dans les 100 ans de l’histoire d’Élections Canada
, fait toutefois remarquer sa porte-parole Natasha Gauthier.
Si des élections générales ont été menées avec succès en période de crise sanitaire dans certaines provinces comme la Colombie-Britannique, la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick, l’expérience de Terre-Neuve-et-Labrador a été plus mouvementée.
Élections Canada a l’obligation de fournir une option de vote en personne et assure être en mesure d’offrir un environnement sécuritaire pour ce faire.
5. Rendre plus flexible la période de scrutin?
Le gouvernement Trudeau a déposé le projet de loi C-19 pour rendre plus sécuritaire la tenue d’élections en temps de pandémie. Il prévoit allonger la période de scrutin de trois jours, du samedi au lundi.
La proposition législative donnerait aussi à Élections Canada plus de flexibilité pour fixer les jours et les heures de vote dans les établissements de soins de longue durée et les résidences pour aînés, qui sont plus à risque.
Toutefois, au rythme où vont les choses au Parlement, le projet de loi C-19 pourrait bien ne pas être adopté à temps pour le déclenchement des élections.
Élections Canada serait ainsi forcé d’agir dans un cadre plus rigide.
Source: Radio-Canada