Les libéraux réclament la démission de la ministre D’Amours

1 octobre 2020
Les libéraux réclament la démission de la ministre D’Amours

Assahafa.com

Estimant que son communiqué publié après la mort de Joyce Echaquan était une « véritable insulte », la chef de l’opposition officielle, Dominique Anglade, met en doute la capacité de la ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours, à assumer ses fonctions. Cette dernière a publié un autre communiqué pour dire qu’elle prend très au sérieux cette affaire.

En point de presse ce matin, Dominique Anglade a exprimé son indignation face à la froideur du communiqué publié par la ministre D’Amours sur le traitement dégradant subi par une mère de famille atikamekw de 37 ans qui est morte lundi soir à l’hôpital de Joliette.

Honnêtement, le communiqué qui a été émis est une véritable insulte, s’est exclamée la chef de l’opposition, un an jour pour jour après la publication du rapport de la commission Viens qui concluait à l’existence de discrimination systémique envers les Autochtones au Québec.

Dans un communiqué plutôt jovialiste publié en matinée, la ministre D’Amours souligne le premier anniversaire du rapport de la commission Viens tout en vantant les progrès réalisés par son gouvernement dans les relations avec les Autochtones au cours de la dernière année.

Estimant que 51 des 142 recommandations du rapport Viens sont appliquées ou en voie de l’être, la ministre se dit fière de cet accomplissement en reconnaissant toutefois que la pandémie n’a pas permis de réaliser tous les objectifs que le gouvernement s’était fixés.

Des propos qui ont fait bondir la chef du Parti libéral : Quand on nous soumet un communiqué dans lequel on nous dit qu’il y a quelques mesures qui sont en voie d’être terminées et que parmi les quatre qu’on met de l’avant il y en a deux qui sont des adoptions de motions d’il y a un an, je pense que c’est sérieusement rire des gens.

Legault doit assumer son leadership, dit Anglade

Pour Dominique Anglade, la façon dont le gouvernement Legault traite ces questions démontre que les relations avec les peuples autochtones et la lutte contre le racisme systémique ne sont pas des priorités pour lui.

Ce que je demande aujourd’hui au premier ministre du Québec, c’est d’assumer un véritable leadership dans la question autochtone, a-t-elle renchéri.

Pour Mme Anglade, la ministre D’Amours ne peut plus se contenter de faire des relations publiques avec les peuples autochtones.

Personne n’aime ça , dit Legault
Juste avant de commencer son point de presse mercredi, où il détaillait la mise en application des nouvelles règles pour lutter contre la propagation de la pandémie, le premier ministre François Legault s’est exprimé sur le cas de Joyce Eshaquan.

Il a déclaré qu’il a été comme tous les Québécois, choqué par la vidéo et d’entendre les propos racistes à l’égard de Mme Eshaquan.

M. Legault a rappelé qu’une infirmière a été congédiée et que deux enquêtes sont en cours.

Il a également souligné qu’il a donné un mandat bien précis à Nadine Girault et Lionel Carmant [respectivement ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration et ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, NDLR] sur la question du racisme.

Il a précisé que les deux ministres doivent lui remettre des recommandations dans les prochaines semaines. « On va agir contre le racisme », a-t-il promis.

C’est totalement inacceptable ce qu’on a vu là. Personne n’aime ça, a-t-il déclaré.

Par ailleurs, à une question au sujet de la ministre Sylvie D’Amours, le premier ministre a indiqué qu’il était satisfait de son travail sans donner de précisions.

Lorsqu’un journaliste l’a interrogé sur une éventuelle enquête policière sur la mort de Joyce Eshaquan, M. Legault a répondu : on n’exclut rien.

Constat troublant
Dans le rapport qu’il a déposé le 30 septembre 2019, le commissaire Jacques Viens, qui dirigeait la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (CERP), livrait un constat troublant sur le racisme auquel sont confrontés les Premières Nations et Inuit dans les services publics québécois.

Que ce soit en matière de santé physique, de santé mentale, de justice, d’espérance de vie, de parentalité, de logement ou encore de revenus, les difficultés vécues par les peuples autochtones du Québec font, selon la commission, la démonstration de la faillite du système public à répondre aux besoins des peuples autochtones.

Le rapport contenait 142 recommandations au gouvernement pour améliorer la situation.

Un deuxième communiqué
Plus tard en après-midi, le bureau de Sylvie D’Amours a publié un autre communiqué qui réitérait les condoléances du gouvernement aux proches de Joyce Echaquan ainsi qu’à la communauté atikamekw de Manawan.

Promettant de faire toute la lumière sur les circonstances entourant ce décès tragique, la ministre D’Amours a ajouté que les propos tenus par certains membres du personnel soignant de l’hôpital de Joliette sont totalement inacceptables et doivent être dénoncés haut et fort.

Rien n’a été fait, déplore QS

C’est inadmissible qu’un an, jour pour jour, après le rapport de la commission Viens rien n’a été fait. Encore plus inadmissible que le gouvernement fasse porter l’odieux de ces délais-là sur les peuples autochtones, a pour sa part déploré le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois.

Selon M. Nadeau-Dubois, l’incapacité du gouvernement Legault à reconnaître l’existence du racisme systémique démontre son énorme malaise sur la question.

C’est regrettable que le premier ministre n’ait pas le courage de reconnaître les défis qui sont ceux du Québec d’aujourd’hui, a souligné le député.

Le député péquiste Joël Arseneau, porte-parole de son parti en matière de santé, estime pour sa part que le gouvernement n’en a visiblement pas assez fait pour améliorer la situation.

Il [le gouvernement] a nommé un comité de parlementaires caquistes qui travaillent actuellement sur le dossier. On a voulu créer ce comité probablement pour faire diversion, a estimé M. Arsenau.

Le gouvernement doit faire face à ses responsabilités. […] Qu’on cesse le débat sémantique et qu’on passe à l’action.

Des échos jusqu’à Ottawa
Questionné à la Chambre des communes par le chef néo-démocrate Jagmeet Singh sur ce qu’il comptait faire pour combattre le racisme systémique à la suite du décès troublant de Joyce Echaquan, le premier ministre Justin Trudeau s’est dit choqué par les images des derniers moments de la femme de 37 ans.

Ce qui s’est passé, c’est la pire forme de racisme, soit quand quelqu’un a besoin d’aide, a déploré Justin Trudeau. C’est […] un autre exemple de racisme systémique qui est tout simplement inacceptable au Canada.

Une enquête rapide est essentielle pour déterminer si Joyce a subi plus que de simples propos racistes, a poursuivi le premier ministre.

Tous les partis d’opposition en Chambre ont vivement condamné le traitement qui a été réservé à Mme Echaquan. Dans une déclaration, le député bloquiste de Joliette, Gabriel Ste-Marie, a réclamé la tenue d’une enquête indépendante pour que ça change et que le système change.

Les critiques se multiplient
La ministre Sylvie D’Amours n’en est pas à sa première controverse. Elle a essuyé des critiques à plusieurs reprises ces derniers mois, notamment pour son inaction lors des barricades érigées sur des voies ferroviaires à Kahnawake et Listuguj.

Le 25 septembre dernier, elle avait également refusé d’intervenir dans les tensions entre des chasseurs et la communauté anichinabée qui leur bloquait l’accès à la réserve faunique La Vérendrye, en déclarant que la responsabilité de piloter les pourparlers dans cette affaire incombait au ministère de la Faune.

Elle s’était aussi attiré des critiques à la mi-août en accusant des groupes autochtones de freiner les efforts de son gouvernement en se comportant comme le quatrième groupe d’opposition , plutôt que comme des partenaires.

Source: Radio-Canada

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