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Selon le prince Hicham Alaoui, cousin du roi du Maroc et chercheur associé au Weatherhead Center for International Affairs (Harvard), la normalisation des rapports entre le royaume et l’Etat hébreu ne doit pas reposer sur un marchandage pour la reconnaissance du Sahara occidental.
Comme l’a souhaité l’administration Trump, le Maroc va donc devenir le cinquième pays arabe à normaliser ses relations avec Israël. Déjà le 26 janvier, David Govrin, représentant d’Israël au Maroc, est arrivé à Rabat. Selon les termes mêmes de l’ancien président américain, ce geste a été le produit d’une « transaction stratégique ». Les Etats-Unis reconnaissent la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et, en échange, le Maroc établira les pleines relations commerciales, stratégiques et diplomatiques avec l’Etat d’Israël.
Cette reconnaissance mutuelle a soulevé d’intenses critiques dans des milieux divers, qui reprochent au Maroc d’avoir exploité la situation de deux peuples sans Etat : le Maroc braderait les Palestiniens en échange de la consolidation de sa position au Sahara occidental, dont le statut n’a pas encore été déterminé par le droit international.
Ce récit géopolitique ne rend néanmoins pas compte de la perspective marocaine. Le Maroc ne considère pas que la question du Sahara occidental et celle de la Palestine puissent faire l’objet d’un marchandage réciproque. Les deux situations sont de tristes héritages du colonialisme occidental, mais chacune a sa spécificité et pose des défis propres. La tâche essentielle pour le Maroc est de résoudre chaque conflit de la manière la plus juste.
Le rapprochement avec Israël a toujours été sur l’agenda dynastique
Le contexte du Sahara occidental n’est pas équivalent à la tragédie palestinienne. Les Palestiniens ne sont pas citoyens d’Israël, alors que les Sahraouis sont citoyens marocains, même si certains refusent ce statut. L’annexion de la Palestine par Israël rend impossible toute citoyenneté future. Elle l’a privée de l’autonomie et de sa capacité à s’autoadministrer, en violation des accords d’Oslo qui se fondaient sur la mise en place d’une confiance réciproque dans la perspective de la création d’un Etat palestinien.
La politique du Maroc au Sahara occidental se fait dans un cadre différent : elle offre la citoyenneté dès maintenant, et peut reconnaître l’autonomie et l’autoadministration dans le futur [une partie des Sahraouis demande un référendum d’autodétermination, NDLR]. Ce processus pour régler le conflit doit continuer, et ne peut prendre racine que dans une perspective de démocratisation réelle et de respect des droits humains. Il faut bien reconnaître que la déclaration américaine constitue un important geste politique, mais qui ne saurait modifier le droit international. C’est à la présidence Biden de décider : reconduire cette décision, la modifier ou la rejeter.
Source: Nouvelobs