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Jim Mattis, l’ex-ministre de la Défense de Donald Trump, est sorti mercredi de sa réserve avec un réquisitoire tonitruant contre le président des États-Unis, accusé de vouloir «diviser» l’Amérique secouée par un mouvement de colère historique.
«De mon vivant, Donald Trump est le premier président qui n’essaye pas de rassembler les Américains, qui ne fait même pas semblant d’essayer», écrit l’ancien général des Marines âgé de 69 ans dans une déclaration mise en ligne par la revue The Atlantic et d’autres médias américains.
«Au lieu de cela, il tente de nous diviser», ajoute ce militaire très respecté, qui avait jusqu’ici affiché sa réserve, expliquant qu’il préférait ne pas commenter directement le mandat du milliardaire républicain.
Cette fois, trop c’est trop à ses yeux: «Nous payons les conséquences de trois années sans adultes aux commandes».
Jim Mattis, premier chef du Pentagone après l’arrivée en 2017 à la Maison-Blanche d’un Donald Trump sans expérience militaire ni diplomatique, était alors considéré, jusque dans les rangs républicains, comme l’un des rares «adultes dans la pièce» capables de contenir les impulsions de l’ex-homme d’affaires.
Mais il avait démissionné avec fracas en décembre 2018 au lendemain de l’annonce par le président Trump d’un retrait unilatéral total de Syrie, sans concertation avec les alliés de Washington dans la lutte contre le groupe jihadiste État islamique.
Mercredi, c’est au sujet de la réaction présidentielle aux troubles de la dernière semaine qu’il réagit.
«J’ai observé le déroulement des événements de cette semaine, en colère et consterné», poursuit-il dans ce texte intitulé «L’Union fait la force», soutenant les manifestants qui demandent, selon lui «à raison», l’égalité des droits.
«Un nouveau chemin»
Depuis la mort le 25 mai à Minneapolis de George Floyd, un homme noir asphyxié par un policier blanc, une vague de colère historique s’est levée dans les villes américaines, dénonçant le racisme, les violences policières et les inégalités sociales. Des centaines de milliers de manifestants ont protesté à travers le pays pacifiquement, mais des pillages et des émeutes ont aussi émaillé le mouvement.
Donald Trump, très silencieux sur sa réponse aux maux dénoncés par les manifestants, a en revanche employé un ton martial et menacé de recourir à l’armée pour mater la rue, se présentant en «président de la loi et de l’ordre».
«Nous ne devons pas nous laisser distraire par une poignée de hors-la-loi. Les manifestations, ce sont des dizaines de milliers de personnes de principes qui insistent pour que nous soyons à la hauteur de nos valeurs», estime Jim Mattis.
«Nous devons rejeter et tenir pour responsables ceux qui, au pouvoir, se moqueraient de notre Constitution», ajoute-t-il.
«Quand j’ai rejoint l’armée, il y a environ 50 ans, j’ai prêté serment de soutenir et défendre la Constitution», écrit-il encore. «Jamais je n’ai imaginé que des soldats qui prêtent le même serment puissent recevoir l’ordre, quelles que soient les circonstances, de violer les droits constitutionnels de leurs concitoyens – et encore moins pour permettre au commandant-en-chef élu d’aller poser pour une photo, de manière saugrenue, avec les chefs militaires à ses côtés».
Alors que Donald Trump prononçait une allocution musclée dans les jardins de la Maison-Blanche lundi soir, annonçant le déploiement de milliers de soldats et policiers à Washington, ces mêmes forces de l’ordre dispersaient les manifestants des alentours à coups de gaz lacrymogènes. Objectif: libérer le champ pour le président afin qu’il se rende ensuite, à pied, devant une église emblématique dégradée durant le week-end, où il a posé pour les caméras une bible à la main, sans y entrer.
L’actuel ministre de la Défense Mark Esper était présent sur la photo.
Mercredi, il a lui-même pris ses distances, admettant avoir fait une erreur et affichant surtout son opposition au déploiement de l’armée sur le territoire américain, en désaccord apparent avec le président.
Jim Mattis va lui plus loin, et parle d’un «abus» du pouvoir exécutif.
«Seulement en adoptant un nouveau chemin», «nous serons à nouveau un pays admiré et respecté, ici comme à l’étranger», conclut l’ex-ministre, à cinq mois d’une élection présidentielle à laquelle Donald Trump briguera un second mandat.
Source: France-Presse