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« Le cabinet de lobbying parisien ESL s’est discrètement rapproché de Guillaume Soro ces dernières semaines avec pour objectif de l’accompagner en vue de la présidentielle d’octobre 2020 ». Cette petite information distillée dans la presse française nous interpelle ici au Maroc. Pour trois raisons : 1) ESL & Network, vient d’engager dans ses rangs le marocain Omar Alaoui, 27 ans, comme son plus jeune Associé ; 2) Parmi son puissant réseau à l’international, Omar Alaoui compte dans son carnet d’adresses le nom de… Guillaume Soro, ancien premier ministre de Côte d’Ivoire, ancien ministre de la Défense et ex-président de l’Assemblée nationale, rien que ça ! 3) De la bouche même de Guillaume Soro, on l’a entendu rendre hommage à son ami Omar Alaoui lors d’un meeting avec ses partisans. Candidat à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, Guillaume Soro fait l’objet, depuis quelques jours, d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités d’Alassane Ouattara qui craignent un raz-de-marée électoral de Soro en cas d’un scrutin libre et transparent lors des présidentielles de 2020. Confiant, Omar Alaoui n’a pas l’intention de lâcher son ami.
La puissance du réseau à l’étranger de Omar Alaoui n’est plus à prouver. Ami intime de l’ancien premier ministre français Dominique de Villepin et des ministres Éric Besson et Jean-Louis Borloo, il dispose d’entrées intéressantes au sein de la Macronie ainsi que d’un réseau dense en Tunisie tant sur le plan institutionnel que familial. Sans oublier sa proximité de choix avec le réseau américain Young Leader relevant de l’American Council of Young Political Leaders, l’influent ACYPL.
En même temps, et en raison d’un autre réseau parallèle plutôt «sombre» celui-là ou pas tout à fait «catholique», Omar Alaoui qui parfois l’objet de critiques acerbes et injustifiées, assume pleinement ses amitiés avec Alexandre Benalla, Vincent Miclet ou Alexandre Djouhri. D’ailleurs, il rend régulièrement visite à ce dernier à Londres.
Incompris ? Controversé ? Jalousé ? Ce qui est certain aujourd’hui, c’est que Omar Alaoui est un élément qui compte dans le magma politique national.
Incontestablement, deux événements cruciaux vont lui permettre de prendre de l’assurance et une certaine maturité qui lui donneront la possibilité d’imposer sa marque de fabrique résumée en quelques mots : dignité et intransigeance, diplomatie, souplesse, fidélité et loyauté.
Le premier événement, c’est quand la dignité et l’intransigeance du jeune homme ont été clairement mises en exergue lors du Congrès du PAM de janvier 2016 qui a connu le plébiscite et l’élection sans vote de Ilyas El Omari. Omar Alaoui, cohérent dans ses convictions et dans ses principes, a naturellement claqué la porte du parti en raison de ce simulacre de démocratie. Plusieurs années plus tard, le temps lui donne raison et voilà qu’une nouvelle direction a pris aujourd’hui le contrôle de cette formation politique menacée un certain temps d’implosion avant d’être sauvée in extremis grâce à l’intelligence et au patriotisme d’une partie de ses composantes.
Généreux et fidèle en relations, Omar Alaoui a su garder d’excellents rapports, voire des amitiés fortes, avec plusieurs dirigeants du PAM, notamment les fondateurs Ahmed Akhchichine, ancien ministre de l’Education nationale, Mohamed Cheikh Biadillah, ancien ministre de la Santé et ex-gouverneur et Ali Belhaj, homme d’affaires et ancien président de la région de l’Oriental.
Ceci ne l’a pas empêché de rejoindre l’ancien président du RNI, Salaheddine Mezouar, quand ce dernier a été désigné à la tête de la CGEM. La loyauté dont il a fait preuve envers l’ancien ministre des Affaires étrangères, malgré les différents types de pressions, est rare de nos jours– défendant avec conviction et professionnalisme les intérêts de son président et de l’institution quitte à avoir le mauvais rôle durant la crise qu’a connue la CGEM. Quand Salaheddine Mezouar a été contraint de démissionner du patronat, Omar Alaoui a, dès le lendemain, présenté sa propre démission en solidarité avec son patron. Et c’est ce deuxième événement qui, malgré sa «violence», a permis à «Moulay Omar» de prendre du galon et de décréter officiellement que le jeune homme a enfin «grandi» et qu’il assume désormais ses responsabilités en toute autonomie et en connaissance de cause malgré des environnements parfois hostiles.
Longtemps accusé par ses détracteurs d’avoir un caractère fougueux voire brouillon, il ne faut pas oublier qu’il s’agissait à l’époque d’un tempérament tout à fait naturel pour un jeune d’à peine 20 ans qui s’engageait précocement en politique. Mais personne en revanche ne peut nier son intelligence et ses grandes capacités de travail, notamment sur le plan rédactionnel et en tant que brillant communicant.
D’ailleurs, il est animé par un très grand sens de la solidarité avec la jeune génération, lui l’auteur d’un livre pour encourager les jeunes à s’engager intitulé «Ce que je veux pour mon pays». Omar Alaoui a été, ne l’oublions pas, l’initiateur de plusieurs rencontres informelles entre jeunes cabinards (collaborateurs de Ministres et de grands patrons) pour mieux se connaître entre membres d’une même génération montante.
Arrière-petit-fils du Cadi Bendriss, Omar Alaoui a baigné dans une famille du «sérail», dont les valeurs d’abnégation et de sacrifice ont été, durant des générations, la pierre angulaire de son engagement au service du pays et de la monarchie.
Fils d’un haut fonctionnaire connu pour son intégrité et son éthique, petit-fils de Moulay Abderrahmane, Pacha de Touarga puis gouverneur du Mechouar de Casablanca jusqu’à son décès, et neveu des ambassadeurs Moulay Driss Alaoui et Moulay Mehdi Alaoui (également ancien Wali de Meknès et de Tanger), Omar Alaoui a suivi ses études à Londres, en relations internationales, à la prestigieuse Queen Mary University of London, qui aurait pu facilement le prédestiner à une brillante carrière de diplomate. Qui sait, un jour se retrouvera-t-il enrôlé dans les arcanes du ministère des Affaires étrangères.
Contrairement à ses camarades de promotion dont la majorité a préféré demeurer dans les capitales européennes, lui a choisi de rentrer très tôt au Maroc pour servir son pays. N’ayant pas encore 30 ans, Omar Alaoui constituera à coup sûr l’un des éléments de l’architrcture des dirigeants de la génération montante et, certainement, un de ses espoirs aux côtés des autres marocain(e)s qui sont en train d’esquisser les contours du Maroc du XXIe siècle.
Abdellah EL HATTACH